La Prius branchable en préparation pour l’événement Branchez-vous 2014
Cela fait déjà un bon moment que Sylvain Juteau m’a demandé si je voulais faire un petit article sur le blogue RoulezElectrique concernant ma Prius branchable. Je suis en effet un des rares propriétaires de cette voiture (que je m’amuse parfois à qualifier de modèle encore plus exclusif qu’une Tesla Model S tellement elles sont rares). Celles-ci se vendent au compte-gouttes sur les routes du Québec et mériteraient, à mon avis, d’être mieux connues. (Même si la motivation de Toyota à ce sujet semble plus que discutable… mais ça c’est une autre histoire). Pour certaines raisons, dont un manque de temps chronique, ainsi que le désir de m’assurer de bien connaître la bête avant de me lancer, je n’y ai pas donné suite immédiatement. Maintenant que c’est chose faite, je vous fais donc part de mes impressions.
À petit pas vers l’électrification
Tout d’abord, avant l’achat de cette Prius branchable, j’étais déjà passé par le monde des voitures hybrides. Ma première voiture hybride, une Toyota Prius 2004 usagée, m’a fait découvrir les joies de rouler électrique. C’est à ce moment que le « jeu » de la consommation a débuté. À tous les jours, j’ai tenté de consommer moins d’essence que le jour précédent. Un peu plus tard, c’est la voiture de ma femme qui y passe. Pour elle, c’est une Honda Civic hybride 2007 (usagée elle aussi) qui viendra remplacer son dinosaure. Nous sommes donc officiellement devenus les « bibittes » étranges du quartier avec non pas une mais deux voitures hybrides. 🙂 Quelques années plus tard, des options d’électrification supérieures comme la Volt et la Leaf ont été lancées et j’ai commencé à saliver. D’autant plus qu’après ces années, je me suis rendu compte que la performance de la Civic, bien que pas forcément mauvaise en soit, n’arrive pas à la hauteur des prestations de la Toyota. Aussi, ma femme et moi commençons tranquillement à penser à changer de voiture. J’ai bien essayé mais c’était impossible de convaincre ma femme pour une Leaf. C’est un nouveau modèle me disait-elle et celui-ci doit encore faire ses preuves. Aussi, ayant 3 enfants, c’est immédiatement un « show stopper » du côté de la Volt qui n’offre que 4 places assises. Nous planifions donc notre budget en fonction de l’achat d’une Prius V qui viendrait remplacer la Civic Hybride dans un an ou deux. Ce n’est qu’un peu plus tard que la Prius branchable est sortie aux États-Unis en tant que modèle 2012; tandis qu’au Canada, il était impossible de l’acheter. J’ai donc commencé à m’y intéresser sérieusement et j’ai passé plusieurs soirées sur le site américain priuschat.com, afin d’en apprendre le plus possible sur ce nouveau modèle avant qu’il devienne disponible au nord de la frontière.
Le grand jour
J’ai donc réussi à convaincre ma femme; la Prius étant quand même un modèle éprouvé depuis 1997, pas de problème de fiabilité en vue. Certes, la batterie était nouvelle mais celle-ci est garantie 8 ans donc pas de problème non plus à craindre à ce niveau. C’est donc en juillet 2012 que j’ai appris que l’on pouvait commander la voiture au Canada et j’y suis allé la journée même. Ma première voiture neuve à vie sera donc branchable. Je dois dire qu’en tant que premier propriétaire de ce modèle, je ne m’attendais pas à un service hors pair du concessionnaire puisque, pour lui aussi, ce serait une première. Et heureusement que mes attentes étaient basses! J’ai dû attendre près de 6 mois avant de recevoir ce modèle que je n’avais pas pu essayer. (Encore aujourd’hui, les concessionnaires Toyota n’ont pas de véhicule branchable à disposition des clients pour en faire l’essai). C’est donc fin décembre que j’ai pris possession du véhicule (qui, puisque ça faisait si longtemps, m’a été livré en édition 2013 plutôt que 2012). Lors de la livraison, sans entrer dans les détails, j’ai vite compris que j’en connaissait beaucoup plus sur la voiture que les gens du concessionnaire. Autre surprise: ma voiture m’a été livrée avec une batterie vide. Je suis donc parti un peu déçu de ne pas pouvoir profiter du mode électrique immédiatement mais heureux comme tout d’avoir une voiture qui pourrait transporter aisément toute ma famille en faisant rougir de honte mon autre Prius au niveau de la consommation de carburant..
