Aujourd’hui le physicien Pierre Langlois partage avec nous les résultats d’un rapport indépendant faisant l’analyse de la production d’énergie du réacteur E-Cat ( Energy Catalyser ) de Andrea Rossi pendant une période de 32 jours.
Dans le cadre d’une entente nouée avec le physicien Pierre Langlois , Éco-Énergie à Montréal et Roulezelectrique ont obtenu le privilège de vous présenter le contenu intégral des infolettres qu’il publie sur une base régulière. Mentionnons que Pierre Langlois est consultant en mobilité durable, auteur et conférencier. Il est d’ailleurs l’auteur du livre Rouler Sans Pétrole, publié aux Éditions MultiMondes. On a pu l’apercevoir au petit écran dans des reportages consacrés aux hybrides rechargeables et aux batteries et voitures électriques, à l’émission Découverte, entre autres, où il a témoigné en tant qu’expert. Il a également siégé sur le comité aviseur responsable d’appuyer Daniel Breton dans le développement de la politique d’électrification des transports du Québec. Un gros merci à lui.
Énergie nucléaire sans radioactivité ni GES: une percée MAJEURE !!!!!
Bonjour à tous
Le 8 octobre 2014 est une date historique. C’est en effet aujourd’hui qu’est sorti le rapport indépendant tant attendu sur la production d’énergie pendant plusieurs semaines sans arrêt du réacteur E-Cat de Andrea Rossi. Ce rapport est signé par Giuseppe Levi de l’Université de Bologne, Evelyn Foschi de Bologne, Bo Höistad, Roland Pettersson et Lars Tegnér de l’Université d’Upsala en Suède, et par Hanno Essén du Royal Institute of technology de Stockholm, également en Suède. Il est disponible ici
http://www.sifferkoll.se/sifferkoll/wp-content/uploads/2014/10/LuganoReportSubmit.pdf
Pour ceux qui n’ont pas suivi ce dossier, E-Cat est une abréviation pour Energy Catalyser. Le E-Cat est un petit contenant métallique dans lequel on insère une fine poudre de nickel et un composé en fine poudre également qui stocke de l’hydrogène et catalyse la réaction. Cette dernière s’amorce en chauffant ce mélange en poudre avec une résistance électrique, et elle dégage beaucoup plus d’énergie que l’énergie électrique fournie pour amorcer la réaction. C’est un nouveau développement beaucoup plus spectaculaire que ce qu’on appelait la fusion froide, découverte par Pons et Fleischman en 1989, avec un montage d’électrolyse d’eau lourde et du palladium. Toutefois, les énergies dégagées à l’époque étaient souvent inférieures à 1 watt, alors que la puissance dégagée par un E-Cat est de plusieurs milliers de watt. Mais, la science officielle a toujours rejeté la fusion froide en disant que l’expérience était difficile à répéter et qu’elle contredisait tout ce que l’on sait de la physique nucléaire. On est même allé jusqu’à accuser les chercheurs qui ont réussi d’incompétents voire de fraudeurs. Pour vous rafraîchir les idées sur cette saga extrêmement désolante, je vous recommande les trois documentaires suivants.
http://www.youtube.com/watch?v=htgV7fNO-2k
http://www.youtube.com/watch?v=UTvaX3vRtRA
http://www.youtube.com/watch?v=7FilflaqbVI
Revenons aux expériences qui font l’objet du rapport sorti le 8 octobre 2014. Un petit réacteur, contenant 1 g de carburant en poudre, a été testé pendant 32 jours, en deux phases: une première de 10 jours et une deuxième de 22 jours. La photo ci-dessous, tiré du rapport, montre le réacteur au centre, en céramique. Les trois tubes creux en céramique à chaque bout servent à isoler électriquement et thermiquement les fils d’alimentation du réacteur (éléments chauffants). Le réacteur a 2 cm de diamètre par 20 cm de longueur.
Dans la première phase de l’expérience, le réacteur a dégagé 3,2 fois plus d’énergie sous forme thermique que l’énergie électrique fournie, et après avoir augmenté la puissance de l’élément chauffant au 10e jour, il s’est dégagé 3,6 fois plus d’énergie thermique que l’énergie électrique fournie. Cela correspond à un coefficient de performance (Coefficient Of Performance, COP) de 3,2 et 3,6, ce qui est comparable à la thermopompe qui chauffe l’eau de ma piscine. La puissance nette dégagée (puissance totale dégagée moins la puissance électrique fournie) tout au long de l’expérience est illustrée ci-dessous (tiré du rapport).
Fait remarquable, le réacteur a maintenu une température de 1400°C pendant la deuxième phase, correspondant à une puissance excédentaire de 2,3 kw (en plus du 900 watt électrique fourni) sans arrêt pendant 22 jours. Une telle puissance thermique en continu est suffisante pour chauffer ma maison en janvier (au Québec), avec 1 g de carburant par mois (ou moins) qui coûte moins de 0,02 $ (prix du nickel = 16, 7 $ US / kg). Même en décuplant le prix pour la mise en forme on arrive à 20 ¢ le gramme de nickel traité.
Un COP de 3,6 ne correspondent pas à la limite de la technologie, mais plutôt à une valeur minimale. Les expérimentateurs n’ont pas voulu pousser le réacteur à fond mais plutôt obtenir des résultats stables avec un fonctionnement sécuritaire. L’an dernier un E-Cat avait fondu (contenant en acier), car l’énergie dégagée était trop grande.
