Je connais très bien la Toyota Prius. J’ai testé et conduit toutes les générations de ce modèle iconique et suis très au fait de ses qualités comme de ses défauts.
Cette voiture a été pendant 15 ans considérée comme « LA voiture verte » par excellence, celle que des célébrités qui avaient les moyens de se payer des voitures beaucoup plus chères conduisaient, celle que des gens aisés se payaient après avoir délaissé leur Volvo, leur Audi ou leur Mercedes pour « poser un geste ».
Elle n’était pas sexy, elle n’était pas enivrante à conduire, loin de là, mais elle brillait par son statut.
Cela a duré jusqu’à ce qu’en 2012 arrivent la Chevrolet Volt et surtout la Tesla S.
Depuis lors, la Toyota Prius a perdu une bonne partie de son aura d’icône. Et surtout, pour bien des enthousiastes de la voiture électrique, elle souffre d’un vice quasi impardonnable, elle n’est qu’hybride!
(J’exclue volontairement la Prius Plug-In hybrid, tellement celle-ci a été vendue en quantités marginales et son autonomie 100 % électrique était limitée.)
Eh oui, crime de lèse-majesté, comment une voiture qui se prétend « verte » (comme si une voiture pouvait vraiment être verte) peut-elle n’être qu’hybride au moment où tous ces nouveaux modèles plus avancés les uns que les autres en matière d’électrification et d’autonomie arrivent sur le marché : les Chevrolet Volt et Bolt, la nouvelle Leaf, la Tesla 3 et tutti quanti?
Et si je vous disais que la Prius a encore sa place?
Car c’est le cas.
Une 4e génération qui ne révolutionne rien, mais améliore tout.
Alors que la Prius de 3e génération était d’une efficacité énergétique redoutable au moment de sa sortie il y a maintenant 7 ans (ce qui est une éternité en terme de production automobile), le nouveau modèle devait rehausser d’un cran ses « performances » énergétiques (ou les abaisser d’un cran, dépendant comment on voit la chose).
Ainsi, avec un moteur et une transmission qui n’ont que très peu changé, comment Toyota s’en est-il sorti?
Tout simplement en optimisant la motorisation, leur système hybride et en l’installant sur un nouveau châssis 60 % plus rigide.
Et le résultat fonctionne. Très bien.
Une consommation exceptionnelle.
Toyota a réussi à augmenter l’efficacité thermique du moteur à essence à 40 %, ce qui est un sommet dans l’industrie automobile. Ainsi, avec cette voiture intermédiaire qui développe 121 chevaux, on réussit à obtenir des accélérations tout à fait honorables et, SURTOUT, une consommation inégalée pour un véhicule non enfichable.
Selon les données officielles de www.fueleconomy.gov du gouvernement américain, la consommation de la toute nouvelle Toyota Prius est de :
- 4,4 l/100 km en ville ;
- 4,7 l/100 km sur la route;
- 4,5 l/100 km en consommation combinée.
Quant à la Prius Eco (disponible aux États-Unis seulement), sa cote de consommation est de :
- 4,1 l/100 km en ville;
- 4,4 l/100 km sur la route;
- 4,2 l/100 km en consommation combinée.
Ce qui est légèrement mieux que la version précédente.
Mais là où cette voiture se démarque, c’est par la facilité avec laquelle on peut atteindre et même dépasser ces cotes de consommation. En effet, alors que dans la 3e génération de Prius je pouvais obtenir une consommation d’environ 3,8 l/100 km en pratiquant l’éco conduite (en conduisant en fonction du flot de la circulation, ce qui exclue toute manœuvre illégale ou un ralentissement de la circulation) dans les conditions idéales, j’ai pu obtenir des cotes de consommation exceptionnelles avec cette voiture hybride.
- En montagne, sur un trajet multipliant les courbes serrées, les montées et les descentes dans les environs TRÈS montagneux de Vancouver : 4 l/100 km.
- Dans un trajet un peu moins pentu combinant autoroute et ville : 2,9 l/100 km!
