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LETTRE AU MINISTRE DES TRANSPORTS [LA PRESSE+]

Stéphane Banfi a publié un article aujourd’hui à l’intérieur de la section «DÉBATS» de LA PRESSE +, incitant le ministre des transports du Québec, M. Robert Poëti, à en faire plus pour favoriser l’adoption de l’électrification des transports dans la Belle Province.  Il donne en exemple la Norvège, référence obligée en la matière.
Il est agréable de constater que le «momentum» auprès de la population, du moins au Québec, prends de l’ampleur!


LETTRE AU MINISTRE DES TRANSPORTS
-Le Québec pourrait devenir un leader en matière de voitures électrique
STÉPHANE BANFI, Montréal
M. Poëti,
Je voudrais m’acheter un véhicule électrique (VÉ) et je voulais partager une réflexion avec vous.
Je sais qu’il y a un incitatif de 8000 $ de votre gouvernement à l’achat d’un VÉ, mais pourquoi ne pas être plus agressif comme, par exemple, en exemptant également les véhicules électriques de la taxe de vente ? En Norvège, le gouvernement a instauré un programme incitatif si avantageux que les Norvégiens, dont la population est de cinq millions, ont franchi le cap de 50 000 véhicules électriques cette année ! Le gouvernement a même dû faire marche arrière sur certains avantages, ce qui est un bien beau problème, vous en conviendrez. Et tout cela, même si la Norvège est un pays producteur de pétrole.
Pendant ce temps au Québec, leader de production hydro-électrique, au 30 novembre 2014, la SAAQ recensait 5082 véhicules électriques.
Je soupçonne que le gros problème de votre gouvernement à pousser les gens vers les véhicules électriques est l’éventuelle perte de revenus sur les taxes sur l’essence. Mais la conversion vers les véhicules électriques doit nécessairement se faire de façon graduelle, quitte à augmenter les taxes sur l’essence initialement pour compenser le manque à gagner puis, graduellement, ajuster les tarifs d’électricité.
Est-ce qu’en 2015, les Québécois seraient prêts à payer leur essence ou leur électricité un peu plus cher pour avoir de l’air plus propre ? Si on regarde la réaction populaire au déversement d’eaux usées de la Ville de Montréal, la réponse est limpide : OUI. Mais pour cela, il faut expliquer clairement que le statu quo n’est plus viable.
Tout comme on ne peut spontanément déverser de la saleté dans l’eau, la même logique doit s’appliquer à l’air (parlez-en à Volkswagen).
Pendant ce temps, le parc automobile augmente constamment (augmentation de 10,9 % de véhicules, de 2006 à 2011 au Québec) donc, malgré tous les efforts, le transport collectif n’est pas une alternative réaliste pour remplacer la culture de l’automobile. Et conséquemment, la qualité de l’air se détériore. En 2014 à Montréal, le nombre de journées où l’air était de mauvaise qualité, et considéré comme dangereux pour la santé publique, a bondi de 21 %. Bref : on fait quoi à part dire aux gens qu’ils ne peuvent plus faire de feux de foyer l’hiver ?
Voilà le gros du problème. Pour un véritable changement, il ne faut pas se contenter de gestes ou de directives isolés, mais il faut que l’électrification des transports se fasse dans le cadre d’un mouvement rassembleur québécois. Nous avons Hydro-Québec. Nous avons Bombardier. Nous sommes la province canadienne qui achète le plus grand nombre de véhicules électriques. Pourquoi ne pas se prendre en mains sur le plan énergétique et être un vrai leader ? Nous pouvons, dès maintenant, nous propulser avec une énergie propre, produite ici, au lieu de l’importer au détriment de notre santé.
Finalement, il faut aussi que les employeurs emboîtent le pas plus rapidement dans ce mouvement. Je sais que le programme « Branché au travail » a été lancé l’an dernier afin d’augmenter les bornes de rechargement au travail, mais il devrait y avoir une directive claire et un échéancier ferme du gouvernement, en commençant par toutes ses sociétés d’État et ses institutions. Toutes les SAQ devraient avoir des bornes électriques, les bureaux des différents ministères, les hôpitaux, les universités et ainsi de suite.
Je crois fermement que nous avons tous les ingrédients pour réussir, mais il manque un filon collectif. Le Québec a besoin d’un électrochoc pour prendre le virage électrique, car nous sommes près du fameux point de non-retour.


Source: La Presse+ édition du 08 novembre 2015

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