Photo : STM.
Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
Sylvain Juteau
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Question :
Quelle est la mission des sociétés de transport collectif telles que la STM, la STL, la RTL, la RTC et toutes les autres sociétés de transport du Québec?
Réponse :
Transporter le plus grand nombre de gens au meilleur prix possible tout en offrant le meilleur service quant à la sécurité, la ponctualité, la fiabilité, la prévisibilité et l’expérience de déplacement.
Question :
Est-ce que l’électrification des transports fait partie de leur mission?
Réponse :
Non.
Question : Les sociétés de transport peuvent-elles contribuer à l’électrification des transports?
Réponse :
Oui.
Question :
Le veulent-elles?
Réponse :
Ça dépend de quelle société de transport on parle.
En effet, si certaines sociétés de transport sont proactives en matière d’électrification des transports, d’autres sont plus timides voire peu intéressées à y embarquer.
Une alliée : La STM
La Société de transport de Montréal est une des sociétés de transport parmi les plus proactives en Amérique du Nord vis-à-vis l’électrification des transports. N’oublions pas que le mode d’électrification des transports le plus important au Québec est le Métro de Montréal!
Cette société a d’ailleurs présenté un mémoire à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec dans le cadre de la consultation portant sur la réduction des gaz à effet de serre et l’indépendance énergétique du Québec intitulé :
« LA STM, UN ALLIÉ INCONTOURNABLE POUR LA MOBILITÉ DURABLE ET L’ÉLECTRIFICATION DES TRANSPORTS »
Dans ce mémoire, la société de transport a écrit que :
« La STM s’est aussi dotée d’un véritable plan de match en matière d’électrification et elle prévoit n’acquérir que des véhicules électriques à partir de 2025, parce que les spécialistes évaluent que les technologies de propulsion électrique seront à ce moment adéquates et performantes. D’ici là, son plan d’électrification prévoit plusieurs projets de mise en service ou de démonstration des technologies d’emmagasinage, de ravitaillement et d’alimentation de l’énergie électrique.
Pour atteindre les objectifs de son Plan stratégique 2020, la STM doit investir dans le maintien de ses actifs, dans l’augmentation de son offre de service, dans le virage vers l’électrification de son réseau de surface et dans la mise en place de nouveaux systèmes de transport. Les ressources financières actuelles demeurent insuffisantes pour réaliser ces objectifs. Ce développement ne peut d’ailleurs être envisagé avec l’accroissement des seuls revenus provenant de la clientèle, des revenus commerciaux ou des taxes des contribuables montréalais. Seules des sources dédiées, indexées et récurrentes permettront d’en assurer adéquatement le financement. »
Ainsi donc, si la STM veut électrifier sa flotte de transport collectif, elle veut aussi s’assurer que le financement de cette électrification sera à la hauteur de ses ambitions et des ambitions du gouvernement du Québec. La STM dit donc clairement que le fardeau ne doit pas reposer seulement sur les épaules de la clientèle, des revenus commerciaux et des taxes aux Montréalais.
Donc, la STM souhaite électrifier ses transports, mais veut s’assurer que l’appui financier soit au rendez-vous.
Et c’est tout à fait compréhensible.
D’autres sociétés sont plus timides…
Lors d’un colloque sur l’énergie organisé par le journal « Les Affaires » en septembre 2013, le directeur général de la Société de transport de Laval, M. Guy Picard, a clairement exprimé que pour la STL la priorité était dans le transport du plus grand nombre de passagers plutôt que dans l’électrification.
Pour lui, comme la consommation d’hydrocarbures et les émissions de GES provenant du transport collectif représentaient moins de 2 % du total québécois, il préférait qu’on investisse dans plus d’autobus fonctionnant au diesel plutôt que dans de nouveaux autobus partiellement ou entièrement électriques.
Je lui ai alors répondu que si je l’avais bien compris, il préférait qu’on continue à privilégier les autobus diesels plutôt que de développer et de tester ici des autobus électriques et donc qu’on laisse ces autobus être développés ailleurs afin qu’une fois prêts, on les importe?
Un dilemme?
À peu près tout le monde au Québec (sauf quelques démagogues de la radio poubelle) s’entend sur la chose suivante : le financement du transport collectif est insuffisant et il doit être rehaussé.
Une fois cela dit, je trouve ridicule l’argument voulant que comme l’argent est rare, nous devons remettre à plus tard le développement du transport collectif partiellement et entièrement électrique. Cet argument démontre une grande myopie économique et écologique.
L’avenir du transport ne passe pas par un ou l’autre, mais bien un ET l’autre : plus de transport collectif ET plus de transport collectif électrique.
C’est un choix de société.
Si on veut créer des emplois d’avenir au Québec, ce n’est certainement pas en achetant plus d’autobus fonctionnant au diesel et en laissant tomber le développement des modes de transports collectifs électrifiés qu’on y arrivera.
À toutes ces sociétés de transport qui sont timides et/ou réfractaires au transport collectif électrifié et disent préférer travailler avec des technologies « éprouvées », je répondrai que ceci :
Si pour elles, il est plus simple au quotidien de travailler avec des technologies éprouvées que de tester de nouvelles technologies, elles nous démontrent qu’elles n’ont pas compris que l’avenir des emplois en transport du futur au Québec passe par l’électrification. Avec un tel argument, nous n’aurions jamais laissé tomber le cheval…
Au fil des années et des innovations, nous sommes à peu près tous passés à l’ordinateur, au recyclage et au téléphone intelligent. Cela nous a demandé un certain temps d’adaptation, mais nous y sommes à peu près tous.
Temps pour eux de passer à l’électrification.