La source de l’énergie dégagée est définitivement d’origine nucléaire, puisque l’analyse du carburant en poudre avant et après les 32 jours montre sans équivoque que plus de 90 % des isotopes légers du nickel ont été transformés en isotope lourd pendant le fonctionnement du réacteur. Pour mémoire, ce qui défini le type d’atome c’est le nombre de protons dans son noyau. Par exemple, le Cuivre a 29 protons (charge positive) dans son noyau alors que le nickel en a 28. Mais dans le noyau des atomes il y a également les neutrons (aucune charge électrique) qui sont aussi lourds que les protons, et leur nombre peut varier pour un même élément chimique. C’est ce qui fait qu’on a des atomes de nickel plus légers et d’autres plus lourd, qui constituent ce qu’on appelle les isotopes du nickel. La somme du nombre de proton et du nombre de neutron dans un noyau atomique constitue le nombre de nucléons de l’atome, et caractérise les isotopes. Par exemple, le Nickel, dont le symbole chimique est Ni, peut avoir 58, 60, 61, 62 ou 64 nucléons. Ces chiffres correspondent aux 5 isotopes stables du nickel dans la nature. Par ailleurs, sur Terre, on retrouve la distribution suivante des isotopes de Nickel (Ni):
– Ni 58 = 68,1 % des atomes de nickel dans la nature
– Ni 60 = 26,2 % des atomes de nickel dans la nature
– Ni 61 = 1,1 % des atomes de nickel dans la nature
– Ni 62 = 3,6 % des atomes de nickel dans la nature
– Ni 64 = 0,9 % des atomes de nickel dans la nature
Or, après 32 jours de fonctionnement du réacteur E-Cat les isotopes plus légers Ni 58, Ni 60 et Ni 61 ont été transformés en Ni 62, plus lourd, et la distribution isotopique mesurée est devenue
– Ni 58 = 0,8 % des atomes de nickel après l’expérience
– Ni 60 = 0,5 % des atomes de nickel après l’expérience
– Ni 61 = 0 % des atomes de nickel après l’expérience
– Ni 62 = 98,7 % des atomes de nickel après l’expérience
– Ni 64 = 0 % des atomes de nickel après l’expérience
C’est donc la preuve qu’il s’agit bel et bien de réactions nucléaires. Mais ce qui est incompréhensible (pour le moment) c’est le fait que ces réactions nucléaires n’émettent pas de radioactivité pendant la réaction, et que la poudre métallique n’est pas radioactive après 32 jours (pas de déchets radioactifs). C’est donc une énergie extrêmement propre dont les carburants sont très abondants et bon marché. Avec 1 kg de nickel on peut chauffer une maison unifamiliale pendant 200 ans!
Une autre preuve qu’il s’agit d’énergie nucléaire c’est la densité d’énergie très élevée contenu dans le carburant en poudre. Selon les dégagements d’énergie mesurés pendant les 32 jours de l’expérience, on obtient 1,6 millions de kwh/kg. Pour comparaison, l’essence en contient 12 kwh/kg !!! Le carburant en poudre contient donc 133 000 fois plus d’énergie dans le même poids!!! Et puisque l’essence contient 75 fois plus d’énergie par kilogramme qu’une batterie Li-ion, la petite poudre contient 10 millions de fois plus d’énergie qu’une bonne batterie Li-ion pour un même poids!!!!
Pour ce qui est de Andea Rossi, il travaille maintenant pour Industrial Heat, une nouvelle compagnie étatsunienne qui a acquis les droits pour le E-Cat, et investi une vingtaine de millions dans l’aventure (Rossi était au bout de ses ressources financières). Voir
http://oilprice.com/Alternative-Energy/Nuclear-Power/Industrial-Heat-Acquires-E-Cat-Technology-Opening-Commercial-LENR-Frontier.html
En terminant, imaginons un peu ce que signifie une telle technologie. On pourrait
– construire des serres chauffées pour les pays nordiques
– dessaler l’eau de mer pour irriguer nos régions désertiques et donner de l’eau potable
– chauffer nos bâtiments et maisons beaucoup moins cher qu’à l’électricité
– construire un prolongateur d’autonomie à microturbine pour voiture électrique (plus besoin de bornes de recharge)
– remplacer les bouilloires des centrales au charbon ou au gaz de schiste par une bouilloire E-Cat
– remplacer le coeur des réacteurs nucléaire à l’uranium par une bouilloire E-Cat
– construire des mini-centrales électriques décentralisées assurant une meilleure robustesse (redondance) que des grosses centrales très éloignées
Je crois que c’est une très bonne nouvelle. Ne trouvez-vous pas?
Bien cordialement
Pierre Langlois, Ph.D., physicien
Consultant en mobilité durable,
Auteur et conférencier
Téléphone : 418-875-0380
Courriel: pierrel@coopcscf.com
Site Internet: www.planglois.com
L’information et la solidarité sont les deux piliers des véritables changements
Jean-Claude Cousineau
248 articles
Jean-Claude Cousineau est le fondateur du site Éco-Énergie à Montréal, un site dédié au partage de ses expériences éco-énergétiques personnelles ( chauffe-eau / chauffe-air solaires, récupérateur de chaleur des eaux grises, panneaux solaires photovoltaïques, etc..). Il diffuse d'ailleurs sur son site la production de ses panneaux solaires en temps réel. Il conduit une Nissan LEAF SV 2013 et travaille chez Écosolaris, un détaillant autorisé des bornes de recharge EVDuty.