
Moins un véhicule électrique roule, plus il pollue? Vraiment?
- Écrit par Daniel Breton
- Le 17/11/2018
- 22 Commentaires
- Catégories: Chronique de Daniel Breton, covoiturage, GES, Pollution atmosphérique, santé, voiture électrique d'occasion, Voitures électriques
(Chevrolet Spark EV 2015 achetée d’occasion et ses nouveaux propriétaires: Ève Mary Thaï Thi Lac et Méo)
Dernièrement, une affirmation que le journal Les Affaires a attribué à Mme. Catherine Morency, professeure à Polytechnique Montréal et titulaire de la Chaire Mobilité et de la Chaire de recherche du Canada sur la mobilité des personnes, m’a fait sursauter:
Voici la citation : “L’auto électrique génère moins de GES que celle à essence, mais si elle est peu utilisée, son empreinte environnementale est plus grande parce que sa fabrication nécessite des métaux rares dont l’extraction est polluante, explique-t-elle.” (1)
Si Mme. Morency a véritablement affirmé ce qui précède, il y a un problème.
Voici pourquoi.
1- Le cycle de vie
Lorsqu’on veut savoir quel est l’impact écologique d’un véhicule, on doit calculer son cycle de vie complet. Cela veut donc dire qu’on calcule:
- l’impact de l’extraction des matières premières qui entreront dans la composition du véhicule,
- l’impact de la fabrication du véhicule,
- l’impact de son transport et de sa distribution,
- l’impact de son utilisation,
- et finalement l’impact de sa mise en rancart ainsi que du recyclage de différentes composantes du véhicule.
Évidemment, l’impact de la période d’utilisation comprend l’énergie nécessaire à faire avancer le dit véhicule; pétrole, gaz, électricité, etc + les pièces nécessaires à l’entretien et aux réparations du véhicule ainsi que les pneus à changer périodiquement.
Lorsque nous prenons en considération le cycle de vie complet d’un véhicule à essence ou d’un véhicule électrique, nous considérons que le véhicule durera en moyenne environ 250 000 à 300 000 kilomètres, dépendant de divers facteurs tels que son mode d’utilisation, notre façon de conduire et de prendre soin du véhicule, sa fiabilité, etc.
Mais que celui-ci soit peu ou intensivement utilisé au quotidien, l’espérance de vie moyenne d’un véhicule léger change peu en terme de kilométrage. Ainsi, si un véhicule parcoure 20 000 kilomètres par année, celui-ci devrait durer 15 ans en moyenne grâce à l’amélioration de la durabilité générale des véhicules d’aujourd’hui comparativement à ceux d’il y a 30 ans. Selon Georges Iny de l’APA «En 1990, les véhicules étaient mis au rancart au bout de 180 000 à 200 000 kilomètres en moyenne. Aujourd’hui, ce chiffre se situe entre 280 000 et 300 000 kilomètres. La durabilité des véhicules s’est donc beaucoup améliorée»(2)
Qui plus est, les véhicules hybrides et électriques sont généralement plus fiables que les véhicules à essence , selon une analyse du magazine Consumers Reports datant d’octobre 2017. (3)
Ainsi, même si après 5 ans une personne se départit de sa voiture qu’elle a acheté neuve, ça ne veut jamais dire que cette voiture se retrouve du coup au dépotoir. Cette voiture continuera à être utilisée par un voire plusieurs nouveaux propriétaires qui prolongeront sa durée de vie plusieurs autres années.
2 fois plus
Pour bien illustrer ce fait, sachez qu’en 2017, pendant que 462 087 véhicules neufs ont trouvé preneurs au Québec, 796 608 véhicules d’occasion ont été achetés durant la même année, ce qui veut dire que pour chaque véhicule neuf vendu au Québec, presque 2 véhicules d’occasion ont été vendus.
Et lorsqu’on regarde les statistiques de ventes de véhicules neufs VS les véhicules d’occasion au Québec, les ventes de véhicules d’occasion sont toujours plus élevées que les ventes de véhicules neufs. Toujours.
(crédit: CCAQ/Dennis Desrosiers)
Ainsi, le fait de rouler moins au quotidien en voiture électrique ne rend pas son empreinte environnementale plus grande que celle d’une voiture à essence car son cycle de vie complet n’est que prolongé par une utilisation moins fréquente, ce qui est d’ailleurs la même chose pour une voiture à essence.
