L’électrification des transports c’est bien, mais c’est pas assez, car ça ne règle pas l’engorgement du trafic, ni le problème de stationnement dans les villes, ni les fuites massives de capitaux pour acheter les véhicules à l’étranger, comme au Québec qui n’a pas d’industrie automobile. Pierre Langlois nous en parle.
Dans le cadre d’une entente nouée avec le physicien Pierre Langlois ,Éco-Énergie à Montréal et Roulezelectrique ont obtenu le privilège de vous présenter le contenu intégral des infolettres qu’il publie sur une base régulière. Mentionnons que Pierre Langlois est consultant en mobilité durable, auteur et conférencier. Il est d’ailleurs l’auteur du livre Rouler Sans Pétrole, publié aux Éditions MultiMondes. On a pu l’apercevoir au petit écran dans des reportages consacrés aux hybrides rechargeables et aux batteries et voitures électriques, à l’émission Découverte, entre autres, où il a témoigné en tant qu’expert. Il a également siégé sur le comité aviseur responsable d’appuyer Daniel Breton dans le développement de la politique d’électrification des transports du Québec. Un gros merci à lui.
La véritable révolution des transports; 1. Les déplacements de personnes en voitures
Bonjour à tous
L’électrification des transports c’est bien, mais c’est pas assez, car ça ne règle pas l’engorgement du trafic, ni le problème de stationnement dans les villes, ni les fuites massives de capitaux pour acheter les véhicules à l’étranger, comme au Québec qui n’a pas d’industrie automobile. Il faut également réduire de beaucoup le nombre de véhicules sur les routes.
Bien sûr, comme je l’ai sans cesse répété il faut augmenter de beaucoup le transport collectif et le rendre plus attrayant. Mais, de nouvelles technologies qui se développent rapidement pourraient littéralement changer la donne pour réduire de façon importante le nombre de voitures et de camions sur les routes. Je parle de l’automatisation de la conduite des voitures, couplée à l’autopartage et au covoiturage, facilités par la la connectivité (applications de téléphones intelligents) et le GPS.
Pour le transport des marchandises, l’Internet physique promet de réduire des 2/3 la consommation d’énergie. J’adresserai ce segment dans un autre courriel. Pour le présent courriel je vais me concentrer sur le transport des personnes par voitures.
Les voitures autonomes
Déjà en avril 2014, les voitures autonomes de Google avaient dépassé le million de km d’essais sur route. Voir
http://googleblog.blogspot.ca/2014/04/the-latest-chapter-for-self-driving-car.html
Et en mai 2014, Google révélait un prototype de voiture autonome sans volant. Voir
https://www.youtube.com/watch?v=CqSDWoAhvLU&list=PLcNF6Ihx2JoUoNKe4PxLqEcZMM0QW2yG-
Plusieurs compagnies automobiles travaillent sur cette technologie. Nous avons vu Tesla Motors intégrer cette technologie dans leurs nouvelles Model S depuis la fin 2014, quoique pas encore opérationnelles pour des questions de réglementations et d’assurances qui vont devoir s’ajuster progressivement. Voir
https://www.youtube.com/watch?v=lNIGPVK49Gc
Cette semaine c’est Mercedes qui nous montrait son prototype F015 de voiture autonome aux allures futuristes. Voir la vidéo
Ces voitures autonomes devraient faire leur apparitions sur le marché d’ici 2025, et on verra d’abord des conduites autonomes partielles, comme aller se stationner ou conduire sur l’autoroute dans des conditions météo convenables.
L’autopartage
L’autopartage auquel nous sommes très familiers au Québec, grâce à Communauto, permet d’enlever plusieurs voitures personnelles de la route. L’étude de AlixPartners, sortie en février 2014, parle de 32 voitures personnellles en moins pour chaque voiture en autopartage. Mais Zipcar, un des principaux intervenant dans l’autopartage aux États-Unis, parle plutôt de 15 voitures personnelles en moins pour chaque voiture en autopartage. Même en prenant ce chiffre plus conservateur, on réalise que l’autopartage a un énorme impact sur la réduction des voitures personnellles. Voir
http://www.autoblog.com/2014/02/12/each-carsharing-vehicle-prevents-32-new-car-sales/
Il y a certaines barrières qui limitent présentement le taux de pénétration de l’autopartage. La première barrière est le fait qu’il faille réserver la voiture souvent quelques jours en avance pour les fins de semaines achalandées. Toutefois, l’autopartage en libre service ne requiert pas cette réservation anticipée. Le client regarde la voiture disponible la plus proche avec son téléphone intelligent et la réserve pour les 10 ou 15 prochaines minutes tout au plus, le temps de se rendre à la voiture. Plus le nombre de voitures d’autopartage en circulation est grand et plus le service est attrayant. À la limite, le fournisseur de service peut inclure de payer le taxi si une voiture n’est pas disponible à proximité.
La deuxième barrière concerne les stationnements pour les voitures en autopartage qui sont à une certaine distance de la demeure. Il faut donc marcher 500 mètres voire 1 km pour s’y rendre. Mais avec les voitures autonomes, celles-ci pourraient venir vous chercher à votre demeure et vous avertir disons une minute avant d’arriver. La barrière de la distance au stationnement n’en sera donc plus une.
Le covoiturage
L’autopartage c’est bien, mais le nombre de passagers par voiture demeure en moyenne inférieur à deux. C’est pas encore une utilisation optimale.
Alors, il suffit d’ajouter le covoiturage à la UBER, mettant à profit les téléphones intelligents munis de GPS. Voir
https://www.uber.com/fr/
Si une voiture en circulation n’est pas près de votre demeure, une voiture garée peut démarrer pour venir vous chercher.
On peut donc doubler, voire tripler le nombre de passagers par voiture d’autopartage.
Un portrait d’ensemble
Nous savons que la part modale du transport collectif à Montréal (sur 24h) est de 21%. Voir
http://plan2020.amt.qc.ca/Evolution+de+la+mobilite+dans+la+region
Il n’est donc pas utopique de prévoir 30 % d’ici 2025-2030. En supposant que 50% de la population opte pour ne pas avoir de voiture personnelle et devenir membre d’une organisation d’autopartage-covoiturage utilisant des voitures autonomes (sans conducteur), on pourrait réduire d’un facteur 20 environ le nombre de voitures dans nos grandes villes. Et bien sûr, avec les nouvelles batteries pouvant faire 300 km d’autonomie, qui vont arriver sur le marché d’ici 2 à 3 ans, les voitures seraient électriques, donc silencieuses et non polluantes. QUELLE RÉVOLUTION EN VUE!
20 fois moins de voitures, ça veut dire des rues piétonnières en grand nombre avec un réseau de pistes cyclables très développé. WOOOWWWW!!!!
Conclusion
La véritable révolution des transports n’est pas qu’électrique, elle est aussi intelligente (voitures autonomes) et interconnectée (gestion par téléphones intelligents). Un futur qui pourrait venir plus vite qu’on pense, si on y met la volonté politique et une bonne campagne d’information.
Bien cordialement
Pierre Langlois, Ph.D., physicien
Consultant en mobilité durable,
Auteur et conférencier
Téléphone : 418-875-0380
Courriel: pierrel@coopcscf.com
Site Internet: www.planglois.com
L’information et la solidarité sont les deux piliers des véritables changements