Peu de gens réalisent à quel point l’arrivée des voitures électriques est en voie de perturber de façon durable le monde dans lequel nous vivons. Si ces nouveaux véhicules semblent aux yeux de beaucoup de non initiés plus sympathiques que pertinents, il apparait déjà évident que nos transports en seront transformés à jamais.
Voici, secteur par secteur, en quoi l’arrivée des véhicules électriques bouleversera (et bouleverse déjà) notre monde.
- Le secteur pétrolier : Premier secteur affecté par l’arrivée des voitures électriques, les pétrolières regardent avec de plus en plus d’inquiétude la croissance des ventes de voitures électriques.
Alors que le prix de l’essence est très bas, les ventes de voitures électrique ont augmenté de 57% (voir ici) à travers le monde durant la première moitié de l’année 2016 par rapport à la première moitié de l’année 2015, ce qui représente un changement très important. En effet, alors que dans le passé la baisse du prix du carburant tuait quasiment dans l’œuf les ventes des véhicules hybrides et électriques, ce n’est plus le cas.
D’ailleurs, Toyota Canada annonçait il y a quelques jours à peine une hausse de 38,5% des ventes de ses modèles hybrides par rapport à ses ventes de 2015 malgré un prix du carburant qui demeure bas.
Ainsi, selon une analyse de Wood-McKenzie datant de juin 2016, la baisse du prix du pétrole a eu pour effet de diminuer les investissements en amont dans le secteur pétrolier de $1,000 milliards de $ U.S. Cette baisse des investissements risque de perdurer au fur et à mesure que les véhicules consommeront de moins en moins voire zéro pétrole.
- Le secteur des médias traditionnels : Premier bénéficiaire des revenus publicitaires du secteur automobile depuis des lustres, les télés et les journaux commencent aussi à comprendre que l’arrivée des voitures électriques perturbera de manière durable leur modèle d’affaires et leurs revenus publicitaires. Sachez que la première source de revenus publicitaires de journaux tels que le Journal de Montréal ou The Gazette est le secteur automobile.
Comme des constructeurs tels que Tesla n’achètent pas de pub dans ces médias et que même les constructeurs automobiles traditionnels se tournent vers les médias sociaux pour faire la promotion de leurs voitures électriques, la survie même de ces journaux se retrouve menacée par cette nouvelle attaque qui vient cette fois des voitures électriques en général et de Tesla en particulier.
Est-ce une raison qui explique une si mauvaise couverture des voitures électriques dans ces journaux? Dur à dire, mais la question mérite d’être posée.
- Le secteur de la production d’électricité : Évidemment, ce secteur sera profondément perturbé par l’arrivée des voitures électriques… et pas toujours de la manière que les grandes entreprises le souhaiteraient. En effet, les propriétaires de voitures électriques agissent comme agents de changement et constituent un lobby de plus en plus incontournable auprès de leurs fournisseurs d’électricité et exigent (une fois qu’ils prennent conscience de l’impact écologique de leur voiture, du pétrole et de la source de production d’électricité) qu’une part croissante de leur électricité soit renouvelable.
Ainsi, selon le World Wildlife Fund (WWF), « les énergies renouvelables ont représenté 90% des nouvelles capacités de production électrique en 2015, les émissions globales de CO2 provenant du secteur de l’énergie ont stagné pour la 2e année consécutive malgré une croissance mondiale de 3% » (voir ici).
Ces changements ne se font cependant pas sans heurts, le modèle décentralisé de production d’électricité renouvelable bousculant les vieux modèles d’affaires des grandes utilities américaines, ce qui crée et créera des affrontements pour la suite des choses. (lire ici : lobbying auprès des instances réglementaires pour favoriser un modèle ou l’autre)
- Le secteur universitaire, de la recherche et du développement : Alors que la recherche dans les domaines reliés aux transport électrifié était considérée comme marginal voire excentrique il y a quelques années à peine, ce secteur est en pleine explosion. En effet, grâce à des initiatives telles que celles du président Obama (voir ici) annoncées en juillet de cette année, l’aide à la R & D ainsi qu’à l’implantation d’infrastructures de recharge en collaboration avec des fournisseurs d’électricité, des constructeurs automobiles, des états et des entreprises de recharge est en train de transformer la situation et fait maintenant de l’électrification des transports un secteur de pointe aux USA, en Europe et en Asie.
Pendant ce temps, le Canada persiste et signe dans son appui indéfectible au développement des énergies fossiles. En effet, selon l’International Institute for Sustainable Development (IISD), les subventions canadiennes aux entreprises d’hydrocarbures sont évaluées à environ $3,3 milliards…
Et alors que M. Justin Trudeau promettait en campagne électorale de mettre fin à ces subventions, il a au contraire prolongé de 10 ans plusieurs de ces programmes dans son dernier budget.
Quant à son appui à l’électrification des transports, il est parmi les plus timides au monde (voir ici).
Pas fort.
(fin de la 1ère partie)
