Elon Musk a annoncé dans une entrevue au Financial Times qu’il comptait développer une voiture qui se conduit toutes seule presque tout le temps (90%). Ça fait longtemps que je crois que les voitures sans conducteurs pourraient révolutionner l’industrie encore davantage que l’auto électrique. Et comme je l’avais écrit il y a presque un an déjà (voir le texte ci-bas), ces deux technologies offrent de nombreuses synergies. Elles sont dont loin de s’opposer et elles ont avantage à se développer ensemble.
Même si certains vont s’empresser de dire qu’Elon Musk est trop ambitieux, sachez qu’il est seulement un peu plus ambitieux que certains constructeurs, et peut-être un peu moins que Google. En fait, pratiquement tous les contructeurs ont annoncé un objectif de commercialiser une telle technologie d’ici 5 à 10 ans. Nissan a d’ailleurs pour objectif de commercialiser un véhicule totalement autonome d’ici 2020.
En ce qui concerne Tesla, je crois que Elon Musk a réalisé que la seule manière d’électrifier rapidement le parc automobile est de s’assurer que chaque voiture qui sort de ses usines soit utilisée le plus possible. Il mentionne d’ailleurs régulièrement que le manque de capacité de production de batterie pourrait ralentir la croissance de son entreprise. Donc pour chaque voiture électrique autonome, dix ,voire vingt voitures à essence pourraient être éliminées des routes grâce à des système de location en libre service.
Pour ceux qui s’intéressent au sujet, ce compte Twitter permet de suivre les derniers développements de cette technologie https://twitter.com/driverlesscarhq
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Et si l’auto se rendait elle-même à la borne de recharge? (publié le 18 octobre 2012)
Maintenant que la voiture électrique est là, mon intérêt se déplace lentement vers une autre technologie en émergence. Je me suis retenu pendant quelque temps d’en parler sur ce blogue, car je ne savais pas à quel point certains pourraient la considérer hors sujet. Mais j’ai enfin une preuve très concrète qu’il y a un lien avec les voitures électriques. Je peux donc en parler sur ce blogue! La technologie qui m’intéresse, c’est celle des voitures autonomes. À peu près tout le monde a déjà entendu parler du « Google car ». Mais depuis que je lis des articles sur le sujet, je mentionne à qui veut bien l’entendre que ce qu’il nous faut le plus rapidement possible, ce n’est pas une voiture qui se conduit toute seule tous le temps, mais surtout une voiture qui peut se déplacer toute seule quand nous ne somme pas à l’intérieur de la voiture. Et bien, il semble que cette voiture existe!
En effet, le site greencarreport.com rapporte que Nissan a équipé la Leaf d’un tel système. Ce prototype a été exposé au Japon. Il y a encore peu de détails sur sa commercialisation, mais le nom du prototype (NSC-2015) suggère que Nissan compte introduire une 1ère version en 2015! Donc, on peut tenir pour acquis que la Leaf aura cette option au plus tard en 2017, donc de 2 à 4 ans. Dans l’industrie des transports, c’est demain matin! Dans les quartiers centraux des villes, il est très difficile d’adopter la voiture électrique, car on ne peut pas charger notre voiture quand elle est stationnée dans la rue. Ainsi, une voiture qui peut aller se garer toute seule et même aller se charger toute seule serait une technologie vraiment intéressante. En utilisant la recharge par induction (disponible sur la Leaf 2014), une telle voiture pourrait se rendre à une borne de chargement. Encore mieux, elle pourrait dégager la place lorsqu’elle aurait assez de charges. Ainsi, une même place de chargement pourrait servir à plusieurs voitures et permettrait d’amortir les coûts élevés de l’installation des bornes et du stationnement en ville. Mais il y a encore mieux. Quand on s’arrête à y penser, ce type de technologie ne résout pas seulement les problèmes reliés à l’auto électrique, mais plusieurs autres problèmes de mobilité urbaine.
1-La voiture parfaite pour l’autopartage
En ville, plusieurs personnes seraient prêtes à se passer d’une auto, mais l’autopartage demande certains sacrifices: les voitures ne sont pas toujours à proximité. Pour quelqu’un qui a des enfants, il n’est pas possible de les laisser plusieurs minutes sans surveillance. Et aller chercher une voiture à quelques coins de rue avec un enfant peut être assez pénible. Le prototype de Nissan répond à ces problèmes.
2-La voiture en libre service
Si on pousse le raisonnement encore plus loin, la voiture autonome peut également maximiser le partage des voitures en permettant l’utilisation en libre service. Ainsi, dès que quelqu’un libère une voiture, elle peut instantanément être réquisitionnée par quelqu’un d’autre ou elle peut simplement retourner à son point de départ. Comme il n’y a personne à l’intérieur, la notion de vitesse de déplacement n’est pas réellement un critère important. Le soir, elle pourrait donc retourner à une gare ou une station de métro pour chercher d’autres passagers.
3-La fin des stationnements incitatifs.
Le concept du stationnement incitatif est hautement inefficace. Il est très dispendieux à aménager. À moins d’y consacrer d’énormes ressources, il ne permet pas de générer assez d’affluence dans les transports collectifs pour réduire significativement la congestion routière. Il occupe beaucoup d’espace près des transports publics alors que des aménagements de type TOD (transit oriented development) seraient beaucoup plus efficaces. La meilleure façon d’utiliser les voitures autonomes serait bien entendu en mode libre-service. Mais même dans un contexte de voitures privées semi-autonomes, les stationnements incitatifs pourraient devenir inutiles puisque les voitures pourraient aller se stationner toutes seules dans les rues avoisinantes et ainsi rendre l’accès aux transports collectifs beaucoup plus facile. Avec une application mobile, la voiture pourrait automatiquement se déplacer vers la gare lorsque le GPS de l’appareil mobile approcherait de la destination. Donc, par le temps que le propriétaire de l’auto se rende au débarcadère, l’auto serait déjà là.
4-La fin des problèmes d’autonomie électrique
On peut même penser à une fonction du système d’auto en libre service qui permettrait de changer d’auto en cours de route. Si au départ, une voiture n’a pas l’autonomie pour atteindre la destination désirée, une application mobile pourrait proposer de changer de voiture en cours de route. Les 2 voitures pourraient ainsi se donner rendez-vous pour effectuer l’échange. Une fois l’échange effectué, la voiture déchargée pourrait tranquillement rejoindre une borne de recharge. Même si une telle fonction n’est pas en place, le simple fait d’utiliser des autos en libre service peut aider à diminuer les problèmes d’autonomie puisqu’il est seulement nécessaire de faire les trajets dans une direction. Il est ainsi possible d’utiliser une autre voiture ou un autre mode de transport pour le retour.
En conclusion, je crois que la voiture autonome a un immense potentiel. Alors qu’une voiture en autopartage classique permet de remplacer dix voitures, il semble clair qu’une voiture en autopartage autonome pourrait en remplacer encore plus. En plus de favoriser l’émergence de la voiture électrique, elle pourrait donc devenir une alternative écologique et économique à la voiture individuelle. Sans compter la précieuse économie d’espace qu’elle pourrait entraîner dans les zones urbaines.
Pour voir le prototype en action, cliquez ici :
http://www.digitaltrends.com/international/nissan-demos-the-nsc-2015-a-car-that-can-drive-and-park-itself/