La Toyota Camry fait partie de ces figures rassurantes du paysage automobile. Fiable, durable, elle n’a jamais suscité les passions et ce n’est pas son objectif. Elle a été conçue pour amener les gens du point A au point B en tout confort et en toute sécurité.
Sauf qu’au moment où les ventes de voitures sont en chute libre, les gens de Toyota se sont mis en tête d’ajouter un peu de piquant à cette voiture. Est-ce réussi? Telle est la question. Évidemment, nous allons nous concentrer sur la version hybride. Je tiens d’ailleurs à rappeler que la Toyota Camry hybride était jusqu’à tout récemment la voiture hybride la plus vendue au Canada. Elle n’a été devancée que récemment par la Toyota RAV4 hybride. Donc, contrairement à ce que plusieurs auraient pu croire, la Prius n’était pas et n’est toujours pas la voiture hybride la plus vendue au Canada.
Motorisation et consommation améliorée
À 208 chevaux et 221 lb-pi de couple, la nouvelle Toyota Camry hybride voit sa puissance augmenter de 8 chevaux et 22 lb-pi de couple par rapport à la Camry hybride de 2017. Le poids demeure essentiellement le même, mais grâce à un nouveau moteur 4 cylindres de 2,5 litres dont l’efficacité est à 41% (ce qui est exceptionnel pour un moteur à essence), sa consommation est passée de 5,9 L/100 km en mode combiné ville-route (5,6 L/100 km en ville-6,2 L/100 km sur route) à 4,9 L/100 km en mode combiné (4,9/100 km en ville-4,8L/100 km sur route), ce qui représente une diminution de consommation combinée de 17% par rapport à la Camry hybride 2017.
Ce faisant, la nouvelle Toyota Camry hybride vient de reprendre la première place côté frugalité face à la compétition chez les berlines intermédiaires hybrides que sont les Honda Accord hybride (5L/100 km combiné), Chevrolet Malibu hybride (5,1L/100 km combiné), Ford Fusion hybride (5,6 L/100 km combiné), Kia Optima hybride (5,6 L/100 km) et Hyundai Sonata SE hybride (5,7 L/100 km combiné).
Sur la route, mon partenaire de route Marc Bouchard et moi avons obtenu une consommation affichée d’environ 5,3 L/100 km alors qu’en ville, j’ai obtenu une consommation affichée de 4 L/100 km. Comparativement à la Toyota Camry V6 et la version à 4 cylindres traditionnelles, la Camry hybride offre le meilleur équilibre des trois quant à sa puissance, son poids et sa frugalité.
Châssis et tenue de route améliorés
Grâce à une nouvelle structure entièrement conçue selon le principe TNGA (Toyota New Global Architecture), la Toyota Camry est 30% plus rigide que sa devancière et son centre de gravité est abaissé, ce qui rend cette voiture plus stable et agréable à conduire dans les courbes. D’ailleurs, lorsque nous avons fait un essai routier comparatif des versions 2017 et 2018, la différence était frappante.
Batteries améliorées?
Étrangement, la version LE (de base) est dotée d’une batterie Lithium-Ion alors que les version plus chères (SE et XLE) sont dotées de batteries Ni-Mh, une chimie de batterie qui commence à dater. Toyota explique ce choix par le fait que, selon eux, les acheteurs de la version de base sont plus intéressés par la frugalité de leur voiture que ceux qui se procurent les versions plus haut de gamme.
Ce faisant, Toyota a fait le choix inverse avec la Camry hybride pour ses batteries qu’avec la Prius. En effet, la Prius en version de base est offerte avec une batterie Ni-Mh et toutes les autres versions sont offertes avec des batteries Li-Ion.
Je trouve ce choix étrange. Je ne comprends pas qu’en 2018, on persiste à installer des batteries Ni-Mh. Conservateur, dites-vous?
Espace cargo clairement amélioré
La grosseur des batteries ayant été réduites, celles-ci ont été déplacées du coffre vers le dessous du siège arrière. Ainsi, alors qu’auparavant l’espace cargo était encombré par la batterie et que sa position limitait l’ouverture de la banquette arrière, on a maintenant droit à la fois à un espace cargo équivalent à celui de la Camry en version traditionnelle ET à la même ouverture lorsqu’on baisse le dossier de la banquette arrière.
