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Production de beaucoup de lithium à faible empreinte écologique en Californie

À la fin janvier 2024, la compagnie Controlled Thermal Resources (CTR) inaugurait la construction de la première phase d’un énorme campus de production d’énergie géothermique et de lithium, contenu dans les saumures chaudes profondes utilisées par les centrales géothermiques, pour produire de la vapeur et de l’électricité renouvelable.

Ce projet, que CTR appelle la «Cuisine de l’enfer» (Hell’s Kitchen), est situé en bordure de la mer Salton (Salton Sea) en Californie, une région abritant une énorme réserve de lithium dans les saumures géothermiques profondes souterraines. Je vous ai parlé de ce gros gisement dans mon article du 31 décembre 2023. Il contiendrait 3,4 million de tonnes de lithium, soit suffisamment pour construire plus de 375 millions de véhicules électriques, plus que la flotte entière de véhicules routiers des États-Unis. Après, on recycle les batteries pour récupérer 95% du lithium.

Dans cette première phase, CTR va construire une centrale géothermique de 50 MW qui devrait débuter la production d’électricité renouvelable à la fin 2024, et une usine d’extraction directe du lithium qui ouvrira ses portes en 2025, avec une production annuelle de 25 000 tonnes d’hydroxyde de lithium monohydraté qualité batterie. Sept centrales géothermiques sont prévues pour l’ensemble du projet, chacune associée avec une usine d’extraction directe du lithium et de son raffinage. Vers 2030-2031 la production de lithium devrait atteindre 300 000 tonnes par année d’hydroxyde de lithium monohydraté, suffisamment pour 5 000 000 de VÉ. Sachant qu’il se vend environ 15 millions de véhicules neufs par année aux États-Unis et au Canada, et que les États-Unis prévoient une pénétration des ventes de  VÉs neufs de 50% en 2030, ce projet, à lui seul, devrait fournir les 2/3 du lithium requis.

Première phase du projet «Hell’s Kitchen» de la compagnie Controlled Thermal Resources (CTR), près de la mer de Salton en Californie, comportant une centrale géothermique de 50 MW,  une usine d’extraction et de raffinage du lithium et une usine de recyclage de l’eau utilisée. Source : CTR.

Mais, ce qui est particulièrement réjouissant dans cette annonce c’est la très faible empreinte écologique du lithium qui va être produit dans ce complexe. En effet, l’extraction du lithium des saumures va se faire en quelques heures, et, après traitement, les saumures sans lithium vont être retournées sous terre, d’où elles viennent. Pas d’immenses bassins d’évaporation, ni de mines à ciel ouvert, pas de montagnes de résidus, utilisation de très peu de terrain, utilisation de l’énergie renouvelable de la centrale géothermique, très peu de consommation d’eau (usine de recyclage de l’eau utilisée), peu ou pas d’utilisation de produits chimiques corrosifs, pratiquement pas d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Tous ces avantages environnementaux se traduisent par des coûts inférieurs de production du lithium. Bref, on est très loin en avant des méthodes d’extraction traditionnelles.

Sans compter que les technologies d’extraction directe de lithium à partir des saumures atteignent des taux de récupération du lithium de 90%, ce qui est pratiquement deux fois plus que les technologies traditionnelles d’évaporation et de traitement chimique. C’est une exploitation beaucoup plus durable de la ressource. Pour plus d’information sur l’extraction directe du lithium à partir de saumures géothermiques, vous pouvez consulter le document de Vulcan Energy intitulé «A growing wave of sustainable lithium supply : Adsorption-type direct lithium extraction (DLE)». Cette compagnie européenne mène un projet similaire à celui de CTR, en Allemagne. Voir également mon article du 19 mars 2023.

Dans le projet complet prévu pour 2030-2031, il devrait également y avoir des usines de fabrication de matériaux de batteries, en partenariat avec d’autres sociétés. Voici une vision d’ensemble disponible sur le site Internet de Controlled Thermal Resources.

Vue d’ensemble du projet complet de CTR qui devrait être terminé vers 2030-2031. Source : CTR.

CONCLUSION

Rappelons que déjà les véhicules électriques sont moins polluant que les véhicules à essence ou au diesel sur leur cycle de vie. J’y reviendrai bientôt.

Nous avons vu dans mon dernier article sur les nouvelles technologie de batteries d’ici 2034, que les batteries vont être beaucoup plus légères, stockant plus d’énergie avec moins de matière première. Déjà là, c’est un gros pas en avant pour réduire  encore plus l’empreinte écologique des VÉs. L’utilisation d’énergie renouvelable pour recharger les VÉs contribue également de façon majeure à diminuer davantage l’empreinte écologique.

Le troisième facteur majeur de diminution de l’empreinte écologique de VÉs c’est une extraction durable des minéraux de batteries, comme nous venons de le voir dans le présent article.

Mentionnons, en terminant, que deux autres facteurs déterminants vont contribuer à diminuer toujours plus l’empreinte écologique des VÉs. Tout d’abord, l’utilisation des batteries sur plus de 1 million de km, avec des robotaxis ou une deuxième vie des batteries dans le stockage de l’énergie au sol, pour les pointes des réseaux électriques ou les énergies renouvelables.  Enfin, le recyclage des batteries couronnera le tout!

Tout s’aligne à merveille pour une mobilité électrique ultra propre, ce qui n’est pas le cas pour la mobilité pétrolière. J’y reviendrai bientôt.

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