Malheureusement, la réponse est non. Et ça s’explique facilement : ces gars-là (il y a très peu de filles) sont des passionnés de voitures à essence. Ils viennent de passer 20 ans, 30 ans, 40 ans à soupeser et analyser les performances des moteurs 4 cylindres, 6 cylindres, 8 cylindres. Ils ont eu le grand frisson en essayant des Porsche, des Jaguar, des Lotus. Ils ont parfois deux ou trois voitures à essence à la maison qu’ils chérissent et entretiennent avec passion.
Et là, arrivent les voitures électriques qui sont fort différentes, qui n’ont ni piston, ni transmission, ni odeur d’essence et qui n’émettent aucun son, pas même un petit vroom vroom. Comment voulez-vous qu’ils réagissent à cela ? C’est toute leur vie les voitures à essence !
On pourrait comparer ça à un amoureux des machines à écrire au début des années ’80. Imaginez, il en possède plusieurs, il sait comment les ajuster, les entretenir. Il adore écrire sur l’une et sur l’autre selon le genre de travail qu’il fait. Arrivent les ordinateurs… Comment pensez-vous qu’il va réagir ? C’est sûr qu’il aura un mal fou à aimer les Commodore Vic-20 8 bits !
Certains chroniqueurs automobiles, voyant que l’avenir semble aller irrémédiablement vers ça, tentent d’avoir l’air intéressé, se forcent à les essayer, mais on voit bien qu’ils ont de la misère. Benoit Charette, le rédacteur en chef de l’Annuel de l’Automobile en est un bon exemple. Vous lisez ses textes ?
Moi je les lis parfois, car ça passe sur mon fil Facebook et je vois bien qu’il s’adapte difficilement. Parfois il a quasiment l’air d’aimer les voitures électriques, mais bien souvent le naturel ressort et il prend un malin plaisir à mettre en lumière les faiblesses ou les côtés négatifs de la voiture électrique.
Dans un texte publié le 7 mars dernier, il avoue candidement qu’il ne se sent toujours pas prêt à passer à la voiture électrique. C’était suite à un essai d’un Kia EV6, une voiture pourtant fantastique. Il a conclu son article en faisant l’éloge du moteur à explosion. Lisez plutôt :
« …On ne remplacera jamais le son mélodique d’une belle mécanique qui rend le voyage et tous les déplacements tellement plus agréables. Si des gens comme Porsche trouvent un carburant qui ne pollue pas en conservant les moteurs à combustion internes, ils auront mon vote. »
« Si seulement la voiture électrique pouvait amener le sentiment de bonheur d’une belle mécanique bien rodée ? C’est l’union entre le conducteur et la voiture, les montées et descentes en régime des moteurs, trouver un petit bout de route tranquille est enfiler quelques passagers de vitesses en titillant la ligne rouge pour entendre le moteur chanter. Vous voyez ce que je veux dire. C’est ce qui me plaît dans une voiture et qui va disparaître à jamais avec le véhicule électrique. Je ne suis pas encore prêt. »
Ce texte dit tout. Mais attention, M. Charette a le droit à ses opinions. Que voulez-vous, il aime les voitures à essence. Il a passé sa vie là-dedans. Il a le droit !
Moi je ne suis pas un vrai spécialiste de l’automobile. Je suis juste un journaliste à la pige qui a travaillé pour des magazines populaires et pour le journal interne de Petro-Canada. À 60 ans (2017), j’ai pris ma retraite et j’ai décidé de fêter ça en m’achetant un VÉ d’occasion comme deuxième voiture. Pour le fun.
Tout a commencé là.
J’ai tellement aimé cette voiture et réalisé à quel point il y avait de la désinformation et des préjugés envers les voitures électriques que j’ai décidé de reprendre ma casquette de journaliste et d’écrire là-dessus bénévolement afin d’offrir une voix différente.
Bien entendu, si j’écris ces chroniques, c’est que j’aime les voitures, mais je ne suis pas un maniaque de vitesse et de moteurs turbocompressés. Moi, c’est la liberté que procurent les autos qui m’allument. C’est le plaisir d’avancer, d’explorer, de découvrir de nouveaux paysages.
L’homme, de la préhistoire à aujourd’hui, a toujours aimé se déplacer; à pied, à cheval, en charette et aujourd’hui en voiture. Ça fait partie de son ADN. C’est notre côté aventurier, notre côté explorateur. (Celui qui a d’ailleurs fait naître l’Amérique !)
J’avoue qu’à l’adolescence, j’ai beaucoup trippé sur les motos, les voitures sport et les silencieux Stebro qui augmentaient le son des moteurs. Plus c’était bruyant et plus j’aimais ça ! Heureusement que ce penchant un peu enfantin, avouons-le, a disparu à l’âge adulte, comme pour la plupart de gens d’ailleurs.
Bruyantes ou pas, j’ai continué à aimer les voitures toute ma vie et à suivre leur évolution en lisant les fameux guides automobiles et les articles dans les journaux jusqu’à ce que j’essaie et achète ma Spark EV. C’est à ce moment-là que je suis devenu « fâché » contre les chroniqueurs automobiles. Je me suis rendu compte que je m’étais fait un peu avoir.
Car dès le début de l’électrification, j’étais attiré vers ça, mais leurs commentaires étaient tellement négatifs qu’ils m’ont découragé. On se moquait allègrement des Toyota Prius et Nissan Leaf. Je n’oublierai jamais le chroniqueur Éric LeFrançois de La Presse qui, en essayant de faire un petit voyage en voiture 100 % électrique (avec une Focus EV je crois), avait fini sur la plateforme d’une remorqueuse !
Et vous avez sans doute entendu comme moi tout le mal que les chroniqueurs automobiles ont dit à propos des Tesla, année après année, alors que cette compagnie a malgré tout conquis le monde entier avec ses produits.
Moi j’avais envie d’aller vers l’électrique, mais ces gars-là m’ont longtemps fait hésiter. Trop longtemps. Moi et des milliers d’autres Québécois. Et, bien sûr, cette situation n’est pas particulière au Québec. On a dénigré également les voitures électriques ailleurs dans le monde.
Cela étant dit, il ne faut pas non plus mettre tous les chroniqueurs automobiles dans le même panier. J’écoute parfois l’émission RPM et je vois souvent Pierre Michaud et son équipe louanger les voitures électriques. Idem pour les articles de Paul-Robert Raymond, du journal Le Soleil et des Coops de l’information.
Je ne connais pas tous les chroniqueurs automobiles et mon but n’est pas de faire leur procès. Ils ont droit à leur opinion. Vous aimez un chroniqueur automobile en particulier ? Tentez de savoir dans quel type de voiture il roule dans la vie de tous les jours. S’il s’agit d’une voiture 100 % essence, dites-vous qu’il aura bien de mal à vous convaincre de faire le saut vers l’électrique si lui-même ne l’a toujours pas fait !