GES: Les véhicules lourds devant les autos et les camions légers
- Écrit par Daniel Breton
- Le 02/12/2018
- 16 Commentaires
- Véhicules lourds
- Catégories: camions électriques, Chronique de Daniel Breton, Électrification des Transports, GES, Politique, Pollution atmosphérique
Ça y est.
Le plus récent bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec vient d’être publié pour l’année 2016… alors que nous ne sommes plus qu’à 4 semaines de l’année 2019.
Rappelons que l’objectif de réduction d’émissions de GES québécois fixé par le gouvernement précédent était de 20% pour 2020 par rapport à nos émissions de 1990.
Or, plutôt que de nous en rapprocher, nous nous en éloignons.
En effet, si les émissions de GES du Québec ont diminué graduellement jusqu’en 2013, elles ont recommencé à augmenter depuis 2014.
Selon cet inventaire, elles étaient de 78,4 Mt éq. CO2 en 2014, de 78,55 Mt éq. CO2 en 2015 et de 78,6 Mt éq. CO2 en 2016. (1)
Et quelle est la source de cette hausse? Essentiellement, le secteur des transports. En effet, pendant que les émissions de GES de la plupart des autres secteurs stagnaient ou diminuaient entre 1990 et 2016, les émissions de GES des transports ont augmenté de 21,9%.
Les émissions de GES du secteur des transports représentaient ainsi 43% des émissions de GES du Québec en 2016.
(source: inventaire de GES de 2016 du Québec)
Or, rien n’indique que cette tendance haussière sera renversée pour 2017 et 2018, considérant l’augmentation constante du nombre de véhicules sur nos routes.
Les GES des différents types de transports
Lorsqu’on regarde de plus près les différents types de transports, on se rend compte que les émissions de GES des transports routiers représentaient 80,1% des émissions totales de GES des transports en 2016. La grande majorité des émissions de GES des transports viennent donc de ce qui roule sur nos routes.
(Répartition et évolution des émissions de GES des sous-secteurs des transports entre 1990 et 2016)
Depuis 2015, les véhicules lourds
Lorsqu’on regarde d’encore plus près le secteur des transports et qu’on remonte au fil des inventaires de GES du Québec, on se rend compte que depuis l’inventaire 2015, LE principal sous-secteur qui émet le plus de GES n’est plus celui des automobiles, mais bien celui des véhicules lourds.
Vous avez bien lu.
Alors que dans l’inventaire de GES de l’année 2014, les automobiles émettaient plus de GES que les camions légers et les véhicules lourds, depuis l’inventaire 2015, les émissions de GES des véhicules lourds sont passés devant celles des camions légers et des automobiles.
Ainsi, pendant que:
- Les émissions de GES des automobiles diminuaient de 12,9% entre 1990 et 2016 pour représenter 34,2% des émissions totales de GES du secteur des transports routiers;
- Les émissions de GES des camions légers(2) augmentaient de 125,4% entre 1990 et 2016 pour représenter 29,6% des émissions totales de GES du secteur des transports routiers;
- Les émissions de GES des véhicules lourds(3) augmentaient de 171,4% entre 1990 et 2016 pour représenter 36% des émissions totales de GES du secteur des transports routiers;
Il faudrait en parler
Si on s’indigne à juste titre du fait qu’un nombre croissant de gens délaissent les automobiles pour passer à des camions légers qui consomment et émettent généralement plus de GES, je n’ai pas entendu grand monde évoquer l’impact de plus en plus important des émissions de GES des véhicules lourds. Une hausse de 171.4%, c’est rien de moins que spectaculaire.
Soyons clair, l’augmentation des émissions de GES des camions légers est elle aussi très préoccupante. Il ne faut en rien diminuer l’importance d’une hausse de 125,4% des émissions de GES de ce sous-secteur. On doit faire face à cet enjeu.
Mais on ne peut plus taire le fait que LA principale source d’émissions de GES des transports depuis 2015 est le sous-secteur des véhicules lourds, et plus spécifiquement les camions de marchandise.