Et après 300 000 km la voiture électrique émet environ 80% moins de GES qu’un véhicule équivalent à essence au Québec, selon une analyse de cycle de vie faite par le CIRAIG en 2016. (4)
Quant aux impacts néfastes sur la santé humaine liés à l’utilisation du véhicule tels que la pollution atmosphérique, la différence est encore plus grande. En effet, selon cette même étude, les effets néfastes pour la santé lors de l’utilisation du véhicule sont au minimum 30 fois plus importants avec un véhicule à essence qu’avec un véhicule électrique. C’est énorme.(5) Or, ces impacts sont directs et locaux, c’est-à-dire que si les impacts néfastes des GES sont disséminés à travers la planète, les impacts néfastes de la pollution atmosphérique attaquent les gens au quotidien et de façon directe.
Or, la pollution atmosphérique vient de 3 principales sources: les industries, la production d’électricité (ce qui n’est pas un enjeu au Québec)… et les transports. Pour illustrer à quel point la pollution atmosphérique des véhicules peut être mortelle, sachez que la pollution liée à la circulation routière cause environ 21 000 décès prématurés annuellement au Canada, soit approximativement 9 fois plus de morts que ceux causés par les accidents de la route. (6)
2- les “métaux rares”
Contrairement à ce que Mme Morency affirme, la plus grande utilisation des fameux “métaux rares dont l’extraction est polluante” se retrouve principalement… dans l’industrie pétrolière et les pots catalytiques des voitures à essence et non pas dans les batteries des voitures électriques, qui n’en contiennent pas.(7)
Si on retrouve des métaux rares dans certains moteurs électriques, ce n’est certes pas fréquent car les moteurs de nombreux véhicules électriques tels que les Renault Zoé et les Tesla S et X n’en contiennent pas. Par contre, on peut trouver des métaux rares dans les petits moteurs électriques d’une automobile: lève-vitres, rétroviseurs, sièges réglables, etc (moteurs qu’on retrouve aussi bien dans les véhicules à essence que les véhicules électriques) ainsi que dans les ordinateurs, les téléphones cellulaire, etc.
Changer nos habitudes
Il est tout de même intéressant de lire un article intitulé “changer ses habitudes plutôt que d’acheter une auto électrique”… alors que beaucoup de gens qui ne veulent pas passer à la voiture électrique donnent comme raison que ça implique pour eux des changements d’habitude qu’ils ne sont pas prêts à faire!
Cela dit, Mme. Morency a raison lorsqu’elle affirme qu’il nous faut beaucoup plus encourager et pratiquer le transport collectif et actif, le covoiturage, l’auto partage… auquel j’ajouterais le télétravail. Si on ne pouvait que diminuer l’auto solo (à essence ou électrique) de manière significative, l’impact serait déjà énorme. Présentement, il n’y a en moyenne que 1,2 personne par voiture en pointe matinale dans le grand Montréal, ce qui veut donc que la majorité des gens pratiquent l’auto solo.
25 millions de sièges vides
Selon une analyse faite par des spécialistes du covoiturage “chaque jour de semaine dans les grandes villes du Québec, les Québécois transportent avec eux 25 millions de sièges vides dans leur voiture, dont 14,8 millions dans la région de Montréal. Les problèmes de congestion qui s’aggravent sont causés par une vérité qui dérange : nos routes sont saturées de voitures vides.”(8)
L’un ET l’autre
Quel que soit le mode de transport que nous utilisons, que celui-ci soit électrique, à essence, individuel ou collectif, moins nous roulons, moins nous polluons. C’est aussi simple que cela. C’est pourquoi le télétravail, lorsque celui-ci peut être appliqué, est une solution tellement intéressante et promise à un bel avenir.
La voiture électrique n’est pas LA solution, mais elle demeure incontestablement une des pistes de solutions incontournables pour diminuer notre empreinte écologique ET améliorer notre santé, en combinaison avec le covoiturage et l’auto partage (qui peuvent très bien être électrique), le transport collectif (qui sera de plus en plus électrique), le transport actif et le télétravail.
En conclusion, il ne faut pas opposer les véhicules électriques aux autre pistes de solutions en matière de mobilité durable. Il faut les additionner et les combiner intelligemment.
Ce n’est pas un ou l’autre, mais bien un ET l’autre.