Sur ce plan, la nouvelle Toyota Camry hybride 2018 fait la barbe à tous ses compétiteurs. Bravo. On est à des années-lumière de l’espace cargo particulièrement réduit de la Ford Fusion hybride… ou du « coffre à gant arrière » de la Ford Fusion Energi.
Connectivité améliorée?
Pas sûr. Contrairement à plusieurs constructeurs automobiles qui ont opté pour Apple Car Play et Android Auto, Toyota a développé son propre système appelé Entune. Selon Toyota, le but de l’exercice est de pouvoir protéger les données personnelles des propriétaires de Toyota… sauf que leur système s’est avéré plutôt inefficace aussi bien du côté du GPS que de l’interface en français.
Est-ce à cause du fait que nous étions à l’Île-du-Prince-Édouard où le réseau sans fil était plutôt faible? Difficile à dire, mais disons que personne n’a été impressionné.
Une version hybride rechargeable?
À la question « Y aura-t-il une version hybride rechargeable de la Camry ? » la réponse du porte-parole de Toyota a été laconique : « Nous travaillons sur divers projets dont nous ne pouvons parler pour l’instant ».
Donc, il est trop tôt pour dire si Toyota ira en ce sens.
Look amélioré
Il peut être difficile de parler d’amélioration lorsqu’il est question de look, ceci étant intrinsèquement subjectif. Cela dit, tous les chroniqueurs étaient d’accord pour dire que la nouvelle Camry était moins fade, sans aller jusqu’à dire qu’elle était belle. Elle a certainement un air plus dynamique que dans le passé.
Conclusion : une amélioration marquée, mais…
N’en déplaise à certains qui souhaitent que tout le monde se déplace en véhicule électrique, les voitures hybrides ont toujours leur place à cause du simple fait que des centaines de milliers de résidents du Québec ne peuvent toujours pas brancher leur véhicule à la maison ou au travail.
Face à la féroce compétition que sont les Accord hybride et Malibu hybride, la Toyota Camry se retrouve nez à nez avec elles par rapport à ses qualités d’ensemble, mais son côté pratique et la très grande réputation de fiabilité des hybrides de Toyota place la Camry hybride un chouia devant les autres. Offerte à un prix de départ de $31, 290, elle est dans la moyenne des prix de la catégorie.
Toyota espère d’ailleurs qu’environ 25% de ses ventes de Camry soient des versions hybrides. Considérant le niveau d’amélioration de cette nouvelle génération, c’est une bonne nouvelle. D’ailleurs, contrairement à ce que certains pourraient croire, les ventes de véhicules hybrides ont augmenté de 50% chez Toyota entre 2015 et 2016.
Pour moi, le seul « mais » réside dans l’absence d’une version hybride rechargeable de la Camry comme on peut en retrouver chez Ford, Hyundai et Kia. En 2018, il est temps que Toyota s’y mette sérieusement car la Prius Prime ne suffira pas.
Daniel Breton
266 articles
Premier chroniqueur spécialisé en véhicules verts au Canada, Daniel Breton est aujourd’hui président et chef de la direction de Mobilité Électrique Canada, blogueur et consultant en matière d’énergie, d’environnement et d’électrification des transports. Sa carrière politique comme député à l'Assemblée nationale, puis comme ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a été marquée par son implication envers l’environnement. C’est en tant qu’adjoint parlementaire de la première ministre du Québec qu’il a été responsable de la Stratégie d’électrification des transports. Daniel a été chroniqueur sur de nombreuses plateformes reconnues (journaux, télévision et sites Web) et a donné plusieurs conférences sur l’énergie et les transports verts. Mentionnons également qu’il a été conférencier invité au Bangladesh à l'occasion du Sommet de Copenhague, président fondateur du groupe Maîtres chez nous-21e siècle (MCN21) ainsi que coordonnateur et porte-parole de la Coalition Québec-Vert-Kyoto.