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Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
Sylvain Juteau
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Alors que la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre issues des camions moyens et lourds représentent une part importante du bilan global européen aussi bien que québécois, une enquête menée par la Commission européenne depuis janvier 2011 a révélé qu’un cartel des principaux constructeurs de camions s’est entendu sur les prix pendant 14 ans afin de bloquer et ralentir la mise au point de moyens et de technologies permettant une diminution de sa consommation et de ses émissions de CO2.
Ainsi,6 constructeurs représentant presque 100 % du marché européen :
– Daimler,
– Volvo,
– MAN,
– Daf Trucks,
– Scania,
– Iveco
se sont mis « d’accord sur le calendrier et le niveau de la hausse des prix pour l’introduction de nouvelles technologies d’émission », selon les documents d’enquête.
Amende record
Un document faisant part des charges qui pèsent sur ces entreprises leur a été envoyé en décembre 2014. La Commission a indiqué qu’elles pourraient être passibles d’amendes équivalant à 10 % du chiffre d’affaires annuel mondial de ces entreprises.
– Daimler a annoncé le 18 décembre qu’elle mettait 600 millions d’euros de côté pour payer les frais de l’enquête antitrust de la Commission européenne.
– Volvo a quant à elle annoncée qu’elle mettait de côté 400 millions d’euros pour cette même affaire.
Selon la Commission européenne, les émissions de CO2 émanant des camions ont progressé de 36 % entre 1990 et 2010.
Fin mai, la Commission européenne a présenté un plan d’action pour diminuer de 30 % les émissions polluantes des camions et des autobus, responsables de 25 % des rejets de CO2 dus au transport routier et de 5 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne.
Et au Québec…
Alors que les camions moyens et lourds ne représentaient qu’environ 2 % du parc routier du Québec en 2010, ils représentaient 28,6 % de la consommation d’énergie totale et 29,4 % des émissions de gaz à effet de serre des transports routiers par type de véhicule.
Fait important, entre 1990 et 2010, le nombre de camions moyens et lourds immatriculés au Québec a peu augmenté (environ 10 % de plus), mais la consommation d’énergie, spécialement chez les camions lourds, a augmenté de façon très importante, passant d’un peu plus de 40 pétajoules* en 1990 à tout près de 90 pétajoules en 2010, une augmentation de plus de 100 %!!!
La raison de cette augmentation aussi importante? Beaucoup plus de kilomètres parcourus par camion. Donc, si vous avez l’impression qu’il y a plus de camions qu’avant sur les routes du Québec, vous ne vous trompez qu’à moitié. En fait, les mêmes camions sont beaucoup plus souvent et plus longtemps sur les routes qu’il y a 20 ans.
Il semble donc pressant de repenser le secteur du transport routier moyen et lourd au Québec comme dans toute l’Amérique du Nord. Diverses pistes de solutions sont à envisager et à mettre en place :
– acheter plus de produits locaux : moins on achète de produits qui viennent de loin, moins il est nécessaire de les transporter sur de longues distances;
– intégrer des technologies de gestion de la consommation dans les camions afin que les camionneurs conduisent de façon plus écoénergétique;
– former les camionneurs à la conduite écoénergétique;
– forcer les constructeurs de camions à diminuer progressivement la consommation de leurs flottes via des technologies d’efficacité énergétique ainsi que d’électrification partielle et complète (d’où la nécessité de débusquer ces cartels);
– forcer les entreprises de camionnage à diminuer leur consommation et optimiser leurs déplacements;
– décourager le système « juste-à-temps ».
Le camionnage lourd est le secteur le plus difficile à électrifier de tous les secteurs de transport routier. C’est pourquoi, vu la hausse importante de leur consommation et de leurs émissions de CO2, il est impératif de mettre en place dès maintenant une diversité de moyens afin de réduire son impact global.
Si nous voulons diminuer de façon sérieuse notre dépendance au pétrole et nos émissions de gaz à effet de serre, nous ne pourrons y échapper.
*Le joule (symbole : J) est une unité dérivée du système international (SI) pour quantifier l’énergie, le travail et la quantité de chaleur. Le joule étant une très petite quantité d’énergie par rapport à celles mises en jeu dans certains domaines, on utilise plutôt les kilojoules (kJ) ou les calories en nutrition et dans les tableaux de valeur nutritive, et le kilowattheure pour mesurer l’énergie électrique ou thermique.
* Péta : unité équivalant à 1015