J’ai longtemps été persuadé que l’augmentation des ventes de voitures électriques allait se faire d’un manière toute simple, c’est-à-dire que la popularité des VÉ allait toujours augmenter jusqu’à faire disparaître les voitures à essence.
La réalité aujourd’hui semble plus complexe. Oui, le nombre de VÉ augmente chaque année mais l’augmentation ne semble plus aussi rapide. D’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, il y a en ce moment des usines qui sont capables de produire un certain nombre de VÉ par mois, mais qui ne le font pas pour une raison toute simple : pas assez d’acheteurs !
Des exemples ? L’un est assemblé dans une usine américaine (Dearborn, Michigan), l’autre dans une usine européenne (Turin, Italie) :
2. Fiat 500e.
Ce qui nous amène à la question suivante : l’engouement initial envers les voitures électriques est-elle le fait d’un groupe de gens appelés les « early adopters » ? C’est-à-dire des gens qui étaient vendus dès le départ aux électriques. Écolos, fans de nouveautés, de technologie, amoureux de la vitesse.
Est-ce possible que cette première vague soit terminée ? Qu’on passe désormais au monde ordinaire ? Et que ces derniers soient plus difficiles à convaincre ? Les constructeurs se questionnent là-dessus. Car oui, il y a bel et bien un ralentissement dans les ventes et on a du mal à expliquer pourquoi.
Autre inquiétude, du moins en Amérique : est-ce possible qu’aux prochaines élections tant américaines que canadiennes, les partis élus soient moins ouverts aux VÉ que leurs prédécesseurs ? Toutes ces raisons expliquent la crainte des constructeurs, voire même le recul de certains, comme Ford avec la construction retardée de deux ans d’un VUS électrique prévu à l’usine de Oakville ou le rétrécissement de son usine de batteries au Michigan.
Mais attention ! Je ne dis pas que les constructeurs ont cessé de croire en la voiture électrique. Anti-VÉ, n’allez pas vous imaginer des choses ! (Rires !) Tout le monde dans l’industrie automobile d’après-moi est convaincu que la voiture électrique va supplanter la voiture à essence. Cependant, il y a une chose qu’on ne sait pas (et c’est là tout le problème), on ne sait plus à quelle vitesse.
Je vais vous faire une confidence. Quand Ford a sorti sa Mustang Mach-E, j’étais convaincu que ça allait se vendre comme des petits pains chauds (surtout aux États-Unis) et qu’il n’y aurait jamais le moindre ralentissement dans les ventes.
Et que dire du F-150 Lightning ? Je croyais dur comme fer que le jour où l’on sortirait un pick-up électrique avec 400 km d’autonomie, ça serait la folie furieuse. Et qu’il y aurait des listes d’attente dans tous les concessionnaires Ford pour de longues années ! La réalité ? On a ralenti la production de Lightning de moitié, faute de clients.
Et Stellantis ? On a conçu une nouvelle génération de Fiat 500 tout électrique. Un modèle qui marchait bien en Europe. Ç’a été un gros succès au début. En plus, la voiture s’est avérée très fiable.
Pendant trois ans, l’usine a roulé à plein régime, mais là ça ralentit depuis un an. On a même fait des mises à pied. Comme pour le F-150 Lightning, l’usine est capable de fabriquer plus de VÉ que les gens sont prêts à en acheter.
Quand j’ai su que la Fiat 500e allait être vendue en Amérique ce printemps, je croyais bien que l’usine allait à nouveau tourner à plein régime, du moins pour un certain temps. Eh bien, pas encore. Les voitures s’en viennent, mais pas en nombre suffisant, j’imagine. Encore récemment, Automobile Propre affirmait que l’usine tournait au ralenti.
Imaginiez, on offre un VÉ d’une taille inédite à un nouveau marché de 333 millions de personnes et l’usine tourne encore au ralenti…
Entendons-nous bien, je ne dis pas que les voitures électriques ne se vendent plus ! Je dis simplement qu’elles ne se vendent pas aussi bien que certains constructeurs avaient prévu.
Peut-être qu’en baissant le prix, les ventes augmenteraient à nouveau ? C’est sûr que le prix est un aspect important. Les ventes de Mach-E ont repris de la vigueur au début de l’année après une baisse de prix.
Une réalité bien différente chez Chevrolet. Eux nous promettent des VÉ pas chers (sous les 40 000 $), mais n’arrivent pas à les construire ! (Rires !)
Quand Chevrolet sera capable de produire tous les mois des milliers d’Equinox, de Blazer et de Bolt à bon prix, les acheteurs seront-ils au rendez-vous année après année ou la compagnie va-t-elle vivre ce que Ford vit en ce moment ? Difficile à dire.
Nouvelle stratégie
Devant l’incertitude du marché, chaque constructeur développe sa propre stratégie. J’ai lu récemment que Renault qui proclamait vouloir devenir 100 % électrique dès 2030 a décidé récemment de proposer une version électrique et hybride dans chaque segment jusqu’en 2035. Quant à GM et Ford, tout le monde sait qu’ils ont maintenant l’intention de lancer à nouveau des modèles hybrides rechargeables.
Du côté de Hyundai Motor cependant, c’est tout le contraire. J’ai lu récemment qu’on allait investir 50 milliards de dollars américains d’ici 2026 pour la fabrication de voitures 100 % électriques et pour la construction d’usines des batteries !
Comme je suis un fan de VÉ, c’est la décision de Hyundai qui me semble la meilleure, mais je me trompe peut-être ! Moi je persiste à croire que le ralentissement sera temporaire.
Avouez qu’on vit une époque excitante. J’ai hâte de voir comment tout cela va évoluer dans les années à venir. Qui en sortira gagnant ? Qui en sortira perdant ? C’est une histoire à suivre !
Sources
1. https://www.guideautoweb.com/articles/73955/vehicules-electriques-hyundai-investira-plus-de-50-milliards-en-coree-du-sud/
2. https://www.automobile-propre.com/hyundai-va-embaucher-80-000-nouveaux-employes-pour-booster-sa-strategie-sur-lelectrique/
3. https://www.automobile-propre.com/voitures-electriques-voici-la-strategie-de-renault-pour-les-10-prochaines-annees/?utm_source=NLAP&utm_medium=email&utm_campaign=hebdo&pnespid=X_IjrFpKuHlKigyW78iPFksSrhNowuZ.9RhPHa5YKJrKP_ivMwt34VuryDdrwINtVHEu3M0vAw
4. https://electrek.co/2024/04/03/ford-takes-second-us-ev-market-price-cuts-take-effect/
