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Et si le Québec rehaussait sa cible de véhicules électriques à 2 millions pour 2030?

Ma dernière chronique avait pour but de démontrer que, malgré de nombreux efforts d’amélioration ciblés spécifiquement sur les transports collectifs, il est illusoire de penser qu’une majorité de citoyens du Québec modifieront radicalement leur méthodes de déplacement à court ou moyen terme, ce qui aura pour effet de manquer les cibles de réduction de consommation de pétrole et de réduction de GES pour les secteur des transports routiers. En effet, l’automobile restera sans doute le principal moyen de transport de personnes pour la prochaine décennie au Québec. Malgré l’arrivée progressive des véhicules autonomes, ceux-ci vont, à mon avis, essentiellement contribuer à ralentir l’expansion du parc automobile Québécois, pour la prochaine décennie.
Le parc automobile (véhicule de promenade) dépasse les 5 millions de véhicules. Si le Québec déploie un bouquet de mesures pour inciter les citoyens à vraiment faire le saut vers le véhicule électrique, cette cible de 2 millions de véhicules électriques serait atteignable. Quelques pays sont en bonne voie pour atteindre une majorité de véhicules électriques sur leurs routes d’ici 2030. Pourquoi pas le Québec ?
Mentionnons que la Norvège a atteint en 2018 le ratio de 50% des nouveaux véhicules vendus – électriques. Afin d’arriver à ce niveau, la Norvège a misé sur un sérieux malus, soit de taxer fortement les véhicules à combustion et, en contre-partie, donner un congé de taxes sur les véhicules électriques. La Norvège ne s’arrête pas là; il y a une panoplie de mesures supplémentaires qui ont été mises en place pour équilibrer l’écosystème du véhicule électrique : accès aux voies réservées (pas uniquement à quelques endroits), stationnements gratuits, réseaux de bornes de recharge, etc.
Bien sûr, au Québec, nous avons un incitatif financier, sous la forme d’un rabais allant jusqu’à $8000 (après taxes), financé par le Fonds Vert. Depuis mai 2019, le gouvernement fédéral a également mis en place l’incitatif sous forme de rabais (après taxes également) allant jusqu’à $5000.
Avec des incitatifs financiers allant jusqu’à $13 000, nous avons une des conditions gagnantes au Québec pour une adoption à vitesse “Grand-V” du véhicule électrique. Mais les incitatifs financiers ne sont qu’une partie de l’équation. Hormis les rabais financiers, il y a d’autres mesures qu’il faut mettre en place pour inciter les citoyens à effectuer une transition vers les véhicules électriques.
En effet, tel que je l’ai souligné dans un mémoire présenté à la Commission des Transports et de l’Environnement à l’Assemblée nationale, en 2016, pour l’adoption de la loi Zéro Émission (Projet de loi 104) :
Il est primordial d’investir dans les 4 cibles [suivantes] pour former un écosystème complet et invitant pour les citoyens :
   1- Sensibilisation
   2- Disponibilité des VÉ
   3- Les incitatifs financiers et sociaux
   4- Les infrastructures
Depuis la rédaction du mémoire, en 2016, il y a constamment des lacunes dans au moins une des 4 cibles, ce qui freine l’adoption des véhicules électriques.
Quelques exemples :
  • Vous vous souvenez d’une publicité dans des médias à grande échelle (TV, radio) effectuant le promotion des véhicules électriques ? Ça remonte à quelques années. (Sensibilisation);
  • Des listes d’attente chez des concessionnaires, c’est une expression de plus en plus courante, et maintenant omniprésente depuis l’entrée en fonction de l’incitatif fédéral (Disponibilité);
  • Une loi Zéro Émission (VZE) qui a été adoptée avec plusieurs assouplissements; pour beaucoup de constructeurs, ce n’est pas cette loi qui va changer la donne en termes de disponibilité face à une grande demande (Disponibilité);
  • Les incitatifs financiers, avec l’arrivée du fédéral, nous pouvons affirmer qu’il n’y a pas de lacunes actuellement de ce côté (Incitatifs);
  • Les incitatifs sociaux (non-financiers) Hormis quelques endroits spécifiques où les véhicules électriques peuvent emprunter les voies réservées, il y a de la place pour de nouveaux incitatifs de ce type (Incitatifs);
  • Les bornes rapides… Des files d’attentes, des bornes rapides en panne (sur des sites n’ayant qu’une borne). Le réseau actuel ne suffit pas aux pointes d’utilisation. Il s’est vendu pas moins de 2000 nouveaux véhicules électriques au Québec, uniquement pour le mois de mai 2019; est-ce que l’expansion du réseau de bornes rapide suivra la même progression ? (Infrastructures);
En conservant un équilibre dans l’écosystème du véhicule électrique au Québec, les cibles de réduction de 40% de consommation de pétrole et de réduction des GES de 37,5% au Québec dans le secteur des transports routiers seront atteignables; pour cela, il faut agir sur l’électrification du transport collectif ET du transport par véhicule de promenade.
 
Références:
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