Edison, l’inventeur génial
À la fin du 19e siècle, Thomas Edison était un inventeur reconnu mondialement. En plus d’avoir inventé une multitude de produits tels que l’ampoule incandescente et le phonographe, il avait permis à une partie de la ville de New York d’être éclairée à l’électricité, ce qui a constitué le début de la fin pour l’éclairage au gaz.
En effet, c’est le 4 septembre 1882 que l’Edison Electric Light Company inaugura la première centrale électrique au monde (fonctionnant au charbon) produisant du courant continu (DC) pour le quartier de Wall Street. Celle-ci éclairait 85 maisons, bureaux et boutiques.
Lors de la campagne de promotion précédant l’ouverture de cette première centrale, Thomas Edison a dû faire face à une opposition féroce venant des compagnies de gaz. Car depuis des décennies, des lanternes à becs de gaz éclairaient les grandes villes du monde, ce qui a donné naissance à une industrie prospère et puissante… et qui ne comptait pas laisser la place à « la fée électricité ».
C’est ainsi qu’on peut lire dans L’économiste français du 8 novembre 1878 : « Les cris de fureur des compagnies de gaz à propos de la dernière découverte de M. Edison, dit le New-York Herald, n’ont point troublé la sérénité du laboratoire de Menlo Park (l’entreprise de Thomas Edison). »
« Lorsqu’on a dit à M. Edison que des savants éminents et de hauts dignitaires des compagnies de gaz avaient déclaré sa prétendue découverte concernant la lumière électrique une mystification, et se faisant fort de prouver par des faits et par des chiffres que l’application de cette lumière n’était susceptible d’aucun développement pratique, il a souri avec calme et donné l’ordre de mettre en action une nouvelle machine de 80 chevaux et d’enrôler un supplément d’ouvriers pour la construction des appareils. »1
Évidemment, nous connaissons la suite. Malgré les critiques, le lobbying et le dénigrement des entreprises de gaz, ce type d’éclairage a rapidement cédé la place à l’éclairage électrique et nous ne sommes plus jamais revenus en arrière.
Tesla, le génie… un peu fou
En 1884, un jeune prodige du nom de Nikola Tesla est arrivé à New York avec à peine quelques sous en poche et une lettre de référence dans le but de travailler aux côtés de son idole, nul autre que M. Thomas Edison.
Nikola Tesla comptait présenter à M. Edison le fruit de ses réflexions et expériences : le moteur à courant alternatif, invention qui faisait en sorte que l’électricité pouvait être transportée sur de plus longues distances que le courant continu grâce à l’utilisation de transformateurs électriques.
Mais après à peine quelques mois, les deux hommes ne pouvant pas s’entendre, Edison se séparait de Tesla et se mit à user de ses relations afin de le discréditer aux yeux des financiers et de l’opinion publique. Tesla alla donc travailler pour Georges Westinghouse (homme d’affaires et inventeur) dans le but de développer les systèmes de courant alternatif.
Edison, qui avait lui-même dû faire face à une campagne de dénigrement de la part des compagnies de gaz, opta pour une tactique similaire en se servant de sa notoriété pour faire des démonstrations publiques d’électrocution de différents animaux pour prouver le danger du courant alternatif. Il alla même jusqu’à tenter, sans succès, d’imposer l’expression « westinghoused » en remplacement de « electrocuted » dans le langage populaire.2
Pourquoi Edison mettait-il autant d’énergie pour dénigrer le courant alternatif ? Parce que cette technologie mettait en péril son modèle d’affaires et donc son entreprise. Thomas Edison était certainement assez intelligent pour constater que le courant continu ne pouvait rivaliser avec le courant alternatif comme l’histoire l’a bien démontré, mais ce simple constat allait à l’encontre de ses intérêts, d’où son lobbying et sa campagne de discrédit contre le courant alternatif, Tesla et Westinghouse.
Edison s’est donc servi de sa notoriété à des fins peu glorieuses…
L’histoire se répète-t-elle ?
Absolument ! De nos jours, on peut lire de nombreux articles, commentaires et campagnes qui mettent l’accent sur les inconvénients, voire « la fausse bonne idée » des voitures électriques. Pourquoi ? Parce que pour la première fois de l’histoire de l’automobile, elle constitue une réelle menace pour la voiture à moteur thermique.
L’arrivée massive des véhicules électriques, qu’il s’agisse de voitures, de camions, d’autobus ou même de bateaux, remet en question de vieux modèles d’affaires. Pour une énième fois, je le répète : si les véhicules électriques ne sont pas LA solution qui règlera tous les problèmes de GES et de pollution, ils constituent tout de même une des solutions incontournables pour l’avenir des transports, malgré ce qu’en disent ces dénigreurs.
Ce qui nous ramène à cette phrase célèbre de Gandhi : « D’abord ils vous ignorent, ensuite ils se moquent de vous, après ils vous combattent et enfin, vous gagnez ».
NDLR
Cet article de Daniel Breton a été publié une première fois en 2016 sur le site de Roulez Électrique. Étant donné sa pertinence, la rédaction a décidé de le publier à nouveau.
Photo couverture : à gauche Nikola Tesla, à droite Thomas Edison.
Réf
1 : https://books.google.ca/books?id=EqFQAQAAMAAJ&pg=PA591&lpg=PA591&dq=edison+face+aux+compagnies+de+gaz&source=bl&ots=whAfP9cel8&sig=IoYEe0NdagcQ1wDr4Z-KNzzy0i8&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjQj6PXn-nPAhUIXD4KHUWgBQMQ6AEIIDAB#v=onepage&q&f=false
2 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Edison