L’apprivoisement
La Prius branchable est la voiture branchable qui dispose de la plus petite batterie (environ 20-25 kilomètres électriques). Par contre, malgré sa petite autonomie électrique, tous les déplacements à courte distance sont devenus des déplacements zéro émission. Un simple aller-retour au Costco était devenu une vraie partie de plaisir. Se promener sans bruit et sans vibration est rapidement devenu très addictif. Aussi, cette Prius, contrairement à la version “classique”, peut même rouler sur l’autoroute en mode tout électrique jusqu’à 105km/h. (Mon autre Prius fait tourner le moteur à combustion dès que la vitesse dépasse les 65km/h). Et si l’on dépasse cette vitesse, le moteur à essence démarrera mais le moteur électrique assistera celui-ci afin d’en réduire la consommation d’essence au maximum. Ce mode de propulsion combiné donne une consommation exceptionnelle qui tourne autour de 2 l/100 km sur autoroute et dure beaucoup plus longtemps que les 20-25 kilomètres électriques auxquels on est habitué. On peut donc simplement conduire la voiture sans se soucier de la vitesse et obtenir tout de même une consommation remarquable. Petit point négatif par contre, aucun chauffage électrique n’est disponible (en excluant évidemment les bancs chauffants) donc, le moteur à essence doit démarrer si l’on veut chauffer l’habitacle en hiver. Pour les petits trajets hivernaux à la pharmacie du coin, il m’est même arrivé de mettre la température à « Max Cold » (mais la ventilation au minimum quand même) avec les bancs chauffants à « HI » afin d’empêcher le moteur à essence de démarrer. (De toute manière, je sais pertinemment que l’habitacle n’aurait même pas eu le temps de chauffer). Quelle sensation désagréable que de voir le moteur a essence démarrer quand on sait qu’on peut se rendre à destination en mode électrique. Parlez-en à un propriétaire de Volt lorsque la température passe sous les -10 degrés!
Des avantages et du confort
Du côté des avantages de la Prius, je note l’espace qui est de loin supérieur à la majorité de modèles électrifiés. Aller au IKEA et revenir avec un gros meuble de salon réparti dans plusieurs dizaines de boîtes n’a pas été un problème pour notre Prius dont les bancs sont rabattables et dont la valise est aussi grosse que celle de la Prius classique. Côté prix, autour de 37 000 $, elle est environ 10 000 $ plus cher qu’une Prius classique. Par contre, après avoir reçu une subvention de 5400 $, j’ai calculé que l’argent sauvé en essence couvrirait amplement la différence (la subvention est descendue à 4000 $ depuis). Aussi, étant donné que les Prius conservent exceptionnellement bien leur valeur, mon investissement se retrouve protégé : une Prius branchable vaudra toujours plus cher qu’une Prius « hybride standard ». Côté équipement, je n’ai jamais été aussi « gâté ». J’ai pourtant choisi le modèle de base mais il venait néanmoins avec une liste d’épicerie impressionnante :
- Bancs chauffants
- Rétroviseurs chauffants
- Climatisation à distance
- Smart Keys
- Lumière de jour/nuit automatique
- Rétroviseur électrochimique automatique
- Caméra de recul
- Écran tactile avec GPS
- Radio XM
- et j’en oublie sûrement.
Ce sont toutes des fonctionnalités que je n’avais JAMAIS eues dans une voiture. Wow!
La Prius, un véhicule très spacieux
La borne de recharge
Une fois le printemps arrivé, un problème est survenu. Mes enfants ont eu des cours de soccer et la Prius n’avait pas le temps de charger complètement entre le moment ou je revenais du travail et le moment où je devais partir pour le soccer. Un trajet qui aurait dû se faire de façon tout électrique brûlait maintenant de l’essence. Quelle horreur! Le temps de charge de 3 heures sur le 110V est très court quand on considère le temps stationné dans l’entrée la nuit mais ce n’était pas suffisant dans ce contexte. C’est à ce moment que j’ai décidé d’acheter ma première borne sur le site roulezelectrique.com. (Merci Sylvain!) Une LCS-25 de Suncountry Highway (la borne EV Duty n’existait pas à ce moment). Après tout, même si ma batterie est petite, j’ai quand même droit à la subvention de 50 % à l’achat et l’installation d’une borne 240 V. Une fois la borne de recharge installée, mon temps de recharge est tombé à moins de 90 minutes! Juste le temps de souper, préparer les enfants et nous voilà prêts, avec une voiture fraîchement chargée pour le trajet. Super : une randonnée 100 % électrique!
