Alors que le marché mondial des véhicules électriques est en pleine effervescence, un nom suscite de plus en plus l’attention au Québec : BYD. Souvent présentée comme “la Tesla chinoise”, cette marque est aujourd’hui le premier constructeur mondial de VÉ en volume, devant Tesla depuis 2023. Mais que valent réellement les voitures BYD sur le plan de la qualité, de la technologie et de l’expérience utilisateur ? Leur arrivée (ou leur absence) sur le marché québécois pourrait-elle bousculer la donne ?
Une ascension fulgurante sur la scène mondiale
BYD, acronyme de “Build Your Dreams”, a connu une trajectoire remarquable depuis sa fondation en 1995 par Wang Chuanfu à Shenzhen. D’abord spécialisée dans la fabrication de batteries, l’entreprise s’est lancée dans l’automobile en 2003 en rachetant Tsinchuan Automobile Company. En 2023, BYD a vendu 3,02 millions de véhicules électrifiés, devenant le dixième constructeur automobile mondial. Au quatrième trimestre 2023, avec 526 000 véhicules tout électriques vendus contre 484 507 pour Tesla, BYD a dépassé pour la première fois le géant américain.
En 2024, BYD a écoulé 4,27 millions de véhicules électrifiés dans le monde, confirmant sa position dominante. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 100 000 ingénieurs et techniciens répartis dans 11 centres de recherche, formant la plus grande équipe R&D du secteur automobile mondial. Cette force d’innovation se traduit par des technologies de pointe comme la batterie Blade au lithium-fer-phosphate, réputée pour sa sécurité exceptionnelle.
Des véhicules qui font leurs preuves
Contrairement aux préjugés sur les produits chinois, les véhicules BYD ont démontré leur qualité lors de tests indépendants. L’ATTO 3 a obtenu la note maximale de 5 étoiles aux tests de sécurité Euro NCAP et a été élu voiture électrique de l’année 2023 au Royaume-Uni. La gamme comprend des modèles variés : la citadine Dolphin Surf à partir de 19 990 euros, le SUV compact ATTO 3, la berline Seal rivalisant directement avec la Tesla Model 3, et même la camionnette hybride Shark dévoilée au Mexique.
Les essais routiers menés par des médias spécialisés européens soulignent plusieurs points forts : des autonomies réelles atteignant 570 km WLTP pour la Seal, des finitions intérieures de qualité, et des technologies avancées comme la plateforme e-Platform 3.0. Les experts notent toutefois que le réseau de service reste à développer et que certains aspects comme la consommation énergétique peuvent être optimisés.
Un parcours semé d’embûches vers le Canada
L’entrée de BYD au Canada s’annonçait prometteuse. En juillet 2024, des lobbyistes représentant la marque s’étaient inscrits aux registres fédéral et ontarien pour préparer son arrivée. Des discussions avec des concessionnaires canadiens étaient en cours, et BYD envisageait même la construction d’une usine de production sur le territoire.
Cependant, le 26 août 2024, le gouvernement canadien a imposé une surtaxe de 100% sur les véhicules électriques importés de Chine, s’alignant sur la politique américaine. Cette décision, effective depuis le 1er octobre 2024, transforme radicalement l’équation économique. Un véhicule BYD vendu 13 000$ US en Chine coûterait plus de 35 000$ CA avec les tarifs, perdant ainsi son avantage concurrentiel face à une Nissan Leaf à 41 748$ CA.
Face à cette situation, BYD a suspendu ses projets d’entrée au Canada en novembre 2024. Les négociations avec les autorités et les partenaires potentiels sont en pause, bien qu’aucune décision définitive n’ait été prise.
Les enjeux pour le marché québécois
L’absence potentielle de BYD sur le marché québécois soulève plusieurs questions. D’un côté, les tarifs protègent l’industrie automobile canadienne et les investissements massifs dans la filière batterie, notamment à Bécancour. De l’autre, ils privent les consommateurs québécois de véhicules électriques potentiellement plus abordables, au moment où la province vise l’interdiction de vente de véhicules neufs à combustion en 2035.
Des concessionnaires québécois ont même exprimé leur intérêt pour la marque, impressionnés par ses installations et ses véhicules vus en Europe. Ils estiment que le Canada devrait démontrer une ouverture face à ce fabricant qui connaît une forte expansion mondiale.
Références
Histoire et données de marché
- BYD Company – Rapports annuels 2023-2024
- S&P Global Mobility – Données mondiales de ventes VÉ
- Agence internationale de l’énergie (AIE) – Projections marché VÉ 2025-2030
Tests et qualité
- Euro NCAP – Tests de sécurité BYD ATTO 3
- L’Argus – Essais BYD Seal et Seal U
- Caradisiac – Tests gamme BYD 2024
- AutoScout24 – Rapports d’essais multiples modèles BYD
Situation canadienne
- Gouvernement du Canada – Décret imposant une surtaxe à la Chine (août 2024)
- Automotive News Canada – Entrée BYD au Canada (juillet 2024)
- Le Devoir – Tarifs douaniers véhicules électriques chinois
- AutoMedia – Suspension projets BYD Canada (novembre 2024)
Réglementation et tarifs
- Ministère des Finances Canada – Surtaxes véhicules électriques chinois
- Les Affaires – Analyse impact tarifs douaniers
- BLG – Programme de remise tarifs douaniers
- La Presse – Notes ministérielles sur protection industrie canadienne