Dans la longue, très longue marche vers l’électrification des transports qui a été au point mort pendant des décennies et s’est réactivée depuis une vingtaine d’années avec l’arrivée des voitures hybrides, certains ont accéléré le pas, pendant que d’autres suivaient… et un autre plus petit groupe semblait refuser tout net d’avancer ou voulait aller dans une autre direction.
Alors que nous avons pu voir Tesla marcher à pas rapides tout en avant, suivi par les Chevrolet et Nissan de ce monde, des joueurs importants comme Mercedes semblaient peu enclins à se laisser bousculer, ridiculisant parfois même au passage ceux qui avançaient vers l’électrification.
400 S hybrid
Je me rappelle d’ailleurs avoir fait l’essai de la Mercedes 400 S hybrid (voir ICI) il y a déjà tout près de 7 ans de cela. Il est à noter que cette voiture a été LA première voiture de série au monde à utiliser une batterie lithium-ion. Cela dit, cette batterie était si petite pour cette grosse voiture que son autonomie électrique était d’environ… 3 kilomètres.
La même année, je rencontrais un VP de l’entreprise lors d’un colloque de l’ACFAS (voir ICI) (Association canadienne-française pour l’avancement des sciences, fondée en 1923.) Lors de ce colloque dont le thème était « L’avenir de l’énergie », ce monsieur venait réaffirmer son scepticisme voire son incrédulité vis-à-vis le développement des véhicules hybrides et électriques.
L’avenir, disait-il, serait dans le diesel et l’hydrogène.
Et nous voici, à peine 6 ans plus tard, à parler de la fin du diesel alors que l’hydrogène n’a guère avancé…
Et je fais l’essai d’une Mercedes hybride rechargeable.
Comme quoi il faut se méfier des prédictions.
(J’y reviendrai bientôt)
Une autoroutière de premier ordre.
Être au volant de la Mercedes S 550e, c’est accéder au nec plus ultra en matière de confort et de raffinement. Moins élégante qu’une Volvo, la Mercedes n’en demeure pas moins une voiture où il fait bon être à bord. Ergonomiquement parlant, tout est à portée de la main : manettes, boutons, écran. Ainsi, le système interactif est très intuitif malgré l’importante quantité de possibilités et d’options, ce qui fait qu’après quelques jours on maîtrise avec aisance la très grande majorité des combinaisons de confort, de luxe et d’autres petits plus.
Je ne pourrais passer sous silence les sièges dotés de systèmes vibromasseurs actifs et réglables qui font en sorte que vous pouvez arriver à destination plus reposés et relaxes après avoir roulé de longues distances au volant de cette voiture qu’avant votre départ. Quel plaisir !
L’espace pour les passagers à l’arrière est vaste et presque aussi confortable qu’à l’avant. On est loin des arrières de voitures des Tesla S, qui sont difficilement accessibles et d’un confort assez moyen.
Sur la route, elle n’a rien d’une sportive. Trop grosse. Mais on n’achète pas une classe S pour faire du rallye, n’est-ce pas? Elle est une solide routière, tout en confort et en stabilité, bref, on pourrait presque croire que nous sommes à bord d’un train tellement elle semble rouler avec assurance, comme sur des rails.
Côté motorisation, la S 550e est dotée d’un V6 de 3 litres biturbo couplé à un moteur électrique de 85 kW pour une puissance combinée de 436 chevaux. Ainsi, cette grosse voiture accélère de 0 à 100km/h en moins de 5,5 secondes, ce qui est plutôt rapide pour une voiture de ce gabarit.
Le passage des vitesses (7) et de la propulsion électrique vers l’essence s’effectuent sans heurt, contrairement à ce que j’ai constaté avec les Porsche hybrides rechargeables.
Sa batterie lithium-ion de 8,7 kWh permet à cette voiture hybride rechargeable de parcourir jusqu’à (officiellement) 35 kilomètres, mais j’ai réussi à parcourir en mode strictement électrique entre 20 et 25 kilomètres. CELA DIT, le mode hybride fonctionne de telle sorte que lorsque l’autonomie électrique est épuisée, la régénération permet de rouler en mode électrique une bonne partie du temps.
Ainsi, sur 641 kilomètres que j’ai parcourus lors de la semaine d’essai, 438 de ces kilomètres l’ont été en mode électrique. Comme j’ai branché cette voiture à tous les soirs (7 soirs X 23 kilomètres environ d’autonomie par charge= 161 km), j’ai parcouru environ 277 kilomètres en mode électrique grâce au système hybride.
Ainsi, après 641 kilomètres, j’ai obtenu une consommation de 3,5 l/100 km, ce qui n’est pas mal du tout pour une voiture de ce gabarit et de ce poids.
Lorsque je roulais à 100 km/h en mode hybride sur l’autoroute sans me fier à quelque autonomie électrique que ce soit qui puisse venir d’une recharge, j’ai obtenu une consommation de 6,5 l/100 km.
Ayant une consommation combinée (ville/route) officielle de 9,4 l/100 km selon l’EPA en mode essence, si vous ne prenez pas soin de recharger cette voiture, vous pourriez obtenir une consommation qui ressemblerait plus à celle-ci.
Plus d’autonomie en 2017
La livrée 2017 de la S 550e sera apparemment dotée d’une batterie augmentée à 13,3 kWh, ce qui devrait logiquement faire passer son autonomie électrique en conditions réelles d’environ 25 kilomètres à 35 kilomètres.
D’où la question suivante: sera-ce assez pour convaincre les acheteurs de voitures hybrides rechargeables ou électriques de passer chez le concessionnaire Mercedes-Benz ou cela ne fera-t-il que conforter les fidèles à la marque de rester chez eux ?
Considérant :
– Que Tesla a vendu aux USA (voir ICI) ET en Europe considérablement plus de voitures dans la catégorie des sedans de luxe que Mercedes, BMW, Audi et Porsche
et
– Que les ventes de la classe S ont baissé de 42% entre le 3e trimestre de 2015 et le 3e trimestre de 2016, je suis loin d’être certain que cela suffira à retenir les acheteurs chez eux. À 120 000$ et plus, une quantité croissante d’acheteurs qui ont le choix entre une S 550e et une Tesla S vont vers la Tesla.
La S 550e représente certes un pas dans la bonne direction, mais le constructeur devra commencer à courir pour rattraper les Tesla, GM et BMW de ce monde s’il veut revenir au top car il est resté très longtemps immobile.
Dans cette course aux véhicules de luxe électriques, Mercedes devra accélérer le pas car, au rythme où vont les choses, la marque risque d’être « ringardisée » par son retard.
Et il n’y a rien de plus mortel pour une marque de luxe que de devenir ringarde.
Pensez simplement à ce qui est arrivé à Lincoln et Cadillac à partir des années 1970.