1: https://www.lesaffaires.com/blogues/evenements-les-affaires/changer-ses-habitudes-plutot-que-dacheter-une-auto-electrique/605231
2: https://www.protegez-vous.ca/Automobile/Fiabilite-et-durabilite-des-autos-des-progres-mais
3: https://www.reuters.com/article/us-autos-reliability/u-s-auto-reliability-dented-by-new-technology-electric-cars-fare-better-report-idUSKBN1CO2IU
4: http://www.hydroquebec.com/data/developpement-durable/pdf/analyse-comparaison-vehicule-electrique-vehicule-conventionnel.pdf
5: http://roulezelectrique.com/rouler-electrique-cest-bon-pour-la-sante-3e-texte-de-4/
6: http://www.cmaj.ca/content/185/18/1557
7: http://roulezelectrique.com/fausses-informations-sur-les-terres-rares-et-les-vehicules-electriques/
8: http://plus.lapresse.ca/screens/137061c1-190c-4359-aa1a-d77f13d8918d__7C___0.html
"Pour elle, le programme Roulez Électrique du gouvernement du Québec ne tient pas la route. «?Donner jusqu’à 8000 $ d’argent public à une personne pour qu’elle s’achète une auto électrique est une aberration."
C'est la critique la plus facile mais la plus superficielle et surprenante venant d'une "experte". Comme si quelqu'un va a acheter une auto électrique et payer plus cher qu'une auto à essence juste "pour le fun"!!! On achète une auto électrique au lieu de ou pour remplacer une auto à essence. S'il n'y a pas de subvention, l'acheteur ira vers une auto à essence, pas vers l'autobus ou le vélo.
Voilà donc une "experte" déconnectée de la réalité.
Elle aurait aussi dit:
"Cet argent serait mieux utilisé s’il était investi dans l’amélioration du transport collectif.?»
Encore un énoncé déconnecté: les subventions aux électriques représentent moins de 1% de ce que la société investit dans le transport en commun.
D'accord, il faut investir massivement dans le transport en commun. Il faut que ce service existe et soit abondant pour que les gens délaissent leur auto. Il faut commencer par créer un transport en commune efficace et les automobilistes suivront, pas l'inverses.
D'après une étude d'un autre expert, urbaniste celui-là, même si on investit des dizaines de milliards$ dans le transport en commun à Montréal et ainsi faire passer sa part modale de 25% à 35%, il y aura encore 1 million d'automobiles à l'heure de pointe sur le territoire de la CMM.
Référence: Étude de Pierre Giard, Urbaniste, Société de transport de Laval, Agora métropolitaine 2013. Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD) de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)
Je n’aime pas :
« Selon le chercheur Pierre-Olivier Pineault, des HEC, le programme québécois de 292 millions $ pour encourager l’achat de VÉ coûte à l’État environ 200$ la tonne de carbone éliminée soit 10 fois le prix du marché québécois du carbone. Ce programme, qui est en voie d'extinction, n’enlève pas de voitures sur les routes, d’où son efficacité discutable »
Je trouve qu’il tire très vite sa conclusion pour quelqu’un qui a la réputation d’un bon analyste de toutes sortes de questions économiques.
D’abord je crois qu'on peut se fier aux données de Pierre-Olivier Pineault, sont estimation de 200$ la tonne doit coller à la réalité il fait simplement une règle de 3 en divisant la somme des subventions données par le Gouv du Québec à l’achat de VÉ par le nombre estimé de tonnes de carbone que ces VÉ permettent d’éviter.
Aux dernières enchères de la bourse de carbone ( entre Québec, Californie et Colombie Britannique ) le prix de la tonne de carbone tournait autour de $14.50
Donc si on tient compte de seulement ces données là J.P Gagné a raison, le Gouv du Québec ne fait pas le meilleur choix en maintenant ce programme de subvention à l’achat de VÉ, mais c’est en ne regardant pas plus loin que son nez ! J.P Gagné fait le jeu des lobbys qui n’en veulent pas de taxes sur le carbone ni des VÉ.
Le sophisme de M.Gagné : $200 est beaucoup plus grand que $10 donc le programme accroché au $200 est mauvais !
C'est ne pas tenir compte des éléments suivants :
1. le prix plancher que les Gouv ont attribué à la tonne de carbone autour de $14.00 ( Trudeau vient de le fixé à $10 / tonne ) est beaucoup trop bas, c’est reconnu à l’international, le système de bourse de carbone est bon mais en autant que le prix qu’on colle à la tonne de carbone soit au bon niveau.
http://plus.lapresse.ca/screens/6efb33b7-2e3d-4309-b0cf-5a84a065cbb5__7C___0.html
http://www.environnement.gouv.qc.ca/changements/carbone/ventes-encheres/2018-11-14/Avis-vente-14112018.pdf
2. pour le Gouv du Québec faire la promotion des VÉ n'a pas comme seul objectif de réduire nos GES, ça fait partie d’un programme de transition énergétique ( en transport passer du pétrole à l’électricité comme source d’énergie ) et à chaque fois qu’on troque $1 de pétrole étranger pour $1 d’électricité locale :
- On améliore le PIB du Québec,
- c'est autant de $$$ qui restent au Québec et qui stimulent notre économie plutôt que les économies étrangères.
