Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
Sylvain Juteau
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Certains se demandent pourquoi, lorsque j’étais au gouvernement, nous n’avons pas adopté une loi zéro émission obligeant les constructeurs automobiles à vendre une certaine quantité de véhicules partiellement et entièrement électriques.
Aujourd’hui, je répondrai à cette question.
Lors du dévoilement de notre stratégie d’électrification des transports le 1er novembre 2013, nous avons communiqué avec les principaux constructeurs automobiles en leur disant que nous avions prolongé les rabais pour les voitures 100 % électriques (qui devaient diminuer de moitié en janvier 2014) et ramené les rabais pour les voitures hybrides en espérant voir les ventes de ces véhicules augmenter de façon importante.
Nous étions cependant tout à fait conscients qu’il fallait aussi que les concessionnaires puissent répondre aux demandes des consommateurs en ayant une quantité suffisante de ces véhicules en stock. C’est ainsi que nous avons dit aux constructeurs qu’une loi zéro émission avait été considérée, mais que nous avions décidé de d’abord leur donner la chance de nous démontrer qu’ils feraient en sorte d’avoir assez de ces véhicules en stock. Cette stratégie de donner la chance au coureur nous semblait la meilleure car nous étions conscients qu’en général les constructeurs n’étaient pas chauds à l’idée d’une loi zéro émission, mais qu’avant d’aller de l’avant avec une telle loi, nous voulions démontrer qu’il n’y aurait pas d’autre alternative.
C’est ainsi que les constructeurs automobiles se sont engagés à fournir en quantités suffisantes ces véhicules aux concessionnaires.
À la mi-février, j’ai demandé à quelqu’un de l’équipe d’électrification des transports d’aller faire le tour des concessionnaires afin de voir comment évoluait l’inventaire des véhicules électriques.
Résultat : outre quelques rares exceptions, il n’y avait que très peu de ces véhicules en stock et les témoignages de personnes frustrées par la quasi-impossibilité de pouvoir faire l’essai de ces véhicules ou de pouvoir s’en procurer un dans un délai raisonnable s’accumulaient. De plus, certains concessionnaires voulant en vendre étaient eux-mêmes mécontents de régulièrement perdre des commandes car ils ne pouvaient en obtenir qu’au compte-goutte de leurs constructeurs respectifs.
Des gens de l’équipe d’électrification des transports se sont alors rendus à Toronto pour rencontrer les principaux constructeurs afin de leur faire part de ce que nous avions constaté sur le terrain, de notre déception et leur avons dit que nous nous dirigions vers la mise en place d’une loi zéro émission au Québec.
Quelques semaines plus tard, nous étions en campagne électorale… et avons perdu le pouvoir.
Voilà ce qui s’est passé dans ce dossier.
Je suis conscient que tous les concessionnaires et constructeurs ne sont pas opposés à une telle loi. Certains y voient même un avantage. Mais nous ne pouvons attendre encore des années au moment où les ventes de VUS battent des records et que le problème des changements climatiques et de la pollution atmosphérique nous pendent au bout du nez. Comme dans le cas des systèmes anti-pollution, des ceintures de sécurité ou des coussins gonflables, nous ne pourrons pas attendre que les prétendues « lois du marché » agissent.
Les constructeurs automobiles ont eu leur chance. Ils n’en ont pas profité.
Pour des raisons de santé publique, le temps d’une loi zéro émission est venu.