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Postes Canada : et si on parlait d’environnement et d’innovations?

La restructuration de Postes Canada a été annoncée en coup de vent et les esprits se sont rapidement enflammés. Bien entendu, quand il y a des milliers d’emplois en jeu, le débat devient rapidement politique, et c’est très difficile pour un personnage public de se positionner en faveur de coupes d’emplois. Malgré tout, il me semble y avoir des éléments intéressants dans cette restructuration qui peuvent permettre de diminuer grandement la consommation de pétrole de ce secteur. Mais plus encore, je crois que les innovations à venir dans l’industrie de la livraison de colis peuvent également aider les familles à diminuer grandement leur empreinte écologique en utilisant de plus en plus la livraison pour se procurer ses biens de consommation.
Maintenant que l’expérience d’achat en ligne fonctionne très bien (ce qui n’était pas encore le cas il y a quelques années), il semble clair de mon point de vue que c’est le système de livraison des achats qui nuit le plus à l’expérience d’achat sur Internet.
Pourquoi parler de livraison sur un site sur les autos électriques? Tout simplement parce que la consommation de pétrole reliée à la livraison et aux déplacements vers des commerces pour effectuer des achats représente probablement l’une des plus grandes sources de consommation de pétrole après les déplacements vers le travail.
La livraison en ligne commence déjà à faire mal à certains commerces. Et ce n’est qu’un début : les entreprises de technologies comme Amazon et Google consacrent d’énormes ressources à optimiser les systèmes de traitement des commandes en ligne.
Réduire la dépendance à l’auto
Présentement, les familles qui vivent sans auto se trouvent souvent marginalisées, car en plus de ne pas être libres de leurs mouvements, elles doivent généralement acheter les produits des magasins de proximité, même s’ils sont plus chers ou de moindre qualité. Le recours à la livraison de colis permet ainsi d’avoir accès à pratiquement tous les produits sans avoir à dépenser des centaines de dollars par mois pour une voiture.
Même si les résidents de Montréal ou de Québec ont accès à une multitude de commerces et de services, se déplacer en ville, même avec une voiture, n’est pas toujours évident. Aller au centre-ville pour acheter un produit n’est pas toujours pratique.
Même pour les familles qui possèdent une voiture, l’accès à un meilleur système de livraison pourrait permettre de réduire l’utilisation de leur auto, et même de permettre à certaines familles de renoncer plus facilement à la deuxième voiture. Mon affirmation peut sembler loufoque, mais de plus en plus d’entreprises expérimentent des systèmes de «livraison le même jour». Amazon offre dans certains marchés la livraison d’épicerie. À Montréal, les Fermes Lufa offrent des services de livraison de légumes dans des points de chute à proximité. La tendance est donc à la livraison de biens dans des délais de plus en plus courts, ce qui va nous permettre d’éviter de nombreux déplacements en voiture au magasin.
Un meilleur système de livraison nécessite des boîtes postales électroniques
De ce point de vue, si on veut améliorer la rapidité et l’efficacité des livraisons, il faut nécessairement passer par l’utilisation de boîtes postales. La livraison de colis à la porte ne fonctionne pas pour la majorité des familles, car il n’y a généralement personne pour recueillir les colis le jour. De plus, cette méthode n’est pas écologique, car elle oblige les entreprises de livraison à faire de coûteux détours pour aller sonner à la porte (parfois à 2 reprises) avant d’aller finalement laisser le colis à un point de collecte.
La tendance de l’industrie semble donc passer par l’utilisation de boîtes électroniques. Ces boîtes sans clé peuvent être ouvertes via une clé électronique, un téléphone intelligent ou par un terminal.
Ce type de boîte pourrait modifier complètement les méthodes de distribution des colis :
-Moins de boîtes postales : Pas besoin d’attitrer une boîte spécifique à chaque utilisateur.
-Facilite l’envoi de colis par les résidents : Les expéditeurs n’ont plus à aller au bureau de poste pour envoyer un colis. Ils peuvent simplement déposer leur colis dans une boîte électronique.
-Impartition de la livraison : L’accès aux boîtes peut être partagée par différents types de livreurs : chauffeurs de taxi, courrier à vélo, etc. Ainsi, il serait de plus en plus facile de combiner les modes de transport pour livrer les colis plus efficacement.
-Livraison point à point : Présentement, tous les colis doivent passer par un bureau de poste et par le centre de tri. Les distances parcourues par les colis sont donc loin d’être optimales. Grâce à des boîtes électroniques, les colis pourraient être regroupés en fonction de leur destination et dirigés directement vers cet endroit plutôt que de passer par le centre de tri. Encore là, on peut voir une synergie potentielle avec les taxis. Je suis persuadé que bien des clients de taxis seraient disposés à passer par une boîte postale en échange d’un rabais afin de permettre au chauffeur de prendre quelques colis en passant.

