L’AVEQ ( Association des Véhicules Électriques du Québec ) a annoncé hier, sur son site, qu’elle participera à la consultation publique sur les enjeux énergétiques du Québec. Elle a d’ailleurs déposé, à cet effet, un mémoire qui contient pas moins de 18 recommandations afin d’accélérer l’adoption des véhicules électriques.
Voici ses 18 recommandations:
1. Avoir des objectifs plus réalistes – 10% du parc automobile de voitures neuves en VÉ (soit 3% du total sur les routes) d’ici 2020 si on ne suit pas les recommandations. Nous préférons garder l’objectif d’atteindre 5% de VÉ du parc total de véhicules.
2. Les objectifs fixés par le gouvernement Charest n’ont pas été atteints, donc ne pas diminuer l’incitatif de 8000$ après 2013, mais le conserver au lieu de diminuer à 4000$ en 2014 et 3000$ en 2015. L’offre des constructeurs sera beaucoup plus intéressante et variée dans les prochaines années, si on la compare aux cinq choix actuellement sur le marché. Les consommateurs n’ont pas répondu à l’appel comme prévu, on doit remettre les compteurs à zéro et recommencer.
3. Ajouter une catégorie pour les motocyclettes électriques possédant une batterie d’une capacité de 8 kWh et plus avec un rabais à l’achat de 2500$.
4. Augmenter les incitatifs à 10 000$ par VÉ pour les citoyens, en abolissant la taxe de vente provinciale sur l’achat jusqu’en 2017 et en gardant l’incitatif initial de 8000$ jusqu’à l’atteinte d’un objectif de 25 000 VÉ sur les routes. Coût de l’opération: 160M$. Ensuite diminuer les incitatifs graduellement à 4000$ et 3000$ tel que prévu.
5. S’assurer que les objectifs sont atteints avant de terminer le programme d’incitatifs
6. Inciter les compagnies possédant un parc de véhicules à vocation de livraison légère à investir dans des camions électriques. Un système de bonus-malus sur les camions légers de livraison pourrait être instauré pour les grandes entreprises. Créer un programme similaire au HPIV californien incitant les corporations possédant déjà des flottes de livraison électrique à instaurer des projets-pilotes semblables au Québec.
7. Inciter les PME à posséder des voitures électriques en leur offrant des déductions d’impôts par kilomètre plus élevées pour une voiture électrique à vocation d’affaires. Les agents immobiliers sont un exemple probant de travailleurs autonomes qui auraient intérêt à utiliser une voiture électrique pour leurs déplacements.
8. Créer une taxe spéciale sur l’achat et la location de voitures polluantes neuves (bonus-malus) et transférer cet argent dans le programme d’incitatifs. Une taxe de 250$ par véhicule léger, 450$ par VUS. Un total de 130 millions de dollars serait redistribué annuellement pour les incitatifs et l’installation de bornes, ainsi que l’achat de voitures et camions électriques par les municipalités et la province. Si on instaurait un système similaire à d’autres pays où le bonus malus équivaut à plus de 15% par voiture, on accumulerait une somme de 1.2 milliards par année qui pourrait alors être aussi utilisée pour financer le transport en commun et les grands projets tel le Trens-Québec.
9. Créer une taxe spéciale de la SAAQ sur les véhicules polluants déjà sur nos routes de 20$, pour un montant de 100 millions$ par année, afin de financer les incitatifs pour VÉ. Que cette taxe soit clairement identifiée sur la facture comme «Rabais pour voiture électrique = non appliqué» Les voitures électriques ont une vitesse maximale limitée afin d’éviter la baisse d’autonomie trop importante de la batterie. Vitesse moins élevée = moins de blessures importantes ou fatales.
10. La SAAQ doit tenir de meilleures statistiques sur les véhicules électriques et les véhicules hybrides branchables. Le gouvernement doit demander à la société d’État de créer une catégorie électrique et hybride branchable spécifique et obligatoire. Présentement il n’est pas possible de déterminer si une Ford Focus enregistrée à la SAAQ est électrique ou à essence sauf par son numéro de série. Il est essentiel d’avoir des statistiques plus détaillées pour atteindre les objectifs.
