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5 bonnes raisons pour le Canada de reconsidérer les surtaxes de 106% sur les véhicules électriques chinois

Depuis le 1er octobre 2024, le Canada impose une surtaxe de 100% sur les véhicules électriques chinois, portant le total à 106% avec les droits existants. Un an plus tard, alors que le gouvernement Carney révise informellement cette mesure et que les ventes de VE s’effondrent, il est temps d’examiner pourquoi une approche plus nuancée pourrait mieux servir les intérêts canadiens.

1. L’accessibilité financière : la clé manquante de la transition électrique

Le fossé de prix est vertigineux. Selon Les Affaires (septembre 2024), BYD offre certains modèles à environ 17 547 $, tandis qu’une Nissan Leaf de base coûte plus de 40 000 $ au Québec. Même le véhicule électrique le plus abordable au Canada, le Chevrolet Equinox EV, démarre à environ 44 000 $ selon Vision Chevrolet.

Cette différence de prix n’est pas anodine. Elle représente la barrière principale à l’adoption massive des VE. Les données de Statistique Canada montrent que les VE ne représentaient que 5,4% des ventes au deuxième trimestre 2025, contre 13,9% au dernier trimestre 2024 – une chute spectaculaire après la fin des subventions fédérales.

La Fédération des chambres de commerce du Québec avait proposé dès août 2024 un compromis intelligent : des tarifs de 40% à 60% plutôt que 106%. Cette approche permettrait de protéger l’industrie locale tout en offrant des options plus abordables aux consommateurs.

2. Les objectifs climatiques 2030-2035 sont en péril

Le Canada s’est engagé à atteindre 100% de ventes de VE d’ici 2035, avec des cibles intermédiaires de 20% en 2026 et 60% en 2030. Or, selon Le Guide de l’auto (juin 2025), les ventes de VE ont chuté de 46% depuis le début de 2025. Le Québec, qui vise 2 millions de VE d’ici 2030, voit son objectif “n’avoir jamais autant été en péril”.

Bloquer l’accès aux VE chinois abordables retarde directement la transition énergétique. Comme le soulignait Les Affaires : “imposer un tarif de 100% risque aussi de retarder la transition énergétique au Canada, qui ne va pas assez vite selon les spécialistes en environnement.”

L’ironie est palpable : nous imposons des tarifs qui freinent l’adoption des VE tout en maintenant des normes VZE obligatoires qui exigent leur adoption massive. Cette contradiction politique nuit à notre crédibilité climatique internationale.

3. L’évolution du contexte géopolitique et commercial

La situation a considérablement évolué depuis octobre 2024. Selon La Presse (septembre 2025), le gouvernement Carney a lancé une révision “informelle” des tarifs, reconnaissant l’intérêt de “nombreuses parties prenantes”. La rencontre entre Mark Carney et Xi Jinping fin octobre 2025 lors du sommet APEC a ouvert la porte à des négociations.

L’Annuel de l’automobile rapportait en octobre 2025 des rumeurs d’un “accord de réciprocité commerciale” où Pékin lèverait ses restrictions sur le canola et le porc canadiens en échange de la suppression des tarifs sur les VE. Avec les tensions commerciales américaines qui s’intensifient, diversifier nos partenariats commerciaux devient une nécessité stratégique.

Ecolo Auto notait en novembre 2025 que le gouvernement mènerait “des discussions informelles préliminaires avec plusieurs constructeurs chinois” pour explorer des pistes de conformité ou d’investissement. Cette approche pragmatique reconnaît que l’isolationnisme commercial n’est plus viable.

4. L’opportunité de coentreprises et d’investissements locaux

Plutôt que de bloquer complètement les VE chinois, pourquoi ne pas exiger des investissements locaux? Sous-traitance industrielle Québec (STIQ) propose une solution élégante : “Si des véhicules électriques chinois étaient fabriqués ici dans des coentreprises, ça pourrait profiter à la fois aux travailleurs canadiens et aux consommateurs”, selon Richard Blanchet, PDG de STIQ.

Cette approche a fait ses preuves ailleurs. Les constructeurs chinois pourraient moderniser les usines laissées vacantes par Stellantis, GM et Ford – voire reprendre l’usine de Northvolt en difficulté. Le Canada dispose de tous les minéraux critiques nécessaires aux batteries (lithium, nickel, cobalt) et pourrait devenir un hub de production nord-américain pour les VE abordables.

L’expertise chinoise en production de masse combinée aux ressources et au savoir-faire canadiens créerait une synergie gagnante, générant des emplois locaux tout en réduisant les prix.

5. L’impact limité sur le marché actuel et le précédent Tesla

Contrairement aux craintes initiales, les marques chinoises ne dominent pas le marché canadien. Le principal impact des tarifs touche ironiquement Tesla, qui importait ses Model 3 et Model Y de Shanghai. Depuis les tarifs, Tesla doit expédier depuis l’Allemagne, augmentant coûts et délais.

Lever ou réduire les tarifs permettrait à Tesla de reprendre ses livraisons depuis Shanghai, redynamisant instantanément le marché. Les Model 3 “made in China” plus abordables redeviendraient disponibles, stimulant la concurrence et l’innovation.

De plus, maintenir des tarifs de 106% alors que l’Europe applique 9% à 36% et que plusieurs États américains contournent leurs propres restrictions crée un désavantage concurrentiel pour les consommateurs canadiens. Nous payons le prix fort pour une protection qui profite davantage aux constructeurs américains qu’à notre propre industrie.

Conclusion : vers un équilibre pragmatique

La révision en cours des tarifs représente une opportunité de corriger le tir. Comme le suggérait la FCCQ, des tarifs modérés de 40-60% offriraient un meilleur équilibre entre protection industrielle et accessibilité. Cette approche permettrait d’atteindre nos objectifs climatiques tout en développant notre filière batterie par des partenariats stratégiques.

Le Canada ne peut pas se permettre de rater le virage électrique par protectionnisme excessif. Avec seulement 480 000 VE en circulation contre un objectif de 5 millions d’ici 2030, nous avons besoin de toutes les solutions disponibles – incluant des véhicules abordables qui rendront la transition accessible à tous les Canadiens.

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