On sait tous que la subvention québécoise de 7 000 $ pour l’achat d’un véhicule électrique est populaire au Québec et que les gens sont tristes de la voir partir. Or, serait-ce une bonne idée de la remplacer par un nouveau programme en 2027 qui ne coûterait pas un sou au gouvernement, mais qui continuerait à nous encourager à acheter des voitures électriques ? Je parle bien sûr du fameux bonus-malus (qu’on peut également appeler redevance-remise).
Comment ça fonctionne ? Simple. On exige une redevance (un certain montant d’argent) à ceux qui achètent des véhicules polluants et on utilise ce montant pour offrir une remise à ceux qui achètent des véhicules propres.
L’organisme Equiterre prône son adoption au Québec depuis des années. Et moi récemment j’ai lu un article fort intéressant dans La Presse. C’est le journaliste Francis Vailles qui, après avoir étudié le modèle français, a décidé de nous en proposer un, simplifié et adapté au Québec. Laissez-moi vous monter son tableau.
Comment il s’y est pris
M. Vailles a choisi un certain nombre de véhicules représentatifs de notre marché. Il a demandé à Equiterre Québec combien de tonnes de GES émettaient ces véhicules durant toute leur vie utile en roulant au Québec (incluant leur fabrication, une durée de vie de 15 ans et un kilométrage de 20 000 km annuellement).
Cela a donné ceci :
A. Véhicule 100 % électrique | Tesla Model Y | 13 tonnes |
A. Véhicule 100 % électrique | Hyundai Kona EV | 13 tonnes |
A. Véhicule 100 % électrique | Hyundai lONIQ 5 Long Range | 14 tonnes |
A. Véhicule 100 % électrique | Kia Niro EV | 14 tonnes |
A. Véhicule 100 % électrique | Toyota BZ4X roues avant motrices | 15 tonnes |
A. Véhicule 100 % électrique | Volkswagen ID.4 Pro AWD | 16 tonnes |
A. Véhicule 100 % électrique | Ford F150 Lightning | 21 tonnes |
B. Véhicule hybride rechargeable | Toyota Prius Prime | 35 tonnes |
C. Véhicule hybride | Toyota Camry Hybride | 46 tonnes |
D. Véhicule à essence | Honda Civic | 67 tonnes |
D. Véhicule à essence | Nissan Rogue | 77 tonnes |
D. Véhicule à essence | Ford F-150 | 107 tonnes |
Sources : La Presse, Roulons Électrique et Équiterre.
Ensuite, notre journaliste a établi que la quantité de GES acceptable pour une voiture en 2024 était de 35 tonnes en tout et partout.
Ainsi, au-delà du seuil des 35 tonnes, la redevance serait de 250 $ la tonne. À l’inverse, les voitures sous ce seuil recevraient une remise de 250 $ la tonne.
Pourquoi 250 $ la tonne, pourquoi pas 100 $ ou 500 $ ? C’est que ce prix « avoisine ce que certains économistes considèrent comme le coût des GES pour la société », explique M. Vailles.
Voici ce que cela donne :
Avouez que son système est intéressant ! Le meilleur bonus approcherait les 6 000 $ (on est près de la subvention actuelle) et le pire malus atteindrait 18 050 $.
Comme le dit notre journaliste : « ce système aurait l’avantage de décourager l’achat de véhicules polluants et d’encourager les autos peu ou pas polluantes ». Et en plus, il ne coûterait pas un sou au gouvernement, car ce sont les redevances (malus) qui financeraient les remises (bonus).
Une bonne idée, vraiment ?
Sauf que deux lecteurs m’écrivant régulièrement des commentaires (Léo et Sylvain) m’ont fait réaliser il y a 15 jours que ce n’était peut-être pas une si bonne idée finalement. Premièrement, Léo m’a dit que les gens détestent les pénalités, ils perçoivent ça comme un affront et ça leur fait haïr leurs gouvernements. Léo dit que ces derniers devraient plutôt resserrer les règles envers les constructeurs.
Quant à Sylvain, il dit qu’on le fait déjà avec la loi Zéro Émission, que dans les dix prochaines années, tous les constructeurs devront remplacer progressivement leurs véhicules à essence par des véhicules électriques. Sylvain m’a même dressé la liste montrant à quelle vitesse tout cela va se faire. Regardez :
2024 – 19,5% (de VÉ)
2025 – 22% (de VÉ)
2026 – 32,5% (de VÉ)
2027 – 45% (de VÉ)
2028 – 60% (de VÉ)
2029 – 75% (de VÉ)
2030 – 85% (de VÉ)
2031 – 91% (de VÉ)
2032 – 95% (de VÉ)
2033 – 97,5% (de VÉ)
2034 – 99% (de VÉ)
2035 – 100% (interdiction de vendre des voitures à essence)
Or, pourquoi instaurer un système bonus-malus alors qu’il y aura de moins en moins de voitures à essence à vendre au fil des ans ? J’avoue que leurs arguments tiennent la route.
Devrait-on quand même instaurer un système Bonus-Malus afin de donner davantage le goût aux Québécois d’acheter des véhicules électriques ? Qu’en pensez-vous ?