Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
Sylvain Juteau
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Alors que de plus en plus de juridictions dans le monde mettent en place des réglementations afin de diminuer la consommation des flottes de véhicules légers (voitures et camions légers), une bataille s’annonce à l’approche des nouvelles échéances.
En effet, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, certains constructeurs automobiles, constatant qu’ils ne pourront pas atteindre leurs objectifs de consommation, mettent de la pression afin de reporter ces dites normes.
Aux États-Unis, Marchionne mène la marche… à reculons
Pour ceux et celles qui n’ont pas suivi le dossier, voici un court rappel des paroles du patron du groupe Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne. Les nouvelles normes de consommation moyenne de 54 mpg (4,3 l/100 km ou 99 g de CO2/km à essence) pour l’année-modèle 2025 mettent de la pression sur les constructeurs afin qu’ils investissent des milliards de dollars dans les véhicules électriques et dans d’autres formes de technologies rendant les véhicules plus énergétiquement efficaces.
“There is not a single carmaker that cannot make the 54 number. The question is, at what a price?”
-Sergio Marchionne
Autrement dit, avec la baisse du prix du carburant et la hausse des ventes de VUS et de camionnettes, il affirme que cet objectif sera très difficile à atteindre… en 2025, soit dans 10 ans. Il demande donc que cet objectif soit repoussé. Pourtant, à peu près tous les grands constructeurs s’entendent pour dire qu’ils s’attendent à voir le prix du carburant remonter avant longtemps.
Le parti Républicain étant maintenant majoritaire à la fois au Congrès et au Sénat, des constructeurs ont déjà commencé à mettre beaucoup d’énergie (!) et d’argent (!!) dans une campagne dont le but est de repousser la mise en place des nouvelles normes de consommation pour 2025 du président Obama.
Pendant ce temps, en Europe…
… on calcule les choses autrement. En effet, plutôt que de parler de mpg ou de l/100 km, on parle plutôt de grammes de CO2 par km. Et le chiffre « officiel » est plus ambitieux qu’aux États-Unis : 95 g/km en moyenne de flotte pour les grands constructeurs pour l’année 2021.
Or, six de ces constructeurs (Fiat, Mazda, Opel, Honda, Hyundai, Suzuki) sont en voie de rater cet objectif. En effet, selon une étude publiée récemment par l’Association Transport et Environnement, ces six devront diminuer la consommation de leurs flottes de 4 % par an s’ils veulent éviter de lourdes amendes.
Plusieurs raisons expliquent ces retards :
– dans plusieurs pays d’Europe, les ventes de véhicules électriques et hybrides rechargeables ne décollent pas;
– les ventes de véhicules diesels sont en baisse;
– les ventes de VUS et de multisegments sont en hausse importante. Alors qu’elles ne représentaient que 10 % du total des ventes européennes en 2009, elles représentent maintenant 25 % du total, ce qui représente une augmentation de 150 %! Or, ces véhicules sont la plupart du temps plus énergivores que les voitures.
Eh oui, même en Europe, l’engouement pour les VUS et les multisegments ne se dément pas!
De plus, à compter de septembre 2017, le mode de calcul des émissions va être modifié afin qu’il soit plus réaliste. En effet, comme ce fut le cas jusqu’à tout récemment au Canada, les cotes d’émission de CO2 européennes sont très difficiles, voire impossibles à atteindre en conditions réelles.
Donc, avec ces nouvelles normes, l’objectif de 95 grammes devrait passer à 105 ou même 110 grammes par km en 2021. Là où cela risque de se corser pour les constructeurs, c’est lors des tests. En effet, on ne tolèrera plus qu’ils soient effectués avec des pneus surgonflés ou des lubrifiants spéciaux.
Et c’est pourquoi les constructeurs qui vendent des voitures en Europe, tout comme aux États-Unis, se préparent pour la ronde des négociations pour l’après 2021 en travaillant sur d’autres moyens de calcul des émissions en voulant intégrer l’éco-conduite et les émissions du puits à la roue.
Les gens du milieu de l’environnement y voient là un moyen pour les constructeurs de faire moins d’efforts…
Bref, en matière de diminution de consommation et d’émissions de CO2, la bataille s’annonce rude des 2 côtés de l’Atlantique, car plusieurs constructeurs pèseront de tout leur poids pour repousser la mise en place de normes de plus en plus sévères.
Cela dit, ce n’est rien de neuf.
En effet, à chaque fois que les autorités ont décidé de resserrer les normes de sécurité ou les normes antipollution, nous avons été témoins de telles batailles. C’est pourquoi je ne suis pas surpris outre mesure de ce qui se passe ces jours-ci. Que cela se passe aux États-Unis, en Europe…
Ou ici alors que des constructeurs s’opposent à une loi zéro émission.
À suivre…