Ceci veut dire que dans les conditions idéales, il est possible de faire encore mieux!
Impressionnant.
Un prix abordable
À partir de 25 995$ (prix canadien), cette voiture se vend presque au même prix qu’une voiture intermédiaire traditionnelle en version de base, alors que toutes ces voitures (Honda Accord, Ford Fusion, Hyundai Sonata, etc.) consomme au minimum 75 % plus d’essence et émettent donc au minimum 75 % plus de CO2 que la Prius en consommation combinée.
Quant aux versions hybrides des concurrents (Hyundai Sonata hybride, Ford Fusion hybride, Volkswagen Jetta hybride, etc.), celles-ci sont offertes pour un surcoût minimum d’au moins 2500 $ (10 000 $ de plus pour la Jetta hybride!) alors qu’elles consomment toutes plus d’un litre de plus au 100 km que la Prius.
Un hayon plus généreux.
Alors que la version précédente avait l’avantage indéniable face à ses concurrentes intermédiaires d’être une voiture à hayon, ce qui la rendait beaucoup plus pratique pour transporter des objets de toutes sortes, la nouvelle génération voit cet avantage rehaussé. En effet, la Prius 4 offre maintenant 85 litres de plus d’espace cargo, ce qui l’amène à 697 litres.
Ainsi, cette voiture s’avère plus pratique que toutes les autres voitures intermédiaires et même plusieurs petits VUS.
2 batteries : NiMH et Li-Ion
Si vous achetez la Prius en version de base, vous aurez droit à la traditionnelle (et increvable) batterie NiMH. Si vous achetez une des versions plus équipées, vous passerez automatiquement à la batterie Li-Ion. Toyota explique ce choix par le fait que plus une voiture a d’équipement à son bord, plus le poids de la voiture augmente. Donc, pour compenser ce surpoids, Toyota utilise une batterie plus légère et efficace (mais aussi plus chère).
Et de l’équipement, il y en a.
Des sonars aux avertisseurs pour piétons, changements de voie ou collision imminente en passant par les caméras et l’écran de tableau de bord, cette voiture est maintenant à la page en ce qui a trait aux équipements considérés incontournables en matière de voiture de haute technologie.
Une routière, enfin!
Alors que les 3 précédentes versions étaient ennuyantes à conduire, cette Prius 4 s’est avérée intéressante, amusante presque, à manier sur les routes sinueuses de la région de Vancouver. Si elle est toujours aussi stable sur la route, sa tenue dans les courbes a été grandement améliorée grâce à une suspension revue, un centre de gravité abaissé et une voie élargie.
Son châssis plus rigide fait toute la différence. Alors que la précédente version se démarquait de mauvaise manière par un châssis mou qui faisait en sorte que les cliquetis apparaissaient rapidement à l’intérieur de cette voiture, on sent une réelle solidité qui rend cette voiture plus affirmée sur la route, surtout lorsque vous conduisez en mode power (Ce mode réveille l’accélération de façon très nette à basse vitesse).
Sans dire que la Toyota Prius est devenue une grande routière, on peut affirmer que le plaisir de conduire vient d’arriver à bord.
Après 19 ans, ce n’était pas trop tôt.
Elle a définitivement sa place
Dans un paysage automobile où les ventes de plusieurs modèles de voitures hybrides et électriques stagnent, voire diminuent, il est important de rappeler que les ventes de Toyota hybrides ne cessent d’augmenter. Alors que le prix de l’essence est au plus bas, que les ventes de VUS atteignent des records, Toyota a vu les ventes de ses hybrides en hausse de 30 % en janvier 2016 par rapport à janvier 2015… et la nouvelle Prius n’est pas encore sur le marché.
Donc, avant de dire que la Toyota Prius et sa technologie sont dépassées, dites-vous bien que pour tous ceux et celles qui ne peuvent pas brancher leur voiture ou qui doivent parcourir de longues distances et qui ont besoin d’un véhicule à la fois pratique, abordable (même sans subvention) ET TRÈS économe en essence…
Elle est de nouveau LA référence.
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Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
Sylvain Juteau