J’ai grandi à Montréal dans le quartier Nouveau-Bordeaux, près de la prison du même nom. Quand j’ai eu 21 ans, nous étions en 1978. Quelle était la population du Québec à ce moment-là ? Six millions d’habitants.
C’est facile de s’en rappeler, car la brasserie Labatt le chantait à cette époque dans une de leur campagne publicitaire : « On est six millions, faut s’parler ! » (Voir l’une de leurs pubs.)
Je vous raconte tout ça pour vous dire qu’en 1978, je conduisais déjà depuis 5 ans (j’ai commencé à 16 ans) et des problèmes de circulation, d’embouteillages, ça n’existait à peu près pas. Si vous saviez à quel point c’était agréable dans ces années-là de se promener en voiture comparativement à aujourd’hui avec nos routes encombrées ! J’ai la nostalgie de cette époque.
Trop de voitures
Qu’est-ce qui a changé ? Pas besoin de chercher bien loin. Nous étions 6 millions et nous voilà rendus 8,5 millions. Résultat ? Le parc automobile québécois a augmenté de près de 2 millions de voitures !
Nos gouvernements ont augmenté artificiellement la population du Québec ces dernières décennies afin de stimuler notre économie et de consolider notre place au sein du Canada. Mais est-ce que cela a réellement amélioré notre sort ? Je me pose parfois la question.
Chose certaine, en tant qu’automobiliste (et adepte aujourd’hui de voitures électriques) ce que je constate c’est qu’il y a beaucoup trop de voitures sur un réseau routier qui n’a pas tellement changé depuis 1978.
Le trajet que je connais le mieux et que j’emprunte depuis toujours est l’autoroute 15 entre Montréal et Val-David. En 1978, je l’empruntais déjà régulièrement (plusieurs de mes amis avaient des chalets dans le Nord) et depuis je n’ai jamais cessé de prendre cette autoroute plusieurs fois par semaine.
J’ai donc vu de mes yeux vu la situation se dégrader au fil des décennies. Aujourd’hui, c’est pas compliqué, y’a trop de monde pratiquement toutes les heures !
Maudit trafic
Moi qui déteste être pris dans les bouchons, c’est rendu que pour aller voir des amis à Longueuil ou à Verdun, je dois choisir des journées et des moments bien particuliers !
On a beau dire haut et fort qu’on approuve le transport en commun, la réalité est qu’un énorme pourcentage de Québécois souhaitent toujours posséder une voiture. Pas pour rien qu’il y a presque 5 millions et demi des véhicules de promenade immatriculés au Québec.
Même ceux qui me parlent contre les voitures en possèdent une ! (Rires !) C’est le grand paradoxe des Québécois (et de bien des humains sur Terre). Dans ma région, les Laurentides, des milliers de Montréalais montent le week-end dans le Nord malgré la circulation pour faire du ski, du vélo, de la baignade, des randonnées pédestres. Et je les comprends, je faisais la même chose qu’eux avant de venir vivre à Val-David !
Moins de monde
Tout cela pour vous dire qu’il ne faut pas être trop nombreux si on veux conserver notre style de vie. Dans ma tête à moi, la société idéale n’est pas celle qui croît sans cesse, mais celle qui est capable de bien fonctionner en conservant toujours à peu près le même nombre d’individus sur son territoire.
Les pays qui demandent à leur population de faire davantage d’enfants ou qui augmentent artificiellement leur population en utilisant l’immigration ne sont pas pour moi de bons exemples à suivre. On comprend aujourd’hui que la croissance à tout prix n’est pas une bonne chose et que les pays qui sont peu nombreux doivent le rester.
Et ça n’a rien à voir avec du racisme ou la peur des immigrants ! D’ailleurs, si un pays voit sa population baisser, là il est tout à fait normal de la stabiliser avec l’immigration.
Ancré dans notre ADN
On veut protéger la biodiversité, les océans et les continents, sauf qu’il y a tous ces gens sur Terre qui veulent vivre, voyager, posséder un véhicule motorisé. Résultat ? Extraction de métaux, production de gaz à effet de serre, pollution, etc.
Changer notre mode de vie ? Hum, pas facile. Faites le tour de la Terre et vous allez voir que peu importe la culture il y a des voitures ou des motos partout. Moi je crois que c’est ancré profondément dans l’esprit humain que ce désir de se déplacer avec un bidule motorisé (ou jadis mû par la force d’un cheval).
J’irais même jusqu’à dire que la voiture et la motocyclette offrent sans doute une soupape, une satisfaction, un sentiment de liberté qui aide à conserver notre équilibre psychologique.
Bref, je dis oui à la transition énergétique mondiale, mais sans une perpétuelle augmentation d’humains et de voitures. Car une croissance infinie dans un monde fini est malheureusement impossible.
Pour en savoir plus, un article de Paul Journet de La Presse à ce lien.