Voitures électriques

Constructeurs et concessionnaires, préparez-vous… sérieusement.

Les 2 budgets qui ont été présentés cette semaine ont clairement signifié que l’électrification des transports n’est plus un sujet secondaire.
C’est tant mieux, mais… car il y a un mais, les 2 budgets auront un impact sur l’adoption des véhicules électriques. Revenons brièvement sur ceux-ci afin de mieux comprendre ce que cela implique.
Budget fédéral: une belle annonce… bâclée.
En effet, dans le budget fédéral, il est écrit qu’«afin d’encourager plus de Canadiens à acheter des véhicules zéro émission, le budget de 2019 propose de fournir 300 M$ sur trois ans, à compter de 2019-2020, à Transports Canada pour mettre en place un nouvel incitatif fédéral pouvant atteindre 5000$ pour l’achat de véhicules fonctionnant grâce à des batteries électriques ou à des piles à hydrogène dont le prix de détail suggéré par le fabricant est de moins de 45 000$. Les détails du programme suivront.»
Une déclaration aussi vague a emmené beaucoup plus de questions que de réponses, telles que:
1- Jusqu’à$5000? Il y aura donc une gradation? À partir de quels critères? Autonomie? Batterie?
2- Un  « incitatif »? Un rabais ou crédit d’impôt?
3- Pas de date d’entrée en vigueur du programme: Le marché est stoppé net, d’où la panique au gouvernement, chez les concessionnaires, les constructeurs et de nombreux acheteurs.
4- 300 M$ sur trois ans = environ 20 000 véhicules électriques par année ou 1% des ventes pour les trois prochaines années.
5- En limitant les rabais de 5000$ aux véhicules de moins de 45 000$, le gouvernement fédéral élimine de facto la plupart des véhicules électriques à 300 kilomètres d’autonomie et plus
6- Qui va s’occuper de la demande de subvention: le concessionnaire ou le client?
7- Est-ce que les constructeurs automobiles vont baisser leurs prix… et augmenter leurs taux d’intérêt?
8- Qu’en est-il des véhicules PHEV? Il semble qu’ils ne seront pas admissibles au rabais (OutlanderPHEV, Prius Prime, IoniqPHEV, Niro PHEV, Volt, ClarityPHEV, etc)… mais ce n’est pas encore certain
9- Aucun véhicule à hydrogène n’est disponible à moins de 45 000$. LOL.
10- La limite de PDSF est-elle basée sur le PDSF de base ou après l’inclusion des coûts de transports et préparation? Avec ou sans équipement?
11: Les entreprises auront-elles aussi droit au rabais de $5000?
Bref, bien qu’il s’agisse là d’une annonce bâclée, il y a tout de même du positif dans le fait que le gouvernement fédéral s’intéresse ENFIN à l’électrification des transports et qu’il y aura bientôt un incitatif fédéral à l’achat d’un véhicule électrique.
Budget du Québec: une annonce rassurante.
Du côté québécois, les choses se sont déroulées de manière beaucoup plus ordonnée, le gouvernement ayant fait le choix de tout simplement pérenniser les programmes existants.
Si certains craignaient que le gouvernement du Québec coupe dans le soutien aux véhicules électriques, le premier budget du gouvernement Legault les a rassuré. Non seulement il garde les rabais, mais il prolonge le financement à l’achat de véhicules électriques neufs jusqu’à 2020-2021 et alloue un «financement additionnel de 433,8 millions de dollars qui devrait encourager l’acquisition d’environ 66 000 véhicules électriques et l’installation de près de 27 500 bornes de recharge à domicile et de plus de 1 200 bornes de recharge au travail.»
Véhicules électriques d’occasion: maintenant un programme régulier
Ce qui était un projet pilote d’acquisition de véhicules 100% électriques d’occasion devient maintenant partie prenante du programme Roulez Vert, ce qui permettra aux acheteurs de véhicules électriques d’occasion d’avoir droit à un rabais pouvant aller jusqu’à 4000$, ce qui est une excellente nouvelle pour ceux et celles qui ne veulent pas investir trop de sous dans un véhicule neuf.
Les constructeurs seront-ils au rendez-vous?
Maintenant que nous savons que les Canadiens auront accès à un rabais pouvant aller jusqu’à $5000 et que les Québécois auront droit à 2 rabais pouvant aller jusqu’à $13 000, il est évident:

  • Que les ventes de véhicules électriques vont grimper de manière importante dès les prochaines semaines;
  • Que de plus en plus de gens qui s’intéressaient peu aux véhicules électriques vont commencer à lorgner de ce côté.

Ainsi, après avoir été principalement un sujet d’intérêt de la part des “early adopters” et autres fans de la technologie, les véhicules électriques entreront donc à compter de cette année de plein pied dans le marché grand public, ce qui aura pour effet de mettre une plus pression beaucoup plus grande sur la demande pour les véhicules électriques, et ce à travers le Canada en entier.
Il sera donc extrêmement intéressant de suivre l’évolution de la disponibilité de ces véhicules dans les autres provinces… et au Québec. Je tiens à rappeler que ce qui fait qu’il y a finalement de l’inventaire au Québec est le fait que le gouvernement Ontarien a cessé de subventionner les véhicules électriques. Les ventes ayant été stoppées net chez nos voisins ontariens, les inventaires et allocations ont du coup été transférés au Québec. Si les acheteurs ontariens et des autres provinces commencent (ou recommencent) à vouloir acquérir des véhicules électriques, les constructeurs répondront-ils de manière satisfaisante à la demande ou nous retrouvons-nous de nouveau avec des délais de plusieurs semaines voire des mois avant d’être capable de mettre la main sur un véhicule électrique?
Question cornélienne.
Cela sera d’autant plus intéressant à surveiller que le gouvernement fédéral s’est fixé un objectif de vente de véhicules électriques de 10% en 2025 et 30% en 2030, objectif qui, dois-je le rappeler, est pour le moment volontaire.
Les concessionnaires seront-ils prêts?
Du côté des concessionnaires, ceux-ci feraient bien d’être prêts à accueillir les clients avec des vendeurs bien formés, ce qui n’est toujours pas le cas chez une majorité d’entre eux. Et ces vendeurs feraient mieux de prendre le temps de bien informer les acheteurs en leur expliquant qu’il y a des différences importantes entre les véhicules à essence et électriques et que s’ils ne le font pas, nous nous retrouverons bientôt avec tout un paquet de gens mécontents sur la route et aux BRCC à travers le Canada, ce qui pourrait avoir un impact dévastateur sur la “réputation” des véhicules électriques et pourrait à terme nuire à l’adoption généralisées de ceux-ci.
Car tous ces nouveaux acheteurs ne seront pas des “geeks”, des “technos” ou des “nerds” qui prennent plaisir à découvrir la nouvelle application qui optimisera la performance écoénergétique de leur nouveau bébé électrique.
Ce sera des gens qui ne veulent qu’un bon véhicule pour combler leurs besoins.
 
 

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