Suite à l’article de Daniel Breton publié sur ce blogue : Que se passe-t-il avec le «Circuit Électrique»?, j’ai demandé une entrevue avec l’équipe du Circuit Électrique (CÉ) afin d’obtenir leur point de vue sur les défis à relever, car disons le, la croissance dans le domaine de l’électromobilité au Québec est très forte et continuera d’augmenter fortement à court terme!
C’est avec engouement que France Lampron, directrice du CÉ, et Louis-Olivier Batty, Relations avec les médias, ont répondus à cette invitation!
Je vais donc vous partager, cher lecteur, les grandes lignes de cette entrevue très constructive dont chaque problématique soulevé par Daniel Breton ont été expliqué et de quelle façon ils seront adressés.
Dans un premier temps, M. Batty souligne que le Circuit Électrique a obtenu une note de 95% lors du dernier sondage de satisfaction qui s’est tenu récemment (novembre 2016). La barre est déjà haute et le principal défi dans le futur sera de maintenir un tel taux de satisfaction.
1- Manque de bornes rapides (BRCC) sur l’Île de Montréal.
Madame Lampron explique que l’ajout de BRCC sur l’Île de Montréal est sur la liste des priorités, mais de nombreux défis se dressent sur la route!
Le modèle d’affaires du CÉ est de travailler avec un partenaire (municipal, Gouvernemental, parapublique ou privé). Malheureusement, les terrains à Montréal se font rares. Tel que mentionné par madame Lampron: «Amenez-nous en des partenaires, nous ne manquons pas de BRCC de disponible … il nous faut des endroits où les installer».
Effectivement, à Montréal une simple case de Stationnement peut valoir plus de 50 000$ … et il faut réserver au minimum 2 cases pour une seule BRCC et 4 cases pour deux BRCC! Il est beaucoup plus facile et moins coûteux de trouver de beaux stationnement en Gaspésie à titre d’exemple.
Le CÉ a identifié 4 sites pour des BRCC sur l’Île de Montréal en 2017: Rosemont, Ville-Marie, Est de la Ville et l’arrondissement du Sud-Ouest.
Madame Lampron énumères quelques exemples de défis vécus à Montréal:
- La règlementation de certains arrondissements interdit l’installation d’équipements électriques sur des terrains non bâtis, par exemple des stationnements! Il faut donc une modification du règlement ce qui entraine des délais.
- La capacité électrique n’est pas suffisante à l’endroit où des BRCC pourraient être installés, ce qui nécessite des mises à niveau coûteuses.
2- Les BRCC double
Selon madame Lampron: «Nous sommes prêt, nous avons identifié 5-6 sites très achalandés qui doivent être doublés dès cette année, tel que Drummondville et St-Hyacinthe. L’équipement est déjà prêt»!
-Les critères
Malheureusement il faut rencontrer des critères pour que ces souhaits soient réalité:
a- Le tarif BR (Borne de Recharge). C’est un nouveau tarif expérimental qu’Hydro-Québec a demandé à la Régie de l’Énergie en août 2016. Aux tarifs disponibles actuellement, il est extrêmement coûteux pour un partenaire d’installer 2 BRCC au même endroit, car 2 recharges simultanés, même une seule fois dans l’année et pendant 15 minutes, génère des frais d’appels de puissance qui oblige l’émission d’une facture mensuelle ADDITIONNELLE qui se compte en milliers de dollars! Aucun des partenaires du CÉ n’est prêt à assumer ce coût supplémentaire! (NDLR: en fait, il n’y a que moi à la Station Roulez Électrique qui est assez fou pour le faire avec la 2e BRCC dans le garage … et j’ai reçu des factures d’appels de puissance justement … à suivre dans un article ultérieur).
NDLR: Le tarif BR a été approuvé par la Régie et entrera en vigueur le 1er avril 2017! Plus de détails ici:
http://roulezelectrique.com/le-tarif-br-est-approuve-par-la-regie-de-lenergie/
Dès que le tarif BR est en vigueur, toutes les BRCC qui sont bridés à 40 kW (106A) seront dès lors ouvertes à 50 kW (125A). Donc le premier Avril est à mettre dans l’Agenda de tous les électromobilistes Québécois, c’est une date très importante!
b- Les stationnements
Il faut que le partenaire soit prêt à réserver deux autres cases de stationnement … tel que spécifié au début de ce texte, c’est une «ressource» très prisée, surtout dans les grands centres!
c- Investissement additionnel
Il y a des coûts pour doubler les BRCC. Le modèle d’affaires du Circuit Électrique est que celui-ci couvre 50% des investissements et le partenaire l’autre 50%. L’équipe du Circuit est prête pour investir sa part, mais c’est pas nécessairement le cas du côté du partenaire, qui souvent n’a même pas encore rentabilisé sa première BRCC.
