Nous avons chacun notre cheminement concernant le choix de rouler électrique. Certains pensent aux économies, d’autres au confort, à l’environnement ou encore à la technologie. Si vous êtes comme moi, c’est tout d’abord l’environnement puis la technologie ensuite le confort et l’économie. À partir de l’instant où vous roulez dans une auto électrique, c’est comme dans la série LOST, il y a vous et il y a Les autres.
Y a-t-il un geek dans la salle ?
Cette idée de passer à la VÉ a germé dans ma tête depuis la fin des années 90, à l’époque où choisir ce type de véhicule était jugé, probablement avec raison, irrationnel. Aujourd’hui, nous ne sommes plus du tout dans ce même registre, bien au contraire, il commence à devenir difficile de justifier l’achat d’une auto “non-électrique”. Les performances de ces véhicules évoluent au même rythme de tout autre produit technologique, et les infrastructures, au Québec, ont carrément transformé cette approche au cours des derniers mois.
Combien de temps devez-vous recharger votre auto ?
Dans cette course de recherche et développement dont les enjeux dépassent largement nos frontières, il est parfois difficile de suivre ces évolutions. Ce qui vient de se passer au Québec lors de la dernière année change totalement les choses : Les bornes niveau 3. Bon ça y est, les grands mots sont lâchés. Qu’est ce qu’une borne niveau 3 (BRCC) et comment cela va-t-il transformer nos vies?
La question récurrente que je me fais poser par Les autres lorsque je suis en train de recharger mon auto c’est :
– Combien de temps devez-vous recharger votre auto ?
À chaque fois, je suis pris avec le même embarras et en même temps je réalise pourquoi l’adoption des VÉ a été si lente. Il n’y a pas de réponse simple car depuis un siècle on remplit son maudit réservoir à ras bord alors qu’il nous reste 12km à faire…
Le commun des mortels nous imagine donc obligés de rester des heures à attendre dans notre auto qu’elle se recharge. Idée difficile à vendre aux autres.
Mais ça c’était avant la borne niveau 3, car maintenant on s’arrête tellement pas longtemps que Les autres n’ont même plus le temps de venir nous parler.
Ah oui, je n’ai toujours pas expliqué pourquoi cette fameuse borne niveau 3 a changé ma vie (et la vôtre un jour, peut-être, sûrement d’ailleurs). Le plus facile pour expliquer ceci est de calculer le nombre de kilomètres disponibles par unité de temps de recharge. Disons qu’à la maison, avec une borne niveau 2, on recharge entre 24 et 40km/h, ce qui est le cas de la plupart des bornes disponibles sur les routes depuis plusieurs années.
Une journée de ski au Mont-Orford était encore inaccessible pour un Montréalais l’hiver dernier
Partir de Montréal pour aller skier au Mont-Orford, une distance de 125km nécessite une pause car en hiver, et c’est surtout pendant cette période que je skie, l’autonomie des VÉ diminue, on peut compter sur 90/100km en fonction de la température. Récupérer suffisamment de charge pour finir sa course et repartir jusqu’à la prochaine borne nécessitait donc un arrêt de plus d’une heure à l’aller. Et plusieurs heures au retour puisque la station de ski n’est pas équipée pour recharger votre véhicule pendant que vous tentez de suivre vos enfants sur les pistes. À moins d’être un farouche militant environnementaliste, l’exercice relevait plutôt du supplice que du plaisir. Tout ceci est chose du passé puisque le trajet compte depuis quelques mois plusieurs bornes niveau 3 qui rechargent votre auto entre 160 et 240km/h jusqu’à 80% de la batterie. Autrement dit avec une VÉ ordinaire on reste en général 15 à 20 minutes avant de pouvoir continuer notre course.
Pour rester dans cet exemple concret, pour faire Montréal au Mont-Orford, vous quittez Montréal à pleine charge, mettez le chauffage à 22 degrés, allumez les sièges et le volant chauffants et vous vous rendez tranquillement jusqu’à Bromont où vous faites votre escale de 18 minutes, allez prendre votre café au Tim Hortons et hop, repartez jusqu’à la station de ski. Total : 3.50$, plus environ 1$ de charge initiale à votre domicile, plus 1.30$ de remplissage chez Tim Hortons si vous amenez votre tasse. Même à 1$ le litre d’essence, difficile à battre.
Une fois à la station de ski, faites comme moi, allez au service à la clientèle pour demander s’ils comptent installer des bornes de recharge, ça a 2 effets positifs, premièrement, un jour on pourra repartir de la station avec un véhicule pleine charge et à 23 degrés entièrement dégivré, comme on fait depuis son domicile. Et de deux, la madame du service à la clientèle est intriguée et nous pose plein de questions et semble abasourdie par la facilité et le bas prix du trajet en tout électrique.
Le retour est un peu plus long puisqu’on ne repart pas avec le plein, il faut s’arrêter à la borne niveau 3 de Magog, qui est quasiment sur la route, et recharger 18 minutes, puis continuer jusqu’à Bromont et ensuite une dernière fois à celle du St-Hubert Richelieu. Coût total du retour : 9.51$ sans aucun compromis ni sur la vitesse ni sur le chauffage. Si vous trouvez ça trop cher, allez skier à Bromont ,et vous n’aurez besoin que d’une recharge, ou essayez donc de rouler à l’essence.
Un confort et une technologie qui vous fera vite oublier les stations essence
Ai-je oublié de préciser que tout ceci s’accompagne d’un confort de conduite, pas de bruit ni de vibrations, ainsi qu’un déploiement technologique qui ne manquera pas de combler tout esprit geek en vous. Les différentes applications permettent d’identifier les bornes, de savoir si elles sont en usage, de connaître précisément le niveau de charge en cours de votre véhicule et même de faire clignoter les bornes depuis votre téléphone, les enfants adorent. Alors, à moins que vous soyez très attaché aux stations essence, endroit où vous y avez un fun fou, rouler électrique saura vous combler, vous et votre famille.