Depuis qu’on entend dire que ça va mal pour Northvolt, j’entends toutes sortes d’opinions bien personnelles sur le sujet. Dans le genre « je le savais que ça ne marcherait pas » ou « les gens n’en veulent pas de voitures électriques » ou « on voit bien que la technologie de l’avenir, c’est l’hydrogène ! »
Bref, tout le monde affirme un peu n’importe quoi, parce qu’au fond, on ne sait pas trop ce qui se passe. Ça devait être le nouveau fleuron québécois (tout comme les autobus scolaires Lion) et voilà que plus rien ne va. Que se passe-t-il au juste ? Moi qui suis à la retraite et qui a le temps de lire sur le sujet, laissez-moi vous expliquer ça.
Vous allez voir, c’est intéressant… et un peu épeurant.
Supériorité asiatique
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, vous devez comprendre un peu ce qui se passe dans le monde des batteries pour voitures électriques.
En gros et voilà ce qui fait peur : seul l’Asie semble douée là-dedans ! On parle ici de la Corée du sud, du Japon et de la Chine. Surtout de la Chine. Chaque année, on y fabrique des millions de batteries (9 millions en 2023).
Pas étonnant que les constructeurs européens et américains, avec leur faible production de VÉ (du moins jusqu’en 2021) se tournaient vers l’Asie pour s’approvisionner en batteries.
Sauf que là, on produit de plus en plus de VÉ. Alors on se dit : ça n’a pas de bons sens de dépendre comme ça de l’Asie. Il faut faire quelque chose !
Comme on s’y connait peu et que l’Asie est le leader incontesté, dans un premier temps on s’est associé avec eux pour construire des usines chez nous. GM avec LG, Renault avec CATL, Ford avec EcoPro CAM, etc.
Mais là, on arrive à la question à cent mille dollars et ça vaut autant pour l’Europe que pour l’Amérique : ne pourrions-nous pas avoir nos propres usines de batteries bien à nous ? Ne plus dépendre des Asiatiques ?
Et c’est dans ce contexte qu’est né Northvolt. Une compagnie qui n’était ni coréenne, ni japonaise, ni chinoise, mais 100 % européenne.
Vous vous doutez bien que, rapidement, elle est devenue la coqueluche des Occidentaux. On voulait tous des usines Northvolt : en Europe, aux États-Unis et… bien sûr au Québec.
Alors pourquoi ça va mal aujourd’hui ?
C’est bête à dire et notre orgueil d’Occidentaux en prend un coup : Northvolt n’arrive pas à produire ses batteries aussi efficacement que les Asiatiques. Ils ont de nombreux problèmes…
C’est plate de même ! L’Occident n’est pas capable pour l’instant de battre l’Asie, ni même de l’égaler. Car c’est bien beau de construire des usines de batteries et d’accepter les commandes des constructeurs automobiles, il faut aussi livrer la marchandise !
Quand un constructeur passe une commande à Northvolt pour équiper un modèle qui sera fabriqué à 50 000 ou 100 000 exemplaires, il faut que ça roule ! Il faut qu’une fois la chaîne de montage démarrée, les batteries arrivent à temps ! Sinon, on va voir ailleurs.
Et c’est ce s’est passé avec BMW au printemps dernier. Le constructeur a annulé une entente de 2,1 milliards d’euros avec Northvolt parce que les batteries n’arrivaient pas à temps. Et ç’a été le début de la