11. Avoir un incitatif pour les bornes de recharge pour les commerces, les entreprises, et les copropriétés et logements locatifs. Cela correspond à un budget annuel de 5 millions$ pour un incitatif de 50% des coûts de la borne et de l’installation, et à un maximum de 2000$ pour un nombre équivalent à 2500 bornes 240V additionnelles par année pour ce groupe.
12. S’assurer qu’une politique municipale est en place via l’Union des Municipalités du Québec pour forcer l’installation de prises 240V dans les stationnements des copropriétés et des édifices en construction. La population vieillit, et les propriétaires de maisons vont acheter des condos – s’ils ne peuvent recharger leur VÉ dans leur nouveau condo, on fait face à un sérieux problème.
13. Investir massivement dans les infrastructures de recharge 400V (niveau 3) par le MTQ, avec une borne de recharge le long des grands axes routiers à chaque 80 kilomètres. À la suite de cet objectif, déploiement des bornes 400V dans les grandes villes. Investissement de 2 million$ pour l’installation de 40 bornes 400V annuellement jusqu’en 2020. Offrir la recharge à 2.50$ sur ces bornes (taux présentement en effet sur le Circuit Électrique). Des bornes AeroVironment 50kW ChaDeMo DC Quick Charge ont été acquises en mars 2013 en achat de groupe aux USA, 48 bornes au prix de 792000$ plus installation. Les prix diminuent, et 2 millions de dollars pourraient signifier pour le Québec 70 bornes avec installation par année très rapidement.
14. Investir massivement dans les infrastructures de recharge 240V (niveau 2) à 70 ampères par les municipalités et villes, avec un ratio d’une borne de recharge par 5 véhicules électriques selon les données de la SAAQ afin de mieux distribuer les bornes, et un minimum de 2 bornes 240V par 5000 habitants dans les villages.
15. Offrir un incitatif de recharge gratuite d’appoint (moins de 30 minutes) sur les bornes 240V jusqu’en 2020 ou lorsque un nombre pré-déterminé de voitures électriques sur les routes sera atteint ainsi qu’un tarif raisonnable au-delà de cette durée. Les bornes de niveau L2 240V doivent être installées dans des lieux où le temps d’arrêt est long: terrain de golf, station de ski, centre communautaire, parc nature, stationnements d’établissements scolaire et médical. Des bornes domestiques sans réseau 240V 30 ampères NEMA 3R (intérieur et extérieur) sont déjà disponibles sur le marché pour 600$, les prix continuent à diminuer.
16. Continuer le partenariat avec les provinces et États américains avoisinants du “Green Highway Initiative” pour permettre de relier les grandes villes avec les véhicules électriques grâce à des bornes niveau 3 400V
17. Comme la recharge se fait déjà en très grande partie à la maison en période de pointe, le soir, souvent à l’heure du souper puisque le propriétaire branche sa voiture en arrivant du travail, éduquer en favorisant la recharge la nuit, par des tarifs moindres, est avantageux pour Hydro-Québec puisque la nuit la charge sur le réseau est moindre, en production, en transport et en distribution, jusqu’aux transformateurs locaux derrières les maisons. Ainsi toute l’infrastructure pourra accepter la recharge de nuit sans aucun coût supplémentaire (sauf des cas locaux particuliers).
18. Le plus important: Revoir le mandat du Circuit Électrique, et rendre le MTQ et d’autres ministères des “partenaires” du Circuit Électrique. Le gouvernement doit acheter des bornes de niveau 2 et 3 et les installer.
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Jean-Claude Cousineau
248 articles
Jean-Claude Cousineau est le fondateur du site Éco-Énergie à Montréal, un site dédié au partage de ses expériences éco-énergétiques personnelles ( chauffe-eau / chauffe-air solaires, récupérateur de chaleur des eaux grises, panneaux solaires photovoltaïques, etc..). Il diffuse d'ailleurs sur son site la production de ses panneaux solaires en temps réel. Il conduit une Nissan LEAF SV 2013 et travaille chez Écosolaris, un détaillant autorisé des bornes de recharge EVDuty.