On a beau avoir une Model 3 de Tesla, la voiture la plus efficace sur le marché, s’il n’y a qu’un passager dans une voiture de 1 600 kg, la grande majorité du temps, c’est beaucoup de gaspillage d’énergie, de ressources et d’argent. L’auto solo doit être repensée.
C’est très compréhensible de vouloir un véhicule capable de transporter cinq passagers, même si le propriétaire se retrouve très souvent seul dedans pour aller travailler. Le problème vient du fait que les gens achètent un véhicule personnel qui doit combler tous leurs besoins, y compris les voyages en famille ou d’autres déplacements occasionnels à plusieurs.
Mais, lorsque les véhicules autonomes vont devenir une réalité, et qu’on va disposer de services de robotaxis trois fois moins chers que la possession d’un véhicule personnel, les gens n’achèteront plus de véhicules. Ils vont s’abonner à un service de robotaxis et pouvoir choisir le type de véhicule le mieux adapté à leur besoin du moment, petit, moyen ou gros.
Lorsqu’on sera rendu là, d’ici une dizaine d’années, on pourra repenser les véhicules électriques pour en diminuer encore plus leur empreinte écologique. De nouveaux types de véhicules électriques autonomes (VÉA), plus petits, vont alors être commercialisés.
Nous avons vu, dans notre dernier article, que la future batterie de Tesla va permettre à une Model 3 de 400 km d’autonomie d’avoir des émissions de GES dix fois moindres que celles d’une voiture à essence, sur son cycle de vie au Québec. Et, cette évaluation, basée sur une étude comparative antérieure de cycle de vie, que nous avons extrapolée, était conservatrice. En effet, elle ne tient pas compte de l’utilisation d’énergie renouvelable dans la fabrication des batteries, comme le fait Tesla, ni d’une deuxième vie au sol des batteries, ni du recyclage des matériaux de batteries. L’étude ne tient pas compte non plus, pour les voitures à essence, des émissions accrues de GES dues à l’utilisation de beaucoup de pétrole des sables bitumineux et de pétrole de schistes au Québec, depuis quelques années. Tout cela pour dire que le facteur 10 de réduction des GES de la Model 3 est probablement plutôt un facteur 12 à 13, sinon plus.
Comme nous le verrons dans la suite du présent article, les futurs véhicules électriques autonomes à deux passagers, munis de la future batterie Tesla, vont émettre environ 20 fois moins de GES que des voitures à essence sur leur cycle de vie, au Québec, en mode robotaxi!
Des mini-véhicules électriques autonomes à 2 passagers
Si le covoiturage fait beaucoup de sens au niveau écologique, il n’en demeure pas moins que les gens aiment bien leur intimité en voiture, plutôt que de la partager avec des inconnus. Alors, la probabilité est forte qu’on voit apparaître des mini-VÉA à deux passagers, en tandem, plus étroits et moins longs qu’une voiture sous-compacte actuelle. Plusieurs avantages en découlent dans un contexte de robotaxis. Pour la suite de cet article, regardez d’abord la video YouTube de Continental sur leur véhicule électrique autonome concept Bee, intitulée «Continental recently unveiled its ‘Bee’ autonomous car». Ils y ont mis beaucoup de travail et fait preuve d’une bonne dose de créativité. Nous allons imager nos propos avec des captures d’écran de cette vidéo très bien faite.
Toutefois, nous ne cautionnons pas nécessairement les détails extérieurs de leur mini-VÉA, qui peuvent être problématiques dans un pays nordique l’hiver. Nous retiendrons plutôt les fonctionnalités et les avantages.
Tout d’abord, ces mini-VÉA prenant moins de place sur la route et pouvant circuler très près l’un de l’autre (conduite automatisée) ils vont augmenter la capacité des routes existantes, comme on peut le constater ci-dessous, ou diminuer la largeur des routes requises, à terme.
Par ailleurs, ces mini-VÉA étant plus légers et principalement urbains, leur prix à l’achat sera inférieur et leur consommation d’énergie bien moindre que celle d’une voiture électrique traditionnelle. De plus, leur batterie étant environ deux fois plus petite que celle d’une voiture électrique normale, pour une même autonomie en distance, on aura besoin de moins de matières premières pour les fabriquer. Sans compter qu’une petite batterie se recharge bien plus vite. Pour ce qui est du véhicule proprement dit, il devrait utiliser environ trois fois moins de matières premières (acier, aluminium, plastiques, cuivre etc.).