Consommation
Côté consommation, je dois dire que mon trajet quotidien n’est pas idéal. J’habite à environ 30 kilomètres de mon travail, je dois faire un détour à la garderie et, malgré mes efforts pour tenter de convaincre mon employeur, je ne peux toujours pas me charger à mon travail. Donc je compte environ 65 km pour l’aller-retour sans recharge possible. Malgré tout, ma moyenne tourne autour de 2,5 l/100 km! C’est une moyenne excellente considérant que mon autonomie électrique ne couvre pas la moitié du parcours. Le moteur à essence de la Prius est tout de même extrêmement efficace! Aussi, le lieu de travail de ma femme est beaucoup plus proche de notre maison, ce qui fait qu’elle arrive parfois à faire l’aller-retour sur une seule charge! Puisque nous prenions la voiture à tour de rôle, la consommation est restée très basse toute l’année. La moyenne parcourue par plein d’essence tournait autour de 1500 km, à cause des mois d’hiver. Mon meilleur plein d’essence à ce jour est de 2409 km! (Plusieurs mois sans aller à la station service: le rêve). Tout un record! Je peinais à dépasser 700 km avec l’autre Prius. Avec le modèle branchable, je n’ai pratiquement jamais passé sous les 1000 km par plein d’essence. Je n’aurais pas cru qu’il y aurait une aussi grosse différence avec une aussi petite batterie rechargeable. Et le coût d’un plein d’électricité? 3 kWh, soit environ 25 cents. Un coût tellement faible que je n’ai vu absolument aucune différence sur ma facture d’électricité. (En fait, ma facture avait légèrement baissé l’année suivant l’achat de la Prius).
Et, contrairement à mes attentes; même une fois la batterie haut voltage vide, la consommation d’essence est inférieure à la Prius « standard ». Bien que le modèle branchable soit légèrement plus lourd, la chimie de la batterie différente (Li-Ion vs NIMH) ainsi que la capacité augmentée semble offrir une régénération plus efficace et augmente l’efficacité totale du système. Même lorsque la batterie est vide, la Prius peut facilement passer sous la barre des 4 l/100 km. Bien qu’a courte distance, la Volt surpasse la Prius grâce à sa capacité de batterie supérieure, une fois la batterie vidée, le moteur de la Prius est beaucoup plus efficace. Ça en fait un véhicule parfait pour les longues distances lorsque le moteur à essence devient le moyen de propulsion principal.
Mon record de consommation personnel avec la Prius branchable
La Prius branchable, un véhicule sous-estimé
Pour conclure, bien qu’il m’arrive de regretter que la batterie ne soit pas plus grosse, la Prius branchable est une véritable révolution par rapport à la Prius « classique » qui était déjà une excellente voiture. Cette voiture permet facilement de satisfaire une famille de 5 tout en étant extrêmement frugale. Il y a évidemment place à amélioration, entre autres au niveau du chauffage en hiver mais si c’était à refaire, j’achèterais ce véhicule à nouveau sans hésiter. Dommage que Toyota eux-mêmes ne semblent pas très sérieux dans leur démarche d’électrification car, sans s’en rendre compte, ils ont un très bon produit entre les mains qui pourrait répondre à un réel besoin pour bien des gens.
Et finalement, le mode électrique de la Prius branchable, faisant un peu office de « tease », a fini par convaincre ma femme que les voitures électriques sont agréables à conduire, fiables, performantes et sont là pour rester. Indirectement, grâce à la Prius branchable, je suis donc aussi nouvellement propriétaire d’une Nissan Leaf 2015 depuis 3 semaines en remplacement de ma Prius 2004. (Qui, soit dit en passant roulait encore très bien malgré son âge avancé). Nous avons donc maintenant le « combo » idéal pour une famille de 5. En fait, à l’usage, j’ai constaté que la Prius branchable complémentait parfaitement une Nissan Leaf; la Leaf couvre aisément 95 % de nos trajets tandis que la Prius branchable sert principalement pour les longs voyages, là où le moteur à essence ultra-efficace a toute sa raison d’être. Pour ce qui est de nos trajets quotidiens, je prends évidemment la Leaf (pour un trajet 100 % électrique), puisque mon trajet est le plus long tandis que ma femme, qui prend la Prius branchable, arrive parfois à faire le trajet sans brûler une seule goûte de carburant (en fonction de la température). Nous sommes donc officiellement devenus les « bibittes » étranges du quartier avec non pas une mais deux voitures électriques. 😉
