En ce qui concerne la transition énergétique, il y a deux types de personnes qui m’énervent. Deux types très différents, on peut pratiquement les placer à chaque extrémité du spectre lumineux !
D’un côté, il y a le gars bedonnant, un peu rustre qui se fiche de l’environnement, qui tripe sur les gros moteurs, qui consomme du pétrole sans bon sens et qui adore parler contre les voitures électriques.
De l’autre côté, c’est le contraire ! C’est le woke distingué qui fréquente les bons restaurants, qui voyage en Europe et en Asie et qui, misère de misère, parle lui aussi contre les voitures électriques !
Eh oui, ça existe ! Ils ont moins nombreux, mais leurs influences peuvent être encore plus nocives, surtout lorsqu’ils ont la plume facile !
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Celui que j’ai dans ma mire aujourd’hui s’appelle Taras Grescoe. Il est né à Toronto, il a travaillé à Vancouver et il vit aujourd’hui à Montréal. Écrivain, journaliste, globe-trotter, il vend des articles à diverses publications dont le magazine l’Actualité. Moi, c’est comme ça que je l’ai connu, car je me suis abonné à ce magazine cet hiver. De quoi parle-t-il ? Son champ d’intérêt tourne autour de l’avenir des transports et de l’électrification de ceux-ci.
Vous vous doutez bien que ça m’intéresse ! Sauf qu’à chaque fois que je le lis, je suis déçu, parfois même choqué. Pourquoi ? C’est que M. Grescoe n’est pas un fan du transport électrique individuel comme moi, mais un fan du transport électrique en commun !
Ce qu’il aime, ce sont les trains électriques avec caténaire, c’est-à-dire puisant leur énergie dans des fils suspendus au-dessus du train. Taras déteste les batteries qui demandent l’extraction de grosses quantités de métaux.
Il est même convaincu qu’il serait suicidaire d’un point de vue environnemental de remplacer les 1,4 milliard de véhicules ICE dans le monde par 1,4 milliard de véhicules à batterie. Il souhaite plutôt qu’on cesse de posséder des voitures au profit de trains électriques à haute vitesse, de tramways électriques et de trains de banlieue, comme le REM.
Après une critique en règle des Tesla (Tesla est morte !), je suis tombé sur l’article : « L’avenir est électrique ! » Je trouvais que ça avait l’air intéressant. Je commence à le lire. Encore une fois, au milieu de son article, notre homme se met à parler contre les voitures électriques…
Et quels arguments utilise-t-il pour dénigrer les VÉ ? Les mêmes que ceux utilisés par les pro-pétrole ou les climato-sceptiques ! Des arguments qui ne sont pas toujours fiables ou qui exagèrent certains faits.
Par exemple, dans « L’avenir est électrique ! », Taras Grescoe nous parle encore des enfants qui travaillent dans les mines au Congo, des écosystèmes détruits au Chili, des incendies de batterie qu’on n’arrive plus à éteindre ou de la pollution engendrée par le caoutchouc de pneus.
Moi ça m’énerve, car en tenant ce genre de discours, Taras Grescoe n’encourage pas les gens à passer à la voiture électrique, au contraire, il les encourage à rester à l’essence !
Je comprends évidemment son idée : lui souhaite qu’on n’achète ni un ni autre et qu’on fasse plutôt tout à pied, à vélo ou en transport en commun. Sauf qu’en réalité, il ne va pas convaincre les milliers de lecteurs de l’Actualité de se débarrasser de leur voiture. Ses arguments vont juste les convaincre de ne pas s’acheter de voiture électrique.
Et pour moi, c’est choquant et inacceptable ! On a pas le droit de parler en mal de quelque chose qui fait consensus partout sur Terre dans le seul but de promouvoir ses utopies. Car oui, pensez qu’en Amérique on pourrait déployer des trains électriques partout et ne plus avoir à utiliser sa voiture est carrément utopique. N’importe qui de sensé vous dira plutôt qu’il faut encourager les gens à passer à la voiture électrique. Quitte à les encourager ensuite à prendre davantage le train.
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Vous trouvez que les propos de Taras Grescoe ne sont pas si utopiques ? Vous croyez qu’il faut expliquer les choses telles qu’elles sont ?
Écoutez, je ne suis pas contre les transports en commun, loin de là. Je suis même très en faveur. Pour tous ceux qui travaillent dans les centres-ville des grandes villes canadiennes et américaines, ça devrait être la norme. D’ailleurs, jamais je ne me taperais 3 heures de voiture par jour pour aller travailler. J’utiliserais les transports en commun, c’est sûr !
Mais je tiens à conserver ma voiture quand même. La possession d’une voiture est très importante pour moi. Et je suis loin d’être le seul à penser comme ça dans ce pays.
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C’est sûr que c’est « cute » d’imaginer un monde sans voiture. Plein de petites villes piétonnières partout reliées entre elles par des trains électriques. Tout se fait par train, même le transport des marchandises. Sauf que pourquoi on ne voit pas ça nulle part ? Pourquoi, partout sur Terre, peu importe le pays, le régime politique, les traditions et les cultures, il y a toujours des routes et des voitures ?
C’est pour moi la preuve que la voiture répond à un besoin viscéral chez une part importante de la population.
Moi, en tous cas, j’adore l’idée que l’homme ait inventé et construit des routes qui vont partout et qu’on puisse utiliser ces routes avec un véhicule pour aller où bon nous semble. Je trouve que ça rend la vie plus amusante, plus spéciale, moins prévisible. C’est nono, mais je me sens plus libre dans un monde où il y plein de routes et de carrefours qu’un monde avec uniquement des rails et des gares.
Ces temps-ci, je suis très heureux. Je pars avec ma Bolt EUV dans une région quelconque (la dernière fois, ça été Lachute). Une fois rendu là, je débarque mes deux vélos électriques et je pars à l’aventure avec ma femme ! Oui, bien sûr, ma Bolt et mes vélos ont produit du CO2 en 2021 lors de leur fabrication. Mais depuis, plus rien ! Je peux me promener tant que je veux sans émettre quoi que ce soit.
N’est-ce pas merveilleux ? Eh bien, c’est ça qu’il faut raconter aux lecteurs du Magazine l’Actualité et non pas que la voiture électrique pourrait s’avérer une catastrophe écologique, comme le fait Taras Grescoe !
Pour accéder au blogue High Speed, de Taras Grescoe : lien