Ce matin, j’ai appris avec stupeur que la chaîne de restaurants St-Hubert a été vendue à la chaîne de restaurant canadienne Cara.
Qui est Cara?
C’est la plus vieille entreprise de restauration au Canada. Celle-ci a été fondée en 1883. Elle opère et/ou a des franchises dans certaines des entreprises les plus reconnues du secteur : Chalet Suisse, Harvey’s, Milestones, Montana’s, Kelsey’s, East Side Mario’s, Casey’s, New York Fries, Prime Pubs, etc.
Avant l’achat de St-Hubert, Cara détenait plus de 800 restaurants à travers le Canada, dont 88% étaient opérés par des franchisés. Les restaurants de Cara sont situés partout au Canada, mais surtout en Ontario (72%) (voir www.cara.com).
Cette transaction me préoccupe pour plus d’une raison :
- Les emplois
Le contrôle de cette entreprise étant maintenant détenu par des intérêts hors Québec, cela veut potentiellement dire des pertes d’emplois ici. En effet, je ne serais pas du tout surpris qu’à terme le siège social de St-Hubert soit graduellement déménagé comme c’est le cas après pratiquement toutes les transactions du genre.
De plus, St-Hubert s’approvisionnait en poulet au Québec. Est-ce que ce sera toujours le cas ? Cette question est importante pour les agriculteurs d’ici. Comme on a pu le voir dans la transaction Provigo/Loblaw’s, les garanties qu’avaient donné les dirigeants de Loblaw’s sur la continuation en approvisionnement auprès des agriculteurs québécois n’aurait pas été respectée, selon des sources bien informées.
Et il ne faut pas oublier les emplois chez les transformateurs du Québec. Qu’en sera-t-il de ces emplois ? On a déjà eu beaucoup de pertes dans ce secteur.
- L’électrification des transports
La chaîne de restaurants St-Hubert a été l’entreprise de restauration LA plus proactive au Québec (et probablement au Canada!) pour encourager le développement de l’électrification des transports en participant en temps et en argent au déploiement de bornes de 240 volts dans presque tous ses restaurants et en mettant plus récemment la main à la pâte dans le déploiement de bornes rapides à travers le Québec… sans oublier l’achat de voitures de livraison électriques et de bornes de recharge fabriquées au Québec (AddÉnergie), ce qui a créé des emplois en électrification des transports au Québec (voir ici l’annonce qui avait été faite par St-Hubert et Le Circuit électrique).
Or, lorsque je fais des recherches sur quelque lien que ce soit entre l’entreprise Cara et les transports électriques, les bornes de recharge, les voitures électriques ou quoi que ce soit d’autre dans ce secteur, c’est le désert.
De fait, avez-vous déjà vu une borne de recharge chez Harvey’s, au Chalet Suisse ou chez East Side Mario’s ? Moi pas.
C’est pourquoi je ne peux que me poser certaines questions. Alors que St-Hubert est une entreprise familiale, Cara est inscrite à la bourse de Toronto depuis l’an dernier. Sachant cela, nous sommes en droit de nous demander si des investissements dans des bornes de recharge ou des véhicules électriques (investissements qui doivent être pensés sur le moyen et le long termes) s’intègrent bien dans un modèle d’affaire attaché à la valeur de l’entreprise en bourse ?
Tous ceux et celles qui me connaissent savent à quel point j’aime manger chez St-Hubert. Parlez-en à ma blonde. C’est pourquoi je dois avouer que la nouvelle de ce matin me coupe un peu l’appétit.
Cela dit,
J’espère que des emplois ne seront pas perdus au Québec.
J’espère que la philosophie proactive de St-Hubert en matière d’électrification des transports influencera les autres chaînes de restaurants détenues par Cara.
J’espère…
Mais je suis très sceptique.