Il serait plus que temps d’aborder la question franchement et de proposer des solutions concrètes telles que l’électrification de ces camions, de meilleures pratiques de gestion des déplacements, des camions plus écoénergétiques, des politiques d’incitation à l’achat local, un transfert vers plus de transport maritime et ferroviaire, etc.
L’enjeu est trop important pour continuer à ignorer l’impact des véhicules lourds sur notre bilan de GES et de pollution atmosphérique… sans oublier l’état de nos routes.
1: http://mddelcc.gouv.qc.ca/changements/ges/2016/inventaire1990-2016.pdf
2: Les camions légers regroupent les fourgonnettes, les camionnettes et les véhicules utilitaires sport (VUS). Ils sont conçus pour le transport de passagers ou de marchandises, et certains sont équipés de quatre roues motrices. (source: inventaire de GES du Québec de 2016)
3: Les véhicules lourds (autobus, camions, tracteurs routiers, etc.) comprennent tous les véhicules dont le poids est supérieur à 3 900 kilogrammes ou qui peuvent accueillir 12 passagers ou plus. (source: inventaire de GES du Québec de 2016)
Il n'en reste pas moins que le moment politique est bon pour imposer le bonus malus qui s’avérera le seul qui aura un effet notable sur le je m'enfoutisme des gens. Point de salut à tout ce qui dépasse le 2.4 litres pour commencer et on paufinera par la suite. L'essence vient de baisser de $1.40 à $1.07, c'est en plein le bon moment pour frapper sans nuire à l'économie.
Pour les camions de livraison, pourquoi ne pas encourager les distributeurs à s'unir sous une bannière unique pour simplifier leurs parcours. Il est fréquent que je voie dans mon quartier 2 fois le gros camion de Poste Canada, de Fed Ex et de UPS. Pire encore, aucun n'a la pédale douce. C'est une utilisation irrationnelle du pétrole.
- Une meilleure économie de carburant de ces véhicules
ET
- De moins en moins d'automobiles sur les routes qui sont remplacées par des camions légers.
Il s’agit en fait d’une migration de la voiture vers les CUV, VUS, multi-segment autres insignifiances mondaines.
Je,me,moi et que le déluge survienne, nul ou trop peu s’en soucis.
Vous avez raison je crois, la seule façon efficace pour faire obstacle à cette tendance qui va dans le mauvais sens serait de mettre en place un système approprié de bonus malus.
- Nous importons de plus en plus de produits provenant de l’Asie. La population peut s’acheter de plus en plus de marchandises et de différents gadgets devenus alors plus abordables. Le volume total de marchandises à transporter augmente, donc, plus de transports par camion, trains et bateaux.
- Les achats par internet qui prennent de l’ampleur. Au lieu que la livraison du dernier kilomètre se fasse en gros volume au commerce, il se fait plutôt par courrier directement au consommateur pour un seul item. Et ce dernier sera dans un colis plus gros que si il était livré au commerce de détail dans une grosse livraison. Plus de gros colis qui circulent d’une ville à l’autre prendra plus de camions. Si le consommateur achetait auparavant 10 items au centre d’achat, il les ramenait tous ensemble chez lui. S’il achète maintenant 10 items par internet, il recevra la visite d’autant de véhicules de courrier.
C’est aussi une mauvaise habitude des camions de livraison et de bien des gens de laisser le moteur tourner inutilement, souvent même quand la température extérieure est pourtant confortable.
J’ai vu souvent des voitures stationnées inoccupées le moteur en marche au centre d’achat ou ailleurs.
D’ailleurs n’est il pas inutile que le moteur tourne lorsque le véhicule est immobile?
Cela ne se produit pas avec un VÉ ou certain hybride.
Puis toi, ta caravane avance à l'eau claire bien sûr ? À moins que ce soit avec des panneaux solaires ?
https://www.transports.gouv.qc.ca/fr/aide-finan/entreprises-camionnage/aide-ecocamionnage/Pages/aide-ecocamionnage.aspx
Il y là un document listant les technologies admissibles: les compagnies québécoises Effenco et Nordresa ainsi que Eaton Corp. et "tout véhicule sur le marché dont les caractéristiques techniques on été vérifiées lors de processus d'homologation".
La subvention maximum est de 75 000$ à raison de 50% du surcoût de ces camions.