Je lisais cette semaine le cahier Auto du journal La Presse. À la dernière page, il y a toujours les questions du public et les réponses du journaliste Éric LeFrançois. La plupart du temps ce dernier répond avec discernement et compétence, mais lorsqu’il s’agit de véhicule électrique, parfois il me fait sourire. C’est justement arrivé lundi dernier.
Je ne sais pas quelle voiture conduit Éric LeFrançois dans la vie de tous les jours, mais je mettrais ma main au feu que ce n’est pas un véhicule électrique. Éric LeFrançois connait bien les VÉ, car il les teste pour le cahier Auto, mais moi je m’aperçois par sa façon d’en parler qu’il n’est pas un vrai électromobiliste. Éric LeFrançois est un journaliste compétent, il possède d’ailleurs un riche vocabulaire qui m’impressionne souvent, mais il ne sait pas ce que c’est que « vivre » avec une voiture électrique. Ça se sent.
Il faut avoir fait le saut pour comprendre. On a plus la même vision après. Bien des préjugés disparaissent. Ainsi, sur la page « Conseils d’expert » du 8 août dernier, un homme écrit à M. LeFrançois pour lui demander pourquoi la Chevrolet Volt, une voiture électrique munie d’une génératrice à essence et vendue jusqu’en 2019, n’existe plus. À ses yeux, c’était le meilleur des deux mondes en attendant que les VÉ puissent faire de 600 à 800 km sur une seule charge. (Texte intégral en bas de la page.)
Moi je sais exactement ce que j’aurais répondu si on m’avait posé la question, alors qu’Éric LeFrançois a eu une réponse totalement différente.
Voici ce que moi j’aurais écrit :
« Cher monsieur Richard G., les gens qui ne possèdent pas de véhicule électrique se posent souvent ce genre de questions. C’est qu’ils s’imaginent que ça prend 800 km d’autonomie pour être à l’aise dans un véhicule électrique alors que c’est faux. Dès qu’on passe plusieurs mois à rouler dans un véhicule électrique, on se rend compte qu’une autonomie de 300 à 500 km (selon nos besoins) est largement suffisante pour la plupart d’entre nous. Inutile de trainer un moteur à essence qu’il faut entretenir et réparer.
Chevrolet l’a compris lorsqu’ils ont mis sur le marché la Chevrolet Bolt et c’est pour cette raison qu’ils ont décidé de concentrer leurs efforts uniquement sur le 100 % électrique. C’est la voie de l’avenir. Déjà, si on examine les statistiques dans les pays précurseurs, on se rend compte que les hybrides rechargeables sont de moins en moins populaires. »
Voilà en gros ce que j’aurais écrit.
Éric LeFrançois, lui, y est allé avec un tout autre discours. Il parle plutôt de rentabilité difficile à atteindre pour GM et du fait que ce dernier ne pouvait utiliser le système Voltec sur un véhicule plus gros tel l’Equinox. Qu’il aurait fallu grossir le moteur à essence et aussi le réservoir à essence.
Et que ça fait 2017 cette réponse ! (Rires !)
Moi aussi au début j’étais très emballé par la Chevrolet Volt, c’est même la location d’une Volt un week-end qui m’a donné envie de m’en acheter une en 2017. (Je cherchais à l’époque à remplacer mon 2e véhicule qui avait eu un accident.) Sauf que j’ai fini avec une Spark EV parce que c’était moins cher. Et comme elle était tout électrique, je croyais que j’allais m’en servir qu’occasionnellement. Finalement c’est devenu mon véhicule principal !
Bref, la réponse de M. LeFrançois est exactement ce que j’aurais dit il y a quelques années !
Ce n’est qu’à force de rouler en 100 % électrique (au départ en Spark, puis en Bolt) que j’ai compris, comme tous les autres électromobilistes, qu’il n’était pas nécessaire d’avoir une génératrice à essence pour aller loin, ni d’avoir 800 km d’autonomie pour se sentir rassuré.
Depuis qu’il est possible de fabriquer des batteries de 60 à 80 kW à un prix raisonnable, passer au 100 % électrique est la meilleure chose qu’un automobiliste puisse faire. (Outre de vendre sa voiture et d’utiliser le transport en commun !)
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