100,000 et 1 million
Lors du dévoilement de la nouvelle politique énergétique du gouvernement du Québec, celui-ci a répété son objectif de 100,000 voitures électriques sur les routes du Québec en 2020 et a annoncé que son objectif d’adoption de véhicules électriques sur les routes du Québec pour 2030 était d’un million.
À peu près tous les observateurs s’accordent pour dire que l’objectif de 100,000 voitures électriques sur les routes du Québec en 2020 ne sera pas atteint. Il était d’ailleurs plutôt intéressant de voir la réponse du ministre Arcand à une question de la part d’une journaliste sur ce sujet précis.
Celui-ci s’est contenté de dire qu’il fallait être optimiste dans la vie.
En ce qui a trait à l’objectif de 1 million de voitures électriques sur les routes du Québec en 2030, celui-ci est faisable, mais demandera des mesures musclées qu’on n’a pas vu dans la politique du gouvernement. Il est important de rappeler que les rabais à l’achat de voitures électriques ne dureront pas éternellement et que le gouvernement devra trouver d’autres moyens pour favoriser cette transition s’il veut atteindre le chiffre magique de 1 million.
Loi Zéro Émission
Une nouvelle intéressante était la confirmation par le gouvernement de sa volonté de faire adopter une loi Zéro Émission. C’est une bonne nouvelle. Cela dit, les propos du ministre Daoust à une question de Sylvain Juteau lors de l’événement « Branchez-vous » du week-end dernier étaient peu rassurants. En effet, il était étonnant d’entendre le ministre dire que cette loi pouvait potentiellement nuire à la vente de voitures neuves. Voici ce qu’il a répondu à Sylvain Juteau en ce qui a trait à une future loi Zéro Émission.
« Si ça fait que les gens n’achètent plus d’autos et gardent leur vielle auto, c’est pas bon… »
Je ne sais pas pour vous, mais personnellement j’aimerais bien qu’il m’explique quelle logique se trouve derrière cet argument en défaveur d’une loi Zéro Émission. Bref, en quoi l’adoption d’une loi Zéro Émission pourrait nuire aux ventes de voitures neuves.
De plus, toutes les Lois Zéro Émission n’étant pas égales comme l’a très justement souligné Sylvain au ministre, il faudra s’assurer que cette loi s’inspire de ce qui est appliqué en Californie… en mieux.
5000 emplois en électrification des transports
Là où la situation est particulièrement préoccupante, c’est dans le dossier des emplois dans le secteur de l’électrification des transports. Le gouvernement a annoncé lors du dévoilement de sa politique énergétique que 5000 emplois seraient créés dans ce secteur d’ici 2030.
Or, lorsque le gouvernement a présenté son plan d’électrification des transports en octobre dernier, un aspect qui est passé inaperçu est les montants alloués pour les secteurs de la recherche, du développement, de l’industrialisation, de la commercialisation et de l’exportation de produits et technologies québécoises dans le domaine.
Lors de ce dévoilement, j’ai fait une compilation des budgets prévus pour l’aide à la recherche, l’innovation, l’industrialisation, la commercialisation et l’exportation.
Alors que la stratégie d’électrification des transports du gouvernement précédent prévoyait $266 millions sur 3 ans dans les secteurs combinés de la R & D, de l’industrialisation, de la commercialisation et de l’exportation, le plan d’électrification des transports du présent gouvernement a accordé $86,75 millions sur 5 ans pour l’ensemble de ces secteurs.
Nous sommes donc passés d’un budget de $89 millions par année pour soutenir le développement d’une filière économique Québécoise en électrification des transports à $17 millions par année, soit une baisse de 80% annuellement.
Ainsi, le montant alloué dans le budget de cette année pour l’électrification (Fonds Vert) est de $17,5 millions.
Donc, nous aurons beau répéter que ce secteur en est un d’avenir, si nous n’appuyons pas les PME, les innovateurs, les « start-ups » et autres patenteux de génie du Québec, nous ne ferons que brancher des voitures, camions et autres véhicules électriques à des bornes québécoises et nous aurons donc manqué le bateau comme endroit où développer une expertise et créer beaucoup d’emplois.
À moins de renverser la vapeur de façon très importante, la cible de 5000 emplois ne sera donc pas atteinte, faute de moyens.
Or, le temps de foncer est maintenant. Pas dans 10 ans. Il sera alors trop tard.
La conversion vers le gaz naturel.
Cet aspect de la stratégie énergétique n’a pas manqué d’en faire sourciller plus d’un. Alors que plusieurs analyses, dont celle de notre collègue Pierre Langlois, démontrent clairement que la conversion de camions du diesel vers le gaz naturel ne représente pas une solution pour diminuer les GES, le gouvernement va de l’avant avec cette mesure.
C’est inacceptable.
En résumé, dans le secteur de l’électrification des transports au Québec, il reste encore une bonne marge… entre les babines et les bottines.