Voitures électriques

On roule dans le mauvais sens

Le tout dernier rapport annuel L’état de l’Énergie 2019 (1) vient d’être publié et celui-ci confirme la tendance lourde: À tous égards, on roule dans le mauvais sens en ce qui a trait au portrait routier québécois.
Voici quelques chiffres qui démontrent à quel point notre consommation de pétrole, le nombre de véhicules sur nos routes et nos GES augmentent en transport.
1- De plus en plus de pétrole consommé… dont l’essence
Alors que la politique énergétique 2030(2) présentée par le gouvernement précédent visait une diminution de 40% des produits pétroliers consommés au Québec en 2030 par rapport à notre consommation de 2013, celle-ci a plutôt augmenté de 4,9% entre 2013 et 2017.
Pire, la consommation d’essence, le principal produit pétrolier que les simples citoyens utilisent pour leurs voitures et camions légers, a elle-même augmenté de 12,7% entre 2013 et 2017.

 
2- De plus en plus de camions légers
Les ventes de camions légers (VUS, minifourgonnettes et camionnettes) sont en hausse constante, dépassant même les ventes de voitures depuis 2015. Ainsi, de 1990 à 2017, nous avons assisté à une hausse des ventes de camions légers de 246% pendant que les ventes de voitures ont diminué de 28%. Comme ces camions légers consomment généralement plus de carburant que les voitures, (8,4 L/100 km en moyenne pour les voitures VS 10,8 L/100 km en moyenne pour les camions légers en 2016, soit 29% de plus) l’augmentation de la consommation d’essence n’a rien d’un secret car il ne faut pas oublier que ce ne sont pas les trains, les bateaux de marchandise ou les camions lourds qui consomment de l’essence, mais nos véhicules personnels.

 
Selon les données compilées par ce rapport “de 2007 à 2017, le taux de motorisation est passé de 523 à 567 véhicules pour 1 000 Québécois. Durant cette période de 10 ans, le taux de croissance démographique a été de 9 %, alors que le nombre de véhicules de promenade (automobiles et camions légers, selon la classification de la SAAQ) augmentait du double, soit de 18 %.”
Selon les données de la SAAQ (3), 4 022 129 véhicules de promenade (autos et camions légers) circulaient sur les routes du Québec en 2007. En 2017, nous étions rendus à 4 758 010 de ces véhicules, soit 735 881 véhicules de promenade supplémentaires en 10 ans.
Si on ajoute l’augmentation de plus de 32 112 voitures et camions légers utilisés pour des raisons institutionnelles, professionnelles ou commerciales durant la même période, (de 432 586 en 2007 à 464 698 en 2017) nous en sommes à + 767 993 voitures et camions légers sur nos routes en 10 ans.

Donc, je le répète,

nous ne sommes pas pris dans le traffic,

nous sommes le traffic.

3- De plus en plus d’argent pour les camions légers
Non seulement les consommateurs dépensent-ils plus d’argent pour du carburant en roulant en camions légers, mais ils dépensent aussi plus d’argent pour ces mêmes camions. La facture s’est élevée à $12 milliards VS $5,4 milliards pour les voitures, une croissance de 6,1% en un an.
 

 
4- De plus en plus de GES en transports
Évidemment, toutes ces augmentations ne peuvent que résulter en une hausse des GES.
Par exemple:

  • Les émissions de GES des camions légers à essence ont augmenté de 124%… entre 1990 et 2016.
  • Les émissions de GES des camions légers à essence ont augmenté de 5%… entre 2015 et 2016.
  • Les émissions de GES des camions légers au diésel ont augmenté de 214%… entre 1990 et 2016.
  • Les émissions de GES des camions légers au diésel ont augmenté de 16%… entre 2015 et 2016.
  • Les émissions de GES des véhicules lourds à essence ont augmenté de 144%… entre 1990 et 2016
  • Les émissions de GES des véhicules lourds à essence ont augmenté de 5%… entre 2015 et 2016
  • Les émissions de GES des véhicules lourds au diésel ont augmenté de 179%… entre 1990 et 2016

 
Après avoir plafonné et même diminué entre 2010 et 2013, les émissions de GES du secteur des transports ont recommencé à augmenter depuis 2014. (4)

On se répète
Encore une fois, les chercheurs qui ont publié le rapport annuel sur l’état de l’énergie du Québec ont fait un travail de grande qualité. Cela dit, d’année en année, j’ai l’impression que nous ne faisons que nous répéter: De plus en plus de camions légers, de plus en plus de GES en transports, etc.
J’ai moi-même fait part de mes préoccupations à cet égard dès 2004 lorsque j’écrivais pour Auto123, en 2009  dans une de mes chroniques au Devoir, en 2012 dans une entrevue avec Louis-Gilles Francoeur (5), plus tard la même année lorsque j’étais ministre de l’environnement, en 2014 en tant que responsable de la stratégie québécoise d’électrification des transports et en 2017 pour RoulezÉlectrique.com (6).
Si le déploiement des véhicules électriques s’accélère au Québec, nous sommes encore loin du moment où nous pourrons affirmer que les tendances en matière de consommation d’essence ou de GES en transport sont renversées.
Ça va en prendre plus.
Beaucoup plus.
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