3- Des bornes rapides de plus de 50 kW
Dès que possible en 2017, le CÉ veut mettre en place un site pilote afin de tester des bornes rapides de diverses puissances qui sont disponibles sur le marché.
4- Standardisation des installations et évolutive.
D’ailleurs, madame Lampron souligne qu’ils ont mandatés une équipe d’ingénieurs Industriel afin de standardiser les installations des bornes rapides dans les buts suivants:
- Minimiser les coûts en ayant des plans et devis «typiques»
- Améliorer l’esthétique visuel
- Meilleure expérience de recharge pour l’utilisateur dont un abri contre les intempéries.
5- Concept de SUPERSTATION
Conception d’une installation modulaire qui permettra d’installer de façon évolutive dans le temps des BRCC de 50, 100 et même 150 kW et plus, tout en utilisant plusieurs manufacturiers différents.
Deux de ces «Superstations» sont prévues en 2017, et bien sûr dans les régions à forte demande (NDLR: J’en déduis que c’est à Montréal).
6- Service avec le CAA.
Madame Lampron souligne que le CÉ est très satisfait du service offert par le CAA. Bien sûr, il y a toujours de la place pour s’améliorer.
Actuellement, il y a une équipe dédiée au clients du Circuit Électrique au centre d’appel du CAA du lundi au vendredi de 8h à 17h.
La principale problématique qui a été identifiée est lors des soirs et week-ends où l’équipe n’est pas dédiée. Madame Lampron mentionne que des interventions tel que plus de formation intensive est considérée afin d’adresser la situation avec l’équipe du «week-end».
7- Problématique des 2 bornes L2 à l’aéroport P.E. Trudeau.
Dans le cas des bornes de niveau 2, où le partenaire est propriétaire des équipements, c’est celui-ci qui est responsable des réparations en cas de bris. C’est la limitation du modèle de partenariat privilégié par le Circuit Électrique.
Le CÉ est à la recherche de solutions dans ces cas là … madame Lampron mentionne qu’il est peu commun qu’un partenaire tarde à réagir en cas de bris ou de panne. D’ailleurs ce modèle a permis un déploiement très rapide dans toute la province …
NDLR 1: Il serait peut-être important que la Communauté d’Ambassadeurs VÉ fasse pression auprès des partenaires fautifs lorsqu’il y a une panne, cela permettrait de cibler celui qui peut rapidement remédier à la situation!
NDLR 2: les 2 bornes L2 à l’aéroport sont fonctionnelles au moment de publier cet article. Il faudrait ajouter plus de bornes, mais ça c’est un autre dossier!
8- Pannes des BRCC publiques
Oui il y a des pannes de fonctionnement. La technologie des BRCC est toujours en développement et n’est pas à l’abri de problèmes techniques qui nécessitent des ajustements. Madame Lampron souligne toutefois la volonté et la pro-activité du manufacturier Québécois AddÉnergie à ce niveau.
Un processus d’amélioration continu a déjà été mis en place et voici quelques exemples:
- Une BRCC avec des cables suspendus (un peu comme pour les bornes sur rue à Montréal) est actuellement en test au siège social d’Add Énergie à Québec (vous pouvez aller en faire l’essai). Les cables et connecteurs CHAdeMO et CCS Combo compte pour un bon pourcentage des pannes et ceux-ci coûtent des milliers de dollars à remplacer. Les bris arrivent principalement durant la saison hivernale car certains utilisateurs ne se donnent même pas la peine de remettre la cable à sa place lorsque la recharge est terminé, mais le laisse tout simplement au sol dans la neige! Le problème signalé par Daniel Breton, justement, était un cable CCS Combo défectueux.
- Remorque d’urgence avec BRCC. On a pu l’apercevoir à la Halte de Yamachiche. C’est une belle initiative.
9- Les bornes Aerovironment (AV).
Ces bornes L2 Californiennes connaissent des ratés actuellement tel que signalé par Daniel Breton. Madame Lampron mentionne que c’était la meilleure solution disponible à l’époque (en 2012) lors du premier appel d’offre lancé par le Circuit Électrique. 165 de ces bornes ont été déployés. Récemment, le Circuit Électrique a remplacé 75 des bornes AV les plus utilisées par des bornes Add Énergie. Il reste donc environ 90 bornes AV dans le réseau. Dans une bonne éthique de gestion, l’équipe du Circuit Électrique tente d’utiliser ces équipements jusqu’à leur fin de vie utile. Bien sûr, elles seront retirées progressivement.