Électrification et optimisation de la flotte.
Même si on pouvait argumenter que le système actuel pourrait aussi être électrifié, je crois qu’il y plusieurs éléments dans les changements annoncés par Postes Canada qui favoriseront l’électrification des transports.
Moins d’intermédiaires = moins de déplacements
On peut penser que parce que la livraison sa fait par des facteurs à pied, le système actuel est écologique. Or, il faut comprendre que les facteurs doivent souvent se déplacer très loin de leur domicile pour livrer leur courrier. Donc, contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’utilisation d’un facteur génère beaucoup de GES et est cause de congestion. Le plus écologique est clairement de demander aux citoyens de marcher quelques mètres pour aller chercher leur courrier.
Réduction de la flotte
Clairement, comme le mode de distribution sera plus efficace, le nombre de véhicules nécessaires à Postes Canada sera moindre. Donc, déjà là, la diminution des importations reliées à l’acquisition de véhicules sera considérable. Et, bien entendu, la réduction de la flotte rendra l’électrification moins coûteuse et plus rapide.
Optimisation de la flotte
On peut imaginer l’immense logistique que représente la livraison des lettres aux facteurs. Afin de s’assurer que les facteurs n’attendent pas le courrier, il faut s’assurer d’avoir des délais de sécurité à chaque étape du processus de livraison, ce qui engendre généralement d’énormes inefficacités. Qui dit flexibilité, dit aussi plus grande flexibilité dans l’horaire de la recharge des véhicules. L’implantation d’un système plus flexible sera donc beaucoup plus propice à l’implantation de véhicules électriques.
Aussi, comme la livraison de colis à domicile ne peut pas se faire à n’importe quelle heure de la journée, ça impose encore une fois des contraintes à l’utilisation de la flotte. Le pire, c’est qu’on doit faire les livraisons lorsque les routes sont congestionnées. L’utilisation de la flotte très tôt le matin et tard le soir permettra d’optimiser grandement la flotte et, encore une fois, de réduire l’impact du cycle de vie des véhicules pour chaque livraison.
Ce qui me plaît grandement avec les camions électriques, c’est que le silence du moteur les rend particulièrement propices à la livraison tôt le matin et tard le soir.
Oui à la concurrence et à l’innovation
Je comprends que certaines personnes puissent voir les coupes dans un service public d’un mauvais oeil. Mais il faut comprendre que les services publics créent de facto des monopoles. Un monopole engendre nécessairement des inefficacités et un manque d’innovation. Quand on privatise un service, ça veut aussi dire qu’on crée de la concurrence et des opportunités pour d’autres industries. Qui dit concurrence, dit gestion des coûts serrée. C’est dans ce contexte que presque toutes les multinationales de livraison de colis ont des projets pilotes liés à l’électrification des transports et autres types de véhicules écoénergétiques, car elles visent toutes à réduire leurs coûts d’exploitation.
Un exemple concret de l’innovation et d’évolution possible de l’industrie de la livraison est la possibilité que les chauffeurs des taxi combinent de plus en plus leurs services à la livraison de petits colis. C’est en effet ce que l’entreprise Uber est présentement en train de tester grâce à son application et ses puissants algorithmes. Certains médias financiers voient déjà cette entreprise comme un sérieux compétiteurs aux FedEx et UPS de ce monde. Dans le futur, vous pourriez donc partager votre course de taxi avec un bouquet de fleurs ou des vêtements reprisés! Moi qui m’intéresse grandement à la mobilité durable, je vois d’un très bon oeil les services de navettes fusionner avec l’industrie de la livraison.
Encore là, ces nouvelles opportunités vont aider à réduire les coûts d’exploitation des taxis et favoriser leur électrification.
J’espère donc que le débat actuel s’élargira quelque peu et qu’on pourra essayer de remettre en question le modèle actuel qui me semble clairement dépassé.
Mon mémoire déposé à la consultation de la ville de Montréal.
http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/COMMISSIONS_PERM_V2_FR/MEDIA/DOCUMENTS/MEM_DUSSAULT-VINCENT_20150120.PDF
 

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