3. il y a une incohérence à critiquer le soutien de l’État à une industrie émergente ( l’électrification des transports ) qui ne peut avoir que des impacts positifs sur le Québec et tenir mort le fait que via nos impôts le Gouv Fed subventionne encore l’industrie pétrolière à coup de milliards $$$ / année.
Ces facteurs là J.P Gagné ne les met pas dans son équation, mais ça fait partie de la réalité et ça me choque toujours de voir agir ces « désinformateurs » qui font ça parfois intentionnellement parfois sans s’en rendre compte juste parce qu’ils font les coins ronds dans leur analyse.
Comme quoi, la réputation n'est pas toujours justifiée. Et qui finance sa "Chaire de gestion du secteur de l'énergie"? Il ne faut oublier que le pétrole est aussi de "l'énergie"...
Ce prétendu expert dit toujours la même rengaine pour critiquer les véhicules électriques. Et comme vous le mentionnez, il ne soulève jamais les subventions à l'industrie du pétrole, soit 300 millions$ PAR ANNÉE pour le gouvernement du Québec seulement (i.e. autant que le programme Roulez électrique en 7 ans) et 4 milliard$ PAR ANNÉE pour l'ensemble des gouvernements au Canada.
Sur 7 ans, cela fait 2.1 milliards$ pour gouvernement du Québec et 28 milliards$ au Canada!!!
"« Selon le chercheur Pierre-Olivier Pineault, des HEC, le programme québécois de 292 millions $ pour encourager l’achat de VÉ coûte à l’État environ 200$ la tonne de carbone éliminée soit 10 fois le prix du marché québécois du carbone. Ce programme, qui est en voie d'extinction, n’enlève pas de voitures sur les routes, d’où son efficacité discutable » "
D'où ma confusion.
Mais mon commentaire s'applique aussi bien à Jean-Paul Gagné qui ne critique pas non plus les subventions aux pétrolières.
https://www.escalenautique.qc.ca/infolettre.php?id=918
Toute la chaîne alimentaire des océans est affectée Nous détruisons présentement notre garde manger.
Alors Ford devrait accepter de remplacer la votre sur garantie, à moins qu'ils soient en mesure de démontrer qu'elle a été exp'oitée de façon abusive.
Qu'est-ce qu'en dit Ford ?
Par ailleurs, il est peut-être possible de changer la batterie pour une usagée qui serait beaucoup moins chère. Il y a des garages spécialisés dans les électriques qui peuvent faire des miracles, comme JN Auto...
Le Québec est gagnant sur pls fronts avec les VÉ, dont économie significative en frais énergétiques (essence vs électricité) et redistribution de l'$ aux Québec (reste ici) vs aux pétrolières hors Québec pour les voitures à essence.
Depuis que j'ai ma Bolt, roulez à essence au Québec me paraît un non sens !
François Villeneuve
Rimouski
Vaudrait mieux travailler sur nous-mêmes que de demander à ces citoyens là de cesser de se reproduire !
Tout comme Monsieur Breton invoquait à juste titre que l'on doit à la fois favoriser les solutions optimisant l'utilisation des ressources en transport (transports collectifs, autopartage, télétravail) ET électrifier les transports, n'y aurait-il pas lieu à la fois de réduire l'emprunte écologique de ceux qui habitent déjà la planète ET de s’interroger quant au niveau de population mondiale soutenable à long terme, tenant compte des ressources disponibles.
On peut s'interroger sur ce qui a le plus d'impact mais le fait est que les deux éléments (surconsommation et surpopulation) participent aux problèmes environnementaux actuels et il me semble que si l'on souhaite agir de manière optimale, on devrait s'y attaquer simultanément, et non alternativement. C'est d'ailleurs ce que plusieurs scientifiques semblent penser.
https://www.ledevoir.com/societe/environnement/512875/cop23-hausse-des-emission-de-ges
https://academic.oup.com/bioscience/article/67/12/1026/4605229
Michel