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GES: Les véhicules lourds devant les autos et les camions légers

Ça y est.
Le plus récent bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec vient d’être publié pour l’année 2016… alors que nous ne sommes plus qu’à 4 semaines de l’année 2019.
Rappelons que l’objectif de réduction d’émissions de GES québécois fixé par le gouvernement précédent était de 20% pour 2020 par rapport à nos émissions de 1990.
Or, plutôt que de nous en rapprocher, nous nous en éloignons.
En effet, si les émissions de GES du Québec ont diminué graduellement jusqu’en 2013, elles ont recommencé à augmenter depuis 2014.
Selon cet inventaire, elles étaient de 78,4 Mt éq. CO2 en 2014, de 78,55 Mt éq. CO2 en 2015 et de 78,6 Mt éq. CO2 en 2016. (1)
Et quelle est la source de cette hausse? Essentiellement, le secteur des transports. En effet, pendant que les émissions de GES de la plupart des autres secteurs stagnaient ou diminuaient entre 1990 et 2016, les émissions de GES des transports ont augmenté de 21,9%.
Les émissions de GES du secteur des transports représentaient ainsi 43% des émissions de GES du Québec en 2016.

(source: inventaire de GES de 2016 du Québec)

Or, rien n’indique que cette tendance haussière sera renversée pour 2017 et 2018, considérant l’augmentation constante du nombre de véhicules sur nos routes.
Les GES des différents types de transports
Lorsqu’on regarde de plus près les différents types de transports, on se rend compte que les émissions de GES des transports routiers représentaient 80,1% des émissions totales de GES des transports en 2016. La grande majorité des émissions de GES des transports viennent donc de ce qui roule sur nos routes.

(Répartition et évolution des émissions de GES des sous-secteurs des transports entre 1990 et 2016)

Depuis 2015, les véhicules lourds
Lorsqu’on regarde d’encore plus près le secteur des transports et qu’on remonte au fil des inventaires de GES du Québec, on se rend compte que depuis l’inventaire 2015, LE principal sous-secteur qui émet le plus de GES n’est plus celui des automobiles, mais bien celui des véhicules lourds.
Vous avez bien lu.
Alors que dans l’inventaire de GES de l’année 2014, les automobiles émettaient plus de GES que les camions légers et les véhicules lourds, depuis l’inventaire 2015, les émissions de GES des véhicules lourds sont passés devant celles des camions légers et des automobiles.
Ainsi, pendant que:

  • Les émissions de GES des automobiles diminuaient de 12,9% entre 1990 et 2016 pour représenter 34,2% des émissions totales de GES du secteur des transports routiers;
  • Les émissions de GES des camions légers(2) augmentaient de 125,4% entre 1990 et 2016 pour représenter 29,6% des émissions totales de GES du secteur des transports routiers;
  • Les émissions de GES des véhicules lourds(3) augmentaient de 171,4% entre 1990 et 2016 pour représenter 36% des émissions totales de GES du secteur des transports routiers;


 
Il faudrait en parler
Si on s’indigne à juste titre du fait qu’un nombre croissant de gens délaissent les automobiles pour passer à des camions légers qui consomment et émettent généralement plus de GES, je n’ai pas entendu grand monde évoquer l’impact de plus en plus important des émissions de GES des véhicules lourds. Une hausse de 171.4%, c’est rien de moins que spectaculaire.
Soyons clair, l’augmentation des émissions de GES des camions légers est elle aussi très préoccupante. Il ne faut en rien diminuer l’importance d’une hausse de 125,4% des émissions de GES de ce sous-secteur. On doit faire face à cet enjeu.
Mais on ne peut plus taire le fait que LA principale source d’émissions de GES des transports depuis 2015 est le sous-secteur des véhicules lourds, et plus spécifiquement les camions de marchandise.
Il serait plus que temps d’aborder la question franchement et de proposer des solutions concrètes telles que l’électrification de ces camions, de meilleures pratiques de gestion des déplacements, des camions plus écoénergétiques, des politiques d’incitation à l’achat local, un transfert vers plus de transport maritime et ferroviaire, etc.
L’enjeu est trop important pour continuer à ignorer l’impact des véhicules lourds sur notre bilan de GES et de pollution atmosphérique… sans oublier l’état de nos routes.


1: http://mddelcc.gouv.qc.ca/changements/ges/2016/inventaire1990-2016.pdf

2: Les camions légers regroupent les fourgonnettes, les camionnettes et les véhicules utilitaires sport (VUS). Ils sont conçus pour le transport de passagers ou de marchandises, et certains sont équipés de quatre roues motrices. (source: inventaire de GES du Québec de 2016)
3:  Les véhicules lourds (autobus, camions, tracteurs routiers, etc.) comprennent tous les véhicules dont le poids est supérieur à 3 900 kilogrammes ou qui peuvent accueillir 12 passagers ou plus. (source: inventaire de GES du Québec de 2016)
 
 
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