Ça fait près de 20 ans que je parle de moyens de diminuer notre dépendance au pétrole pour des raisons écologiques, géopolitiques, sociologiques et bien sûr, économiques.
Au début des années 2000, lorsque j’ai acheté ma première voiture hybride, je parlais de ces enjeux que je considérais extrêmement importants, mais le litre de carburant était apparemment trop bas et le prix de ma voiture (payée environ $23,000 à l’époque) était apparemment encore trop élevé.
2008: Baril à $147 = litre à $1,49
En 2008, la hausse du prix à la pompe cause une commotion. Les lignes ouvertes ne dérougissent pas. Les consommateurs sont furieux: le prix du litre a augmenté à $1,49. Pourtant, je parlais depuis un certain temps déjà dans Le Devoir de ces enjeux et du fait que les gens devraient se tourner vers des véhicules moins énergivores, dont les hybrides.
2008: La crise
Quelques mois plus tard, l’économie frappait un mur, ce qui a fait en sorte que le prix du baril s’est effondré très rapidement.
2010: Ventes record de camions légers
En 2010, avec un prix du baril déprimé, les ventes de camions légers dépassaient pour la première fois depuis la 2e guerre mondiale les ventes de voitures…. au même moment où les gens regardaient avec horreur le pétrole qui fuyait du fond de l’océan suite à l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique.
2012: Nouvelle hausse du prix à la pompe
La reprise économique a de nouveau fait en sorte que les prix à la pompe remontent. Les lignes ouvertes ne dérougissent pas (une fois de plus). Les gens trouvent que le prix du litre est trop cher. Je passe en entrevue à la télé pour commenter ce prix et parle des alternatives.
2014: baisse du prix du pétrole
Le prix du litre redescend et les gens s’engagent dans une course folle à l’achat des camions légers dans des proportions jamais vues: 2/3 des ventes totales… malgré le fait que plusieurs personnes dont moi avertissent les gens que ce n’est JAMAIS une bonne idée de s’acheter un gros véhicule énergivore (à moins d’en avoir absolument besoin) car ça rend vulnérables aux soubresauts des prix à la pompe et donc à la merci des pétrolières.
Une majorité de gens s’en moquent complètement et s’achètent des véhicules de plus en plus gros.
Mai 2018: Baril à $102 = litre à $1,51
Je passe en entrevue à la télé pour une ixième fois pour parler des moyens “alternatifs” de diminuer notre dépendance au pétrole (et aux pétrolières): rouler hybride ou électrique (non, ce n’est pas plus cher), prendre le transport collectif en ville, faire du télétravail, etc.
Bref, ça fait près de 20 ans que je suis de ceux et celles qui avertissent les gens que de se promener en véhicule énergivore, ce n’est pas une bonne idée aussi bien pour notre environnement que pour leur portefeuille.
Malgré cela, on assiste à des ventes record de camions légers plutôt que des véhicules plus petits.
C’est pourquoi je dis ceci à ceux et celles qui ont fait ces choix en toute connaissance de cause:
ASSUMEZ.
Daniel Breton
266 articles
Premier chroniqueur spécialisé en véhicules verts au Canada, Daniel Breton est aujourd’hui président et chef de la direction de Mobilité Électrique Canada, blogueur et consultant en matière d’énergie, d’environnement et d’électrification des transports. Sa carrière politique comme député à l'Assemblée nationale, puis comme ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a été marquée par son implication envers l’environnement. C’est en tant qu’adjoint parlementaire de la première ministre du Québec qu’il a été responsable de la Stratégie d’électrification des transports. Daniel a été chroniqueur sur de nombreuses plateformes reconnues (journaux, télévision et sites Web) et a donné plusieurs conférences sur l’énergie et les transports verts. Mentionnons également qu’il a été conférencier invité au Bangladesh à l'occasion du Sommet de Copenhague, président fondateur du groupe Maîtres chez nous-21e siècle (MCN21) ainsi que coordonnateur et porte-parole de la Coalition Québec-Vert-Kyoto.