Bien sûr, tous les véhicules d’un parc de robotaxis ne seront pas aussi petits, mais les mini-VÉA pourraient représenter 60 % du parc dans les villes, alors que des voitures électriques traditionnelles compteraient disons pour 25 % du parc, et des VUS/minifourgonnettes électriques compléteraient le 15 % manquant de la flotte de robotaxis. En ce qui concerne les microbus de 8 à 16 passagers, j’en reparlerai.
La mini-voiture électrique suédoise Uniti One ouvre la voie
La compagnie suédoise Uniti vient de lancer une nouvelle petite voiture électrique urbaine de trois places, la Uniti One, qui sera disponible à l’été 2020. Elle a des performances qui se rapprochent de ce que seraient celles d’un futur mini-VEA et a été conçue dans un pays nordique, pour affronter les hivers froids et enneigés. Toutefois, la conduite robotisée n’est pas encore fonctionnelle sur la Uniti One.
Son poids est de 600 kg à vide, avec une autonomie de 300 km (cycle de test européen WLTP) qui se traduit par 266 km EPA, (très près de la vraie vie) pour une batterie de 24 kWh de capacité. Sa consommation électrique est de 8 kWh/100 km WLTP ou de 9 kWh/100 km EPA. Pour mémoire, la consommation de la Tesla Model 3 Standard range + (400 km d’autonomie EPA) est de 15 kWh/100 km EPA. La Uniti One se recharge très rapidement, 100 km en 10 minutes (BRCC de 50 kW). La vitesse maximale est de 120 km/h et l’accélération 0-100 km/h se fait en 9,9 secondes. L’allure extérieure est celle de la photo d’entête de l’article et voici à quoi ressemble son intérieur.
L’empreinte écologique minime des futurs mini-VEA robotaxis
Au risque de nous répéter, nous avons vu dans notre dernier article que la future batterie de Tesla va permettre à une Model 3 de 400 km d’autonomie d’avoir des émissions de GES dix fois moindres que celles d’une voiture à essence, de façon conservatrice, sur son cycle de vie au Québec. Et, comme nous l’avons explicité plus haut, le facteur réel est plutôt 12 à 13, lorsqu’on tient compte de l’évolution de la technologie et de la dégradation due au pétrole extrême au Québec, pour les voitures à essence.
Maintenant, les futurs mini-VÉA seront environ 2,5 fois plus légers qu’une voiture comme la Model 3 et auront une batterie de 25 kWh leur autorisant une autonomie de 300 km (la moitié du 50 kWh de la Model 3). Ils consommeront donc, en gros, la moitié de l’énergie pour se déplacer et auront des émissions de GES sur leur cycle de vie 25 fois plus faibles que celle d’une voiture à essence, au Québec. En mode robotaxi, on peut considérer, en première approximation, que 20 % des trajets des mini-VÉA seront à vide, en optimisant leur logistique, ce qui diminuerait le facteur 25 de réduction de GES à un facteur 20 plutôt.
Enfin, il y a d’autres considérations qui ont également une incidence sur les GES des robotaxis. Le covoiturage intrinsèque à un service de robotaxis diminue les émissions. Par contre, le prix réduit d’un service de robotaxis par rapport au prix de possession d’un véhicule personnel, va augmenter les utilisateurs. Est-ce que ces deux facteurs vont s’équilibrer? Difficile à dire à ce moment-ci.
Des mini-robobus sont essentiels
De toute manière, il va falloir avoir une bonne flotte de robobus électriques (de 8 à 16 passagers) qui vont remplacer nos gros autobus et donner un meilleur service en allant chercher les gens plus près de chez eux, à l’heure de pointe, et en leur offrant une place assise confortable. C’est essentiel d’avoir également des robobus, pas seulement des robotaxis, pour désengorger les routes à l’heure de pointe.
Conclusion
Vraisemblablement, on devrait s’attendre à une diminution d’un facteur 20 des émissions de GES des futurs mini-VÉA robotaxis, par rapport à des voitures à essence traditionnelles. C’est génial! Mais n’oublions pas que c’est encore plus génial si on n’a pas à se déplacer en véhicule. Les transports actifs et le télétravail sont aussi très importants dans l’équation d’une mobilité durable!
Toutefois, ce ne sont pas les GES qui vont constituer le plus gros stress sur l’environnement. C’est plutôt la ponction des métaux stratégiques pour fabriquer les batteries qui risque de poser problème si on n’y fait pas attention. Ils constituent une ressource finie et on va en avoir besoin d’une énorme quantité, surtout que le stockage au sol de l’énergie renouvelable va constituer un marché aussi important pour les batteries que celui des transports électriques.
Dans le prochain article, nous verrons deux scénarios pour s’assurer que tout se passe bien de ce côté.