Le Canada au cœur de la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques : défis et opportunités

L’industrie canadienne des véhicules électriques traverse une période de turbulences. Entre l’échec retentissant de Northvolt, les tensions commerciales avec la Chine et les menaces tarifaires américaines, le secteur fait face à des défis de taille. Pourtant, les experts demeurent convaincus que le Québec et le Canada possèdent tous les atouts pour devenir des acteurs majeurs de la chaîne d’approvisionnement mondiale des véhicules électriques.

L’année difficile de l’industrie canadienne

L’année 2025 restera marquée par plusieurs revers importants pour l’industrie des véhicules électriques au Canada. En septembre, le gouvernement québécois a annoncé la fin du financement du projet Northvolt à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville, après avoir investi 510 millions de dollars dans ce qui devait être la plus grande usine de batteries de l’histoire de la province. Les pertes nettes pour l’État québécois s’élèvent à 270 millions de dollars.

À cela s’ajoutent les tensions commerciales avec la Chine. En réponse aux tarifs de 100 pour cent imposés par le Canada sur les véhicules électriques chinois depuis octobre 2024, Pékin a riposté en imposant des droits de douane de 75,8 pour cent sur les graines de canola et de 100 pour cent sur l’huile de canola. Cette guerre commerciale place l’industrie agricole de l’Ouest canadien en otage, avec un marché chinois évalué à près de cinq milliards de dollars désormais fermé aux producteurs canadiens.

Le gouvernement fédéral a également suspendu en janvier 2025 le programme d’incitatifs pour les véhicules zéro émission, qui offrait jusqu’à 5 000 dollars aux acheteurs, en raison de l’épuisement des fonds alloués.

Des atouts stratégiques indéniables

Malgré ces difficultés, l’industrie canadienne des véhicules électriques dispose d’avantages considérables qui la positionnent favorablement pour l’avenir. Le Canada possède des gisements de minéraux critiques essentiels à la fabrication de batteries, notamment du lithium, du nickel, du cobalt et du graphite. En octobre 2025, le gouvernement fédéral a annoncé un investissement de 80,3 millions de dollars pour renforcer les chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques, dont 735 000 dollars pour Arianne Phosphate au Québec.

Selon Bentley Allan, vice-président de Transition Accelerator et professeur associé à l’Université Johns Hopkins, le Canada bénéficie d’avantages thermodynamiques intrinsèques aux véhicules électriques qui continueront de stimuler le marché mondial. Tous les pays voudraient avoir notre base de minéraux critiques et notre expertise en produits chimiques intermédiaires, souligne-t-il.

Bécancour, le joyau de la filière batterie

Si le projet Northvolt s’est soldé par un échec, le Québec peut compter sur d’autres initiatives prometteuses. Le projet Ultium CAM, mené par General Motors et Posco à Bécancour, représente un investissement de plus de 600 millions de dollars pour la production de matériaux actifs de cathode. Près de 3 000 travailleurs participent déjà à l’essor de ce secteur dans la région.

Cette usine produira des composants représentant environ 40 pour cent du coût d’une batterie, positionnant le Québec au cœur de la chaîne de valeur nord-américaine. Le gouvernement fédéral a investi dans ce projet via l’Accélérateur net zéro du Fonds stratégique pour l’innovation, reconnaissant son importance stratégique.

L’expertise québécoise en minéraux critiques

Le Québec dispose d’une expertise reconnue dans l’extraction et la transformation des minéraux critiques. En février 2025, le gouvernement fédéral a annoncé un financement pouvant atteindre 43,5 millions de dollars pour faire progresser des projets d’infrastructure devant faciliter la mise en valeur et le transport de minéraux critiques au Québec, notamment pour le projet Rose Lithium-Tantalum en Baie-James et diverses routes d’accès aux gisements.

L’hydroélectricité propre de la province constitue également un avantage majeur. Le Québec produit 99,8 pour cent de son énergie à partir de sources renouvelables, permettant une production de batteries à faible empreinte carbone.

Diversifier pour mieux prospérer

Pour Andrew McKinnon, directeur des politiques chez Accelerate, une association représentant l’industrie canadienne, la clé du succès réside dans la diversification de la clientèle. Si nous parvenons à mettre ces projets en ligne et à sortir les minéraux du sol, cela nous rendra plus essentiels dans la sphère nord-américaine, tout en ouvrant des portes vers l’Europe et d’autres marchés, explique-t-il.

Un sondage Environics mené en mai 2025 révèle que la majorité des Canadiens soutiennent le développement d’une chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques, avec des taux d’appui variant entre 66 et 78 pour cent selon les composantes.

Un accompagnement local pour la transition

Dans ce contexte de transformation rapide de l’industrie automobile, les entreprises et particuliers québécois qui souhaitent participer à cette révolution électrique peuvent compter sur l’expertise d’acteurs locaux. Des entreprises spécialisées comme Roulez Électrique offrent un accompagnement complet, de la sélection du véhicule électrique adapté jusqu’à l’installation de bornes de recharge. Cette expertise locale permet de naviguer sereinement dans un marché en pleine évolution et de contribuer au développement de la filière électrique québécoise.