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Rabais fédéral : ça urge !

Ce que nous avions prédit s’est produit.
Suite à l’annonce budgétaire pour le moins incongrue des incitatifs financiers pouvant atteindre $5000 à l’achat d’un véhicule électrique de moins de $45 000 faite par le gouvernement fédéral il y a plus de 2 semaines et qui entrera en vigueur… Dieu sait quand, les ventes de véhicules électriques ont été pratiquement stoppées net.
Cette situation est extrêmement frustrante pour les acheteurs, mais aussi les concessionnaires et les constructeurs automobiles qui voient une partie de leur inventaire accumuler la poussière et leurs revenus fondre depuis cette annonce… au moment même où les ventes devraient remonter avec l’arrivée du printemps. Comme les derniers mois ont été très tranquilles en ce qui a trait aux ventes de véhicules légers à travers le Canada, le timing est plutôt mauvais.
Et les acheteurs veulent bien évidemment pouvoir profiter de l’arrivée du printemps pour aller chercher leur nouvelle voiture électrique, ce qui est tout à fait compréhensible, n’est-ce pas? Et peut-on les blâmer d’attendre les paramètres du rabais fédéral avant de concrétiser leur achat? Certainement pas.
Cette situation est tellement étrange que certaines personnes en sont même rendues à se demander si cela n’était pas voulu de la part du gouvernement fédéral dans un obscur dessein derrière lequel on retrouverait le lobby pétrolier… dont le but est bien évidemment de voir s’écraser la demande pour les véhicules électriques.
Rassurez-vous, rien de tel n’est derrière cette annonce bâclée.
Pas de concertation 
La vraie raison est désespérément plus simple. Avant que cette annonce ne soit faite, les fonctionnaires qui devaient pondre un programme de soutien à l’essor des véhicules électriques n’ont pas pris soin de consulter tous les acteurs du milieu afin de voir la manière la plus efficace d’atteindre le but visé.
C’est ainsi qu’avant de dévoiler cette mesure, ni les constructeurs, ni les concessionnaires, ni même les acteurs du milieu de l’électrification des transports n’ont pu faire part de leurs anticipations, leurs suggestions ou leurs appréhensions sur ce qui devrait, ou ne devrait pas, être mis en place.
Tout au plus avons-nous eu droit à une pré-annonce pré-électorale de Mme Mc Kenna et M. Guilbault 5 jours avant le budget où ce dernier affirmait avoir conseillé le gouvernement de l’intérêt de mettre en place un rabais de $5000 à l’achat d’un véhicule électrique… sans plus de détails et avec le résultat qu’on connaît.
À tel point que des constructeurs et des associations de concessionnaires telles que la Corporation des Concessionnaires Automobiles du Québec sous la direction de Robert Poëti tirent maintenant la sonnette d’alarme. Si cette bourde occasionne certains désagréments ailleurs au Canada, la situation a un impact beaucoup plus négatif au Québec où, contrairement aux autres provinces, il y a des inventaires importants de véhicules électriques depuis la fin des rabais ontariens. La pression est donc considérablement plus forte sur les concessionnaires québécois que les concessionnaires du reste du Canada. Si ce programme n’est pas annoncé rapidement, cette situation les mettra dans une position vraiment difficile.
Considérant les efforts que plusieurs concessionnaires québécois ont fait pour prendre le virage vers les ventes de véhicules électriques, la pilule est pour le moins amère.
Des messages préoccupants
Depuis le 19 mars, je reçois des messages pour le moins préoccupants. Les fonctionnaires qui auraient dû étoffer ce programme AVANT l’annonce et manifestement manqué leur coup doivent aujourd’hui pédaler à vitesse grand V pour déployer ce programme. Or, selon les infos que j’ai pu glaner à gauche et à droite, il semblerait qu’ils ne pédalent pas si vite que ça et que cette annonce risque d’arriver plus tard qu’on ne l’aurait cru.
En effet, il semblerait que malgré la bourde, on ne sentirait pas tant que ça l’urgence de régler ce dossier qui ne relève pourtant pas de la physique nucléaire.
Des propositions
Ce n’est effectivement pas si compliqué. Tout ce qui a à être fait, c’est de:

  • Déterminer un plafond des rabais qui fait du sens: je propose $55 000, comme celui pour les entreprises;
  • Déterminer la date d’entrée en vigueur du programme: je propose la date du budget ou le 1er avril 2019, afin que ceux et celles qui ont dû prendre livraison de leur voiture électrique depuis le budget puissent, dans un souci d’équité, avoir accès au rabais;
  • Déterminer les rabais en fonction de la technologie et de la grosseur des batteries: je propose un prorata équivalent à celui du Québec: $5000 pour les véhicules 100% électriques et hybrides rechargeables à batteries de 15 kWh et plus; $2500 pour les véhicules hybrides rechargeables à batterie de moins de 15 kWh et plus de 8 kWh. Ce n’est pas parfait, mais ça a le mérite d’être clair et facile à comprendre.

Bref, pas besoin de réinventer la roue. Comme ça marche plutôt bien au Québec, ces messieurs dames de la fonction publique fédérale n’ont donc qu’à s’en inspirer.
Le gouvernement fédéral ne peut pas faire perdurer cette situation ridicule au delà du mois d’avril.
Le ministre des transports Marc Garneau doit donc trancher très bientôt.
Sinon, cette belle annonce n’aura au final été qu’une autre occasion manquée du gouvernement canadien en matière d’électrification des transports.
 

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