Vous commencez à vous intéresser aux véhicules 100 % électriques ? Vous êtes allé voir les modèles les plus économiques comme la Leaf, la Mini, le Kona ou la Bolt. C’est super !
Ensuite, vous êtes allé voir des modèles plus chers, car vous étiez curieux de voir ce que ces VÉ avaient de plus. Un vendeur vous a alors expliqué que la Kia EV6 qui était devant vous pouvait se recharger à plus de 200 kW, alors que les modèles comme la Bolt ne dépassaient guère les 50 kW. Vous vous êtes alors dit : « Oh ! De 50 à 200 kW, c’est quatre fois vite ! Je veux ce modèle et au diable le prix ! Les autres modèles sont dépassés. »
Hum… Faites attention à ce que vous dites. Oui, les VÉ plus récents et plus chers permettent une recharge plus rapide, mais il y a beaucoup de poudre aux yeux là-dedans. Laissez-moi vous expliquer…
Premièrement, il faut savoir que si vous pouvez vous faire installer une borne 240 volts dans votre entrée de garage, c’est là et pratiquement toujours là que vous allez vous recharger. Cette capacité de recharge ultrarapide, ce n’est qu’avec les bornes en courant continu (BRCC) que vous allez en profiter, c’est-à-dire lorsque vous allez partir en voyage.
Et encore ! Pour vous recharger à 200 kW, ça prend des bornes 200 kW (et plus) et c’est très rare pour l’instant. Actuellement, le Circuit Électrique installe des bornes de 50 et de 100 kW et les bornes les plus rencontrées au Québec demeurent toujours les 50 kW.
Ces deux raisons mises ensemble font que le vendeur a beau vous parler de 150, 200 ou 250 kW de puissance en recharge rapide, tous les VÉ se rechargent à une vitesse variant autour de 7 kW lorsqu’ils sont branchés à une borne domestique ou publique 240 volts.
Et même si vous n’avez pas de borne ni la maison ni au travail, la meilleure solution demeure toujours la borne publique 240 volts qui va vous recharger doucement durant la nuit. C’est plus économique et moins stressant pour la batterie que la recharge rapide.
D’ailleurs, jusqu’à présent, personne ne recharge son VÉ uniquement sur des bornes rapides. De toute façon, ça ne serait pas vraiment possible, car on ne peut pas se recharger sur une borne rapide avec une batterie froide en hiver. Il faut avoir roulé un bon 100 km avant.
Je sais qu’il y a des gens qui aimeraient recharger leur futur VÉ uniquement sur des bornes rapides, un peu comme à la station-service. Sauf que ce n’est pas comme ça que ça marche avec les VÉ, même avec les modèles les plus « up to date ». La recharge idéale est celle qui se fait doucement durant la nuit. Les bornes rapides, c’est uniquement lorsqu’on voyage, c’est-à-dire lorsqu’on fait des déplacements qui vont au-delà de l’autonomie de notre voiture.
Et dernière chose à savoir : contrairement aux bornes domestiques qui envoient toujours le même courant de 0 à 100 %, celui des bornes rapides varie en puissance selon le pourcentage de la batterie. On appelle ça la courbe de recharge. Elle est dictée par le véhicule pour protéger sa batterie.
Règle générale, ça rentre fort au début (si la batterie n’est pas trop froide), puis au fur et à mesure que la batterie se remplit, la puissance diminue. Ainsi, quand on parle d’une voiture qui accepte 200 kW sur une borne rapide, ce n’est pas durant toute la recharge. Ça dure d’habitude une dizaine de minutes (et parfois moins), ensuite ça se met à diminuer.
Voici la courbe de recharge (ci-dessous) d’une Kia EV6 sur une des fameuses bornes ultrarapides. C’est un membre du groupe Facebook (Véhicules Électriques et Hybrides du Québec), Frédéric Fyfe de Saint-Constant, qui m’a envoyé ça. Le gars a loué une Kia EV6 sur Turo (en attendant la sienne) et il est allé se recharger à l’une des rares bornes 350 kW installées au Québec.
La recharge a été effectuée à une température de 23 degrés. La voiture était à 40 % et elle avait déjà eu une première recharge de 19 à 40 % quelques minutes auparavant. Regardez la puissance au début (ligne verte), c’est fou ! Ça dépasse les 200 kW !
Mais attention, pour avoir une telle puissance, il faut être en été. En novembre, avec un petit 2 Cº, la courbe aurait été fort différente.
J’ai conduit une IONIQ 5 à -3C° cet hiver de Trois-Rivières à Val-David (même technologie) et je n’ai jamais réussi à avoir plus de 50 kW à la borne de 125 kW de la Porte du Nord à Prévost. Et je suis resté là une douzaine de minutes avec une batterie à 50 %. (Je venais de faire 174 km.)
N’empêche, regardez-moi cette courbe réalisée le 14 juin dernier, c’est vraiment fou ! Mon gars de Saint-Constant s’est branché alors que sa voiture était à 40 %. Il est passé à 80 % en 10 minutes 58 secondes, comme on peut voir sur le graphique. Avec ses deux recharges (car il en a fait une autre avant de 19 à 40 %), il m’a écrit avoir gagné 248 km en 17 minutes ! Aille !
C’est vraiment super rapide comme recharge (pour un tel ajout de km), je l’avoue. Avec ma Bolt EUV, il faudrait quasiment que je fasse deux autres recharges de 15 minutes pour arriver à ce résultat. Cela veut dire qu’avec une Kia EV6, vous pouvez vous rendre à Cape Cod au Massachusetts en faisant seulement une petite recharge de 15 minutes alors que moi avec ma Bolt EUV, il va falloir que j’en fasse trois.
SAUF que moi j’aime ça faire trois petites pauses de 15 minutes lorsque je fais 600 km dans une journée !
Comprenons-nous bien. Si votre travail (ou des obligations) vous oblige à vous rendre souvent avec votre voiture en Ontario et aux États-Unis, vous devriez privilégier la marque Tesla où un modèle comme la Kia EV6, mais si vous êtes comme la plupart des Québécois et que vous ne faites que quelques petits voyages par année, de vous arrêter une fois 15 minutes ou trois fois 15 minutes ne changera pas grand-chose dans votre vie. Chose certaine, ça ne vaut peut-être pas la peine de mettre 20 000 $ de plus sur une voiture !
Toutefois, si vous avez les sous et que vous êtes tombé en amour avec la Kia EV6, allez-y, réservez-la ! Je n’ai absolument rien contre cette voiture, bien au contraire ! Idem pour la IONIQ 5.
Mon problème, c’est que j’aime toutes les voitures électriques, mais je trouve que bon nombre d’entre elles, une fois bien équipées, sont chères en mautadit ! Heureusement que les modèles plus économiques font très bien l’affaire aussi !
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Ajout
Voici la liste des 10 VÉ qui se sont rechargés le plus rapidement en courant continu (BRCC) après avoir roulé un certain nombre de kilomètres durant la Classique hivernale 2022 organisée par Daniel Breton et Benoît Charette. (Les résultats complets des 21 modèles seront dévoilés cet automne.)
Première position : Porsche Taycan
Deuxième position : Tesla Model S Plaid
Troisième position : Tesla Model 3 LR
Quatrième position : Audi e-tron
Cinquième position : Tesla Model Y LR
Sixième position : Tesla Model 3 SR
Septième position : Polestar 2
Huitième position : Hyundai IONIQ 5
Neuvième position : Volkswagen ID.4
Dixième position : Volvo XC-40
La Kia EV6 n’était pas encore arrivée sur le marché au moment du test, mais on peut supposer qu’elle se serait retrouvée à la même position que l’IONIQ 5.
Ajout no 2
Je vais aller cet été à Ogunquit pour la première fois de ma vie en électrique. Je vais y aller avec ma nouvelle Bolt EUV. Je vais tester les bornes américaines et je vais regarder combien de recharges ça va me prendre. Je vais prendre la 89, la 101 et la 95, soit l’itinéraire le plus rapide. Je vous raconte ça dès mon retour ! De Val-David à Ogunquit (Maine), la distance est de 600 km avec beaucoup de côtes.