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La démission de Guilbeault : un coup dur pour l’électrification des transports au Canada

Le 27 novembre 2025, Steven Guilbeault a claqué la porte du cabinet Carney. Celui qui fut l’architecte des politiques climatiques canadiennes les plus ambitieuses quitte ses fonctions ministérielles en désaccord profond avec l’entente énergétique conclue entre Ottawa et l’Alberta. Pour l’industrie des véhicules électriques, c’est le signal d’un virage à 180 degrés qui pourrait compromettre des années de progrès.

L’accord de trop : pétrole 1, électrification 0

La goutte qui a fait déborder le vase? Un accord entre Mark Carney et Danielle Smith qui donne le feu vert à un nouvel oléoduc vers la côte ouest, abandonne le plafond d’émissions pour le secteur pétrolier et suspend le Règlement sur l’électricité propre en Alberta. En clair : on mise tout sur les énergies fossiles.

“C’était la goutte de trop”, a confié Guilbeault à l’émission Tout le monde en parle, révélant au passage qu’il n’avait même pas été consulté sur cette entente. “Un moment donné, il faut que tu sois capable de te regarder dans le miroir.”

L’ironie est cruelle : le Canada vient de recevoir le prix “Fossile du jour” à la COP30, décerné aux pays “qui font le plus pour en faire le moins” en matière climatique. Une première depuis 2014.

La norme VZE sacrifiée : l’industrie électrique sous le choc

Parmi les politiques abandonnées ou “sur le point d’être démantelées”, selon les propres mots de Guilbeault, figure la norme VZE (véhicules zéro émission). Cette réglementation, qui devait obliger les constructeurs automobiles à vendre un pourcentage minimum de véhicules électriques, était la pierre angulaire de la transition électrique au Canada.

Sans cette norme :

  • Les constructeurs n’ont plus d’incitatifs à développer leur offre électrique pour le marché canadien
  • Les concessionnaires peuvent continuer à privilégier les véhicules à essence, plus rentables à court terme
  • Les consommateurs perdent l’assurance d’avoir accès à une gamme diversifiée de VÉ
  • Les prix risquent de rester élevés sans l’effet de volume garanti par les quotas

Pour le Québec, qui visait 2 millions de VÉ sur ses routes d’ici 2030, c’est un coup dur. La province devra compter uniquement sur ses propres politiques pour maintenir le cap de l’électrification.

La tarification carbone : autre pilier qui s’effondre

L’abandon de la tarification sur le carbone pour les consommateurs retire un autre levier économique favorisant les VÉ. Cette taxe rendait l’essence plus chère, améliorant naturellement le calcul économique en faveur de l’électrique. Sans elle, avec une essence potentiellement moins chère, l’argument financier pour passer à l’électrique s’affaiblit considérablement.

“Si on est honnête avec les Canadiens et les Canadiennes, on ne peut plus atteindre nos objectifs climatiques de 2030”, a admis Guilbeault, visiblement amer. Rappelons que ces objectifs incluaient une réduction de 40-45% des émissions par rapport à 2005, dont une part importante devait venir du transport.

L’Alberta et la “folie furieuse” anti-renouvelable

Les mots de Guilbeault envers Danielle Smith sont durs : “C’est de la folie furieuse.” Il cite notamment le moratoire albertain sur les énergies renouvelables qui a coûté “5 000 à 10 000 emplois presque du jour au lendemain.”

Cette hostilité de l’Alberta envers tout ce qui n’est pas pétrole affecte directement le secteur des VÉ :

  • Infrastructure de recharge : Sans électricité propre abondante, difficile de justifier l’expansion du réseau
  • Coût de recharge : Une électricité plus chère et plus sale rend le VÉ moins attractif
  • Image publique : L’argument environnemental s’effrite si l’électricité vient du charbon

Le paradoxe Carney : ex-champion du climat devenu allié du pétrole

Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, s’était fait connaître comme champion de la finance verte. Son virage pro-pétrole surprend et déçoit.

“En échange de quoi? Je ne sais pas. Parce que moi, je l’ai regardée, cette entente-là, puis je ne comprends pas pourquoi on a fait ça”, s’interroge Guilbeault. Une question que se posent aussi les acteurs de l’industrie électrique.

Les conséquences pour le Québec et l’industrie

Court terme : incertitude et ralentissement

  • Les investissements dans les infrastructures de recharge pourraient être reportés
  • Les constructeurs pourraient réduire leurs allocations de VÉ pour le Canada
  • Les prix des VÉ risquent de stagner ou augmenter sans pression réglementaire

Moyen terme : le Québec devra faire cavalier seul

  • Renforcement nécessaire des politiques provinciales
  • Pression accrue sur le programme Roulez vert (déjà fragilisé)
  • Besoin d’innovation dans les incitatifs locaux

Long terme : retard technologique

  • Le Canada risque de devenir un marché secondaire pour les VÉ
  • Perte de compétitivité face aux États-Unis (IRA) et l’Europe
  • Fuite des talents et investissements vers des juridictions plus ambitieuses

Un signal désastreux pour les entreprises

Pour les entreprises comme Roulez Électrique qui ont investi dans la transition, c’est un message troublant. Des années de développement d’expertise, d’infrastructure et de relations clients basées sur la promesse d’un avenir électrique se trouvent fragilisées par ce revirement politique.

Les entreprises de flottes commerciales qui planifiaient leur électrification en comptant sur les politiques fédérales devront revoir leurs calculs. Les installateurs de bornes, les concessionnaires qui ont investi dans la formation VÉ, les startups de l’écosystème électrique – tous sont affectés.

L’espoir malgré tout : le marché a déjà basculé

Paradoxalement, alors que le politique recule, le marché avance. Les coûts des batteries continuent de baisser, l’autonomie augmente, et surtout, des pays comme la Chine, la Norvège et même certains États américains prouvent quotidiennement que l’électrification fonctionne.

Le Québec, avec son hydroélectricité propre et abondante, reste particulièrement bien positionné. La province peut devenir un îlot d’électrification en Amérique du Nord, attirant les investissements et l’innovation que le fédéral délaisse.

Le mot de la fin : résister et persévérer

La démission de Guilbeault marque la fin d’une époque où le Canada tentait d’être un leader climatique. Pour l’industrie des VÉ, c’est un rappel brutal que la transition ne sera ni linéaire ni facile.

Il y a quatre ans, M. Guilbeault visitait nos bureaux et nous promettait en primeur l’adoption d’une loi zéro émission fédérale… ette promesse s’est réalisée… pour être aujourd’hui démantelée.

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Mais l’histoire nous enseigne que les grandes transformations technologiques survivent aux aléas politiques. Le charbon n’a pas empêché l’avènement du pétrole. Le pétrole n’empêchera pas l’avènement de l’électrique.

Chez Roulez Électrique, nous continuons de croire que l’avenir est électrique. Non pas parce qu’Ottawa le veut – manifestement, ce n’est plus le cas – mais parce que c’est la technologie supérieure. Plus efficace, plus performante, et ultimement, plus économique.

Le combat sera plus long, plus difficile. Mais au Québec, nous avons tous les atouts pour réussir cette transition, avec ou sans l’aide fédérale. C’est maintenant à nous, entreprises et citoyens, de prendre le relais là où le politique abdique.

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