Je rentre d’un voyage en Floride (en passant, ils ont un hiver exécrable) où, pendant trois jours, j’ai dû endurer mon ami Sylvain (Juteau) tout en conduisant le nouveau Model X de Tesla. Mon compte rendu est sans doute moins dithyrambique que celui du fondateur de ce site, mais je suis reconnu pour dire les choses telles qu’elles sont, que ça plaise ou non. Alors, allons-y.
QUESTION DE GOÛT
Avec son bec pincé et son postérieur un peu trivial, le Model X aura de la difficulté à gagner un concours de beauté. Au plan de l’apparence, le Model S est un chef-d’œuvre qui ne passe pas inaperçu. Le nouveau VUS pour sa part ne laisse pas sa marque sur son passage avec la même empreinte que la berline. Il se fond littéralement dans le décor, sauf évidemment lorsque les portes arrière sont en mouvement.
Mais, assez traité d’apparence, puisque tous les goûts sont dans la nature comme dit la chanson. Si l’on peut accepter cette silhouette particulière du Model X, on sera peut-être plus exigeant à l’endroit de l’exercice que se sont imposé les ingénieurs dans leur quête de réinventer la roue. Il y a d’abord ces fameuses portes arrière en ailes de faucon devant lesquelles on ne peut que s’extasier. Malgré les affirmations contraires, ces portes ont créées beaucoup d’insomnie chez Tesla et ne reverraient pas le jour si c’était à refaire.
Pour être spectaculaires, elles le sont, mais leur aspect pratique (un accès facilité aux places arrière) n’est pas évident. Elles sont plutôt lentes dans leur mouvement et leur arrêt soudain face à un obstacle peut dérailler. Ayant passé en dessous d’une portière pour aller récupérer un sac m’a valu de me heurter la tête sur celle-ci en m’éloignant. Les badauds en redemandent, mais si l’aspect spectacle est bel et bien là, on peut s’interroger sur le côté pratique d’une solution aussi extravagante. Je pense ici à l’hiver et je me demande quel sera l’effet de la neige ou du verglas sur l’articulation des fameuses portes. On ne peut qu’espérer que l’expertise de Tesla ait déjà prévu tous les accrocs possibles.
UN PARE-BRISE DISCUTABLE
On en a peu causé, mais le pare-brise panoramique du Model X est lui aussi au banc des accusés. Il se distingue par ses dimensions démesurées qui procurent une visibilité avant phénoménale. Pour que l’effet soit total, on a même outrepassé l’emplacement normal du pare-soleil qui est remplacé par un bras retenu par un aimant fixé au-dessus de chacune des portières avant. Pour se protéger du soleil couchant, on doit, à tâtons, détacher le bras et le faire pivoter vers un autre aimant placé sur le rétroviseur au centre du pare-brise. Il ne reste par la suite qu’à déplier les trois sections dont la dernière comporte un miroir éclairé pour Madame. L’opération peut sembler anodine, mais je ne la trouve pas très sécuritaire lorsque le véhicule est en mouvement.
Ce même pare-brise ne risque-t-il pas de transformer l’intérieur en bain sauna en été et en igloo en hiver? On aura la réponse lors d’un essai plus complet en sachant déjà qu’une telle étendue de verre a déjà signé l’arrêt de mort de la Pacer et d’une certaine Porsche 911 Targa en étant la source de bruits et de craquements après quelques milliers de kilomètres. Quant aux effets du poids supplémentaire que représente une telle masse de verre, on peut encore là éprouver des inquiétudes. Sans compter que le Model X doit se priver d’un toit ouvrant en raison de la forme du pare-brise
LE COUSIN DU MODEL S
En dépit de la sévérité de ce qui précède, le Model X 90 de Tesla n’est pas sans attrait. Il a hérité de toutes les caractéristiques du Model S, qui en font un véhicule dont l’agrément de conduite est exceptionnel que ce soit par sa tenue de route, ses performances instantanées ou son freinage mordant. Seules les roues de 22 pouces du modèle essayé entachent quelque peu le niveau sonore et rendent les imperfections du revêtement plus sensibles. J’ai bien aimé au passage les portes avant qui s’ouvrent toutes seules quand on s’approche du véhicule. Les sept places sont appréciables bien qu’il sera difficile de transporter les bagages de tout ce monde dans les coffres avant et arrière. Et déplorons toujours le peu d’espace de rangement dans l’habitacle.
Autant le Model S s’est couvert d’éloges, autant le Model X n’arrive pas à le surpasser et cela probablement parce que Tesla nous a habitués à des standards d’excellence qui nous obligent à n’attendre que la perfection. Je demeure un ardent partisan de la marque californienne, mais mon aversion des VUS demeure malheureusement intacte. Vivement le Model 3.
Commanditaire qui a rendu cette chronique possible :
