Par Jérôme Lemay.
Chaque année, un rapport intitulé « État de l’énergie au Québec » est produit par la chaire de gestion du secteur de l’énergie (HEC). On y retrouve une masse d’information pertinente et aujourd’hui j’aimerais vous présenter un des graphiques de ce rapport afin de démontrer un fait que bien des gens ignorent : le moteur à essence n’est vraiment, mais vraiment pas efficace !
Voici le graphique en question. On y présente l’ensemble du bilan énergétique du Québec, des sources d’énergie jusqu’à leurs utilisations. Et qu’est-ce qu’on voit ? On voit de l’énergie perdue dans notre système, de l’énergie produisant autre chose que ce que l’on souhaite.
Une information a rapidement attiré mon œil à la lecture d’un de ces rapports : la proportion démesurée de perte d’énergie dans la section des transports. Regardez les chiffres, on parle de 75% de perte. On pourrait se demander pourquoi il y en a autant. La réponse est simple : les véhicules à essence sont plus efficaces pour produire de la chaleur que pour nous faire avancer.
Imaginez, le quart de l’énergie est utilisé pour faire bouger le véhicule et le reste est perdu !
En comparaison, un véhicule électrique à une efficacité qui est de l’ordre des 80%*. Avec lui, l’énergie est utilisée là où on le souhaite, du moins en grande majorité.
C’est également ce qui explique une partie de la « perte » d’autonomie des VÉ en hiver. En fait lorsque l’on chauffe l’habitacle, on ne perd rien, on utilise simplement l’énergie emmagasinée dans la batterie pour cet usage au lieu de faire avancer le véhicule. On peut allouer cette énergie, là où on veut. On y voit une perte à cause de notre façon de penser, façon qui a été influencée par 100 ans de véhicules à combustion.
Il faut comprendre qu’avec un véhicule thermique, on récupère une partie de la perte en chaleur via le liquide de refroidissement du moteur. Donc, avec un véhicule à essence, on perd de l’énergie (de la chaleur) à longueur d’année et on en utilise une partie en hiver pour chauffer l’habitacle !
Pour donner un autre exemple, si on pouvait emmagasiner l’équivalent en énergie électrique que contiennent 50 litres d’essence dans une batterie de véhicule électrique, celui-ci pourrait faire environ 2 300 kilomètres sur une seule charge ! **
Bien sûr, aucune batterie de ce format n’est actuellement commercialisée pour des véhicules personnels, mais l’exemple permet de montrer à quel point la différence d’efficacité est grande. La seule chose qui nous a motivés aussi longtemps à utiliser de l’essence dans nos véhicules (et d’accepter cette perte énorme) est que l’essence contient tout de même beaucoup d’énergie pour son volume. Par contre, moi j’y vois un gaspillage majeur. Nos gouvernements nous parlent d’augmenter l’efficacité énergétique et la voiture à essence est l’exemple parfait de l’INEFFICACITÉ énergétique.
PS
Dans ce texte, je ne fais aucunement mention des avantages environnementaux des véhicules électriques face aux véhicules à essence. C’est voulu. Je sais bien qu’il n’y a pas seulement des gains au niveau de l’efficacité, mais je tenais à souligner à grand trait cette information trop peu diffusée selon moi.
*https://www.fueleconomy.gov/feg/evtech.shtml
**Chiffres utilisés pour le calcul :
Énergie dans un litre d’essence = 33,6 megajoules. (https://en.wikipedia.org/wiki/Gasoline)
Énergie dans 1 kWh = 3,6 megajoules
(https://en.wikipedia.org/wiki/Kilowatt-hour)
Consommation d’énergie véhicule électrique moyen 20 KWh/100 km. Ainsi, 50 x 33,6/3,6/20 x 100 = 2 333 (km).
NDLR
Jérôme Lemay est un lecteur assidu de Roulez Électrique. Parfois il nous propose des articles. Jérôme habite la région de Québec et roule dans une Ford C-Max ENERGI.