Beaucoup de gens songent à s’acheter ou à réserver une voiture électrique ces temps-ci. Et bien entendu, l’autonomie est au coeur des préoccupations des gens. C’est qu’on a peur de se retrouver en panne !
Je le sais, car je reçois chaque semaine deux ou trois courriels de lecteurs sur le sujet. J’en profite d’ailleurs pour vous dire ceci : malheureusement, je ne peux répondre à tous les courriels que l’on m’envoie. La raison ? Je n’ai tout simplement pas le temps de le faire.
Déjà qu’écrire mes 6 chroniques mensuelles me bouffe six journées et parfois plus (car je ne suis pas quelqu’un qui écrit vite), je passe déjà assez de temps à mon ordinateur comme ça, je ne veux pas en passer davantage. Je suis à la retraite, je veux profiter de la vie !
Bref, je ne réponds pas à tout le monde, mais sachez que je lis tous les courriels que l’on m’envoie. Et ces temps-ci, on me parle souvent d’autonomie. Voici un exemple de lettre que je reçois. Celle-ci est assez représentative, je trouve. Elle a été écrite par Normand Ladouceur, un résidant des Laurentides comme moi.
« Bonjour M. Jasmin. J’habite à Prévost et je travaille à Boisbriand. J’ai réservé une Ioniq 5 avec la petite batterie, celle de 55 kWh utilisables. Mon trajet est de 40 km aller et 40 km retour. Est-ce que je vais être juste ou ça va aller ? Je pense aux grands froids d’hiver. Qu’en pensez-vous ? Je ne voudrais surtout pas me tromper. »
Je vous avoue que ce genre de lettre me surprend chaque fois. Comment peut-on avoir peur de manquer d’autonomie en faisant 80 kilomètres aller-retour pour se rendre à son travail, alors que le véhicule convoité affiche une portée de 354 km !
En fait, oui, je sais pourquoi. On entend tellement de choses sur les voitures électriques ces temps-ci et particulièrement sur l’autonomie, je comprends qu’il y ait des gens qui se disent : « si je roule vite, s’il fait très froid, si on est 5 dans la voiture et je ne sais quoi encore, mon autonomie peut-elle baisser au-delà des deux tiers ? Je ne veux pas me retrouver en panne, moi ! »
Tout cela n’est donc pas si surprenant, d’autant plus que certaines voitures comme la Ioniq 5 sont offertes avec deux grosseurs de batteries. M. Ladouceur aimerait bien sauver des sous en choisissant la petite batterie, mais il ne veut pas le regretter pour autant.
J’ai répondu à M. Ladouceur et je lui ai dit qu’il pouvait choisir la petite batterie sans problème, mais j’ai décidé aujourd’hui de rassurer tout le monde en expliquant combien d’autonomie ça prend exactement lorsqu’on passe à l’électrique en fonction de la distance que l’on parcourt dans la vie de tous les jours.
La façon de calculer ça est très simple. Admettons que vous avez souvent à faire 100 kilomètres pour vous rendre dans un endroit X et qu’une fois rendue, il y a un endroit pour vous recharger. Votre future voiture électrique doit posséder combien de kilomètres d’autonomie pour être sûr et certain que quoi qu’il advienne, vous ne tomberez jamais en panne ?
C’est facile ! La réponse est 230 kilomètres. Pourquoi 230 km ? C’est qu’on commence toujours par doubler. En effet, de nombreux facteurs diminueront votre autonomie : la température, le vent, le poids, la vitesse (rouler à 120 plutôt qu’à 100 km/h). Donc, pour être sûr qu’on va arriver à bon port, on double ! 100 X 2 = 200 km.
Ensuite, il faut également se garder une petite marge de sécurité. Fiez-vous à mon expérience, il n’est pas agréable d’arriver à destination avec 10 kilomètres restants. C’est stressant. Il est toujours préférable d’arriver avec une trentaine de kilomètres en réserve. On ajoute donc 30 km. 200 + 30 = 230 km.
Ainsi, si quelqu’un me dit qu’il fait souvent 100 kilomètres dans une journée, je ne vais pas lui conseiller d’acheter la Mazda MX30 (161 km d’autonomie) ou la Mini SE (183 km d’autonomie), je vais lui conseiller d’acheter un VÉ avec 230 km d’autonomie et plus.
Pour mon gars de Prévost qui fait 40 km aller-retour pour se rendre à son travail, s’il ne se recharge pas à son travail, ça va lui prendre une voiture possédant au minimum 190 kilomètres d’autonomie (80 X 2 + 30). C’est ce que je lui ai dit.
Et c’est pour ça qu’avec une Ioniq possédant 354 km d’autonomie, c’est bien suffisant !
La seule fois où j’ai répondu à quelqu’un pour lui dire que la voiture qu’il voulait n’aurait pas assez d’autonomie, c’est un gars du Saguenay qui voulait s’acheter une Bolt EUV comme moi. Sauf que le pauvre devait se taper très souvent 204 km de route. Ça pouvait presque fonctionner, sauf que je lui ai conseillé de se procurer une voiture avec davantage d’autonomie.
Car j’ai fait le calcul : 2 X 204 km + 30 km de marge, ça donne 438 kilomètres et la Bolt EUV a 397 km d’autonomie selon les normes de l’EPA. Bref, ça ne marche pas.
Le gars pouvait-il faire un petit arrêt en chemin l’hiver à une borne rapide, question d’ajouter une trentaine de kilomètres au besoin ? Je ne lui ai même pas demandé. Car mon principe est le suivant : se recharger à une borne rapide occasionnellement, il n’y a aucun problème, c’est même un truc amusant à faire. Toutefois, avoir à se recharger en chemin, dans la vie de tous les jours en plein hiver, je ne pense pas que c’est tout le monde qui est prêt à vivre ça.
En tous cas, je ne prends pas de risque. Je ne veux pas que les gens soient déçus et qu’ils se plaignent ensuite à l’émission La Facture ! (Rires !)
Moi, par contre, je l’ai fait plein de fois à l’époque où ma seule voiture électrique était une petite Spark EV 2014 avec 120 km d’autonomie. Ça m’amusait même de passer 5 ou 10 minutes à me recharger (car plus la batterie est petite, plus ça va vite). Mais moi je suis un cas à part, c’est que j’aime TROP les voitures électriques !
Ajout
Si on souhaite garder sa voiture 5, 10 ou 15 ans, est-ce que ça change quelque chose ?
Absolument ! Le risque que votre batterie se dégrade dans les premières années est pratiquement nul. Par contre, après 10 ou 15 ans, ça se peut qu’elle perde entre 10 et 25 % de sa capacité. À garder en tête si vous envisagez conserver votre VÉ très longtemps. Peut-être allonger un peu la marge de sécurité.
Devrait-on toujours prendre la batterie la plus grosse possible en prévision des voyages ?
Pas du tout ! Beaucoup de gens ne possédant pas encore de voiture électrique s’imaginent qu’avec une grosse batterie, on passe beaucoup moins de temps à se recharger en voyage. C’est plus ou moins vrai pour une foule de raisons. Il faut le vivre pour le comprendre. C’est qu’une grosse batterie prend plus de temps à se recharger. Or, je vous dirais que se recharger durant 60 minutes n’est pas si l’fun et que bien des gens préfèrent se recharger deux fois 30 minutes, ou trois fois 20 minutes. Ce qui revient un peu au même en termes de temps, sauf qu’on n’a besoin d’une grosse batterie pour faire ça !