Voitures électriques

Est-ce facile de se rendre à Ogunquit avec une Bolt EUV ?

Je fréquente les plages d’Ogunquit dans le sud du Maine depuis ma tendre enfance. J’y suis allé une bonne trentaine de fois dans ma vie. Avec mes parents au début et plus tard avec ma femme et mes deux enfants.

Toute ma vie, c’est en voiture à essence que je me suis rendu-là. Toujours le même chemin : autoroute 35 jusqu’aux douanes, autoroute 89 jusqu’à Concord, puis route 4-202 jusqu’à Portsmouth et autoroute 95 jusqu’à la sortie York-Ogunquit.

J’ai déjà pris l’autoroute 101 plutôt que la vieille 4-202 en croyant sauver du temps, mais depuis que Google Map me dit que la différence n’est que de 10 minutes, je préfère prendre la 4-202 et observer la vie de part et d’autre de la route.

Jeune, c’était une sorte de sprint de se rendre à Ogunquit. Je me levais à l’heure des poules, je n’arrêtais pratiquement jamais et je roulais le plus vite possible afin de pouvoir profiter de la plage dès la première journée.

La plage d’Ogunquit.

Aujourd’hui je ne fais plus cela. Pourquoi ? Premièrement, depuis que j’habite à Val-David, ça me prend une heure de plus. Deuxièmement, j’en ai marre d’avoir des contraventions ou d’avoir peur d’en avoir en roulant toujours à la limite du billet. J’ai donc appris avec le temps à y aller mollo et à profiter des haltes routières pour me dégourdir les jambes. La plage, c’est maintenant pour le lendemain. La première journée, c’est la piscine du motel !

Vous vous demandez peut-être pourquoi je ne me suis jamais rendu là avec ma Spark électrique, moi qui a fait le tour de la Gaspésie et la Côte-Nord avec ce véhicule ? La raison est simple : les bornes rapides sont trop distancées pour le faire. Par exemple, après la ville de Lebanon dans le New Hampshire, il n’y a pas de borne sur une distance de 130 km alors que ma Spark ne fait pas plus de 100 km sur l’autoroute.

Mais depuis que je me suis acheté un deuxième VÉ, une Bolt EUV avec 400 km d’autonomie, je peux le faire ! Je suis donc parti 5 jours au début de l’été. J’étais content de retrouver mon bel Ogunquit. Ça faisait trois ans que je n’y étais pas allé.

Mon verdict
Et alors, ça se fait bien Ogunquit en Bolt, oui ou non ? Eh bien, je vous dirais que ça se fait plutôt bien, mais que ce n’est pas si facile pour autant.

Un novice pourrait me dire : « Daniel, je ne vois pas ce qu’il y a de compliqué. Tu as 600 km à faire et tu as 400 km d’autonomie. Tu roules 400 km, tu ajoutes un 200 km à une borne rapide et le tour est joué ! »

Ouais, c’est peut-être simple comme ça en théorie, mais dans la vraie vie c’est un peu différent. Il faut savoir qu’il y a de nombreuses bornes Tesla aux États-Unis, mais peu de bornes pour les autres VÉ. Trois compagnies se partagent le marché dans les états que j’ai visités : ChargePoint, EVgo et Electrify America.

Mon voyage s’est quand même bien déroulé, mais j’ai trouvé ça plus compliqué que lorsque je voyage au Québec et plus compliqué que lorsque je suis allé à Cape Cod en Tesla Model 3 avec mon fils. Laissez-moi vous expliquer…

Premièrement, avec une Tesla, étant donné qu’il y a toujours de nombreuses bornes aux Superchargeurs, tu peux arriver avec la batterie pratiquement vide, tu es sûr de pouvoir te recharger. 

Moi, avec ma Bolt, je suis parti de Val-David, j’ai traversé les douanes et j’ai décidé de faire ma première recharge à Waterbury (une seule borne à cet endroit) même si j’avais encore un peu d’autonomie (la distance entre Val-David et Waterbury est de 282 km). La raison est simple : comme il y avait deux autres stations de recharge un peu plus loin, je me suis dit que si ça ne marchait pas avec cette borne, j’avais assez d’autonomie pour me rendre à la deuxième borne (Montpellier) ou à la troisième (Berlin).

On a pas le choix, car il y a peu de bornes aux abords de l’autoroute 89 et quand il y en a, il y en a souvent qu’une seule. Et comme de fait, quand je suis arrivé à la première borne, il y avait un gars avec une Mustang Mach-e qui se rechargeait. J’ai donc été obligé de reprendre l’autoroute et de me rendre à la borne suivante 25 kilomètres plus loin. Heureusement, cette fois-ci, il n’y avait personne.

Je venais de faire 310 km et il me restait 25 km d’autonomie. C’est moins que je pensais. Ça veut donc dire qu’en roulant à 110-115 km/h avec la climatisation (il faisait plus de 30°C cette journée-là) et en transportant deux bicyclettes à l’arrière, je me suis retrouvé non pas avec 397 km d’autonomie (norme EPA), mais avec 335 km d’autonomie.

J’avais très faim. Il était près de midi. Ma blonde et moi avons trouvé un petit coin pour manger notre lunch. On a ensuite marché un peu. Après 40 minutes de recharge, mon autonomie était remontée à 68 %. C’était bien suffisant pour me rendre à l’une des deux stations suivantes situées à 100 km plus loin. (C’est à ces endroits que si tu ne te recharges pas, il n’y a pas d’autres bornes avant Kittery dans le Maine 130 km plus loin).

On repart ! Une heure plus tard, on arrive aux deux bornes Charge Point de Hartford. Malchance ! L’une des bornes est hors-service et l’autre est prise par un couple de Québécois ! On se rend alors de l’autre côté de la rivière à Lebanon. Je ne suis pas inquiet, il y a quatre bornes Electrify America. Double malchance ! Trois sont prises, la quatrième est défectueuse et deux autres VÉ attendent leur tour !

Faut dire qu’on est dimanche après-midi. Devrais-je changer mon itinéraire, me recharger à Manchester et prendre l’autoroute 101 ? Finalement, on décide d’attendre et on s’en tire pas si mal, car notre tour arrive une vingtaine de minutes plus tard. 

Ma voiture est à 40 %. Je remonte ça à 75 %, le temps de visiter le magasin Dollar Tree. Ma voiture indique 272 km d’autonomie. Il me reste 214 km à faire pour rejoindre mon hôtel. J’ai donc assez d’électricité pour me rendre.

En fait, j’ai un dernier petit souci. C’est que dans tout Ogunquit, non seulement il n’y a pas de bornes rapides, mais il n’y a pas de bornes 240 volts non plus à part au Meadowmere Resort, un motel bien trop cher pour moi.

Je n’en reviens pas encore que la ville d’Ogunquit, station balnéaire très prisée dans le Maine, n’a toujours pas installé une seule borne publique 240 volts sur son territoire. Et on est en 2022 ! C’est à peine croyable.

Vais-je pouvoir me recharger la nuit sur une prise ordinaire à mon motel avec la borne portative qui est dans mon coffre ? Impossible, m’a-t-on dit au téléphone. Il n’y a aucune prise de courant à l’extérieur. Voilà pourquoi j’ai décidé de me recharger à Kittery au bord de l’autoroute 95, une sortie avant celle d’Ogunquit, question d’avoir assez d’autonomie durant mon séjour là-bas.

On s’en va donc à cette dernière borne. On roule environ deux heures. La station d’Electrify America est située dans le stationnement des Outlets de Kittery. Cette fois-ci, les 4 bornes fonctionnent et une seule est prise. On se branche. C’est cool, car avec Electrify America on peut payer avec sa carte de crédit. Pas besoin d’application ou de carte spéciale.

Lynn et moi on a magasiné un peu dans les Outlets. Je voulais remonter ma batterie à 60 %, mais finalement quand on est revenu, on était déjà à 79 %. J’ai fait une photo de la borne (photo ci-dessus). Le prix : 12,90$ US.

On est reparti. On est arrivé à notre hôtel vers 16h30. Ça nous a pris 8 heures. Si on était parti de Montréal, ça nous aurait pris 7 heures. On a passé environ 95 minutes à se recharger. Si j’étais allé-là en voiture à essence, j’aurais pris trois pauses de 15 minutes. Ça m’a donc pris 50 minutes de plus en Bolt EUV.

Ma consommation moyenne pour ce voyage ? 18,1 kWh/100 km.

Dernière recharge à Kittery, recharge que j’aurais pu éviter si Ogunquit installait des bornes 240 volts !
Première recharge à Montpelier, deuxième à Lebanon, troisième à Kittery.

Sur place
J’ai adoré mon séjour à Ogunquit. La plage, la mer et le village sont toujours aussi beaux. Je tiens également à dire que rouler jusque-là et rouler dans Ogunquit en électrique a vraiment été tripant. La sensation de ne rien brûler, de ne rien rejeter, zéro pollution, dans un endroit où la nature est à l’honneur est vraiment fantastique.

Une fois là-bas, à chaque jour, nous avons pris nos bicyclettes pour nous rendre à la grande plage d’Ogunquit (sinon le parking est 30 $). On revenait toujours diner à la maison, car entre notre motel et la plage, il n’y avait que 2,5 km à pédaler.

Finalement, j’ai quand même réussi à me recharger à 100 % avant de partir. Un après-midi, je me suis rendu au Motel Meadowmere Resort avec mes vélos à l’arrière. On m’a permis de m’y brancher gratuitement. J’ai débarqué mes vélos et passé l’après-midi à la plage pendant que ma voiture se rechargeait. Au retour, ma voiture était à 85 %.

Enfin, la veille de mon départ, je suis allé visiter Kennebunkport, village touristique situé à 15 km au nord d’Ogunquit. Ils sont moins arriérés là-bas, car ils ont deux bornes gratuites situé à l’entrée du village.

J’ai donc pu me recharger tout en visitant les petites rues coquettes de Kennebunkport. J’ai voulu manger un Lobster Roll, mais c’était trop cher (28 $ US). J’ai donc mangé de la morue panée. Délicieuse ! On est revenu au crépuscule, j’étais à 100 %.

Le lendemain, on est revenu au Québec. Ça a été beaucoup plus facile. Toutes les bornes étaient disponibles et aucune n’était défectueuse. Je reviens à ma phrase de départ : est-ce que ça se fait bien Ogunquit en voiture électrique. Absolument !

La seule chose que je vous dirais, c’est de faire attention à l’achalandage aux bornes les week-ends. Ai-je été malchanceux ce dimanche-là où est-ce fréquent ? Je ne sais pas. Chose certaine, c’est sûr que dans quelques années les Américains vont finir par se réveiller et installer suffisamment de bornes. Ce n’est qu’une question de temps.

Je connais les Américains, quand ils se lancent dans quelque chose, ça ne lésine pas !

Sur le balcon de mon motel à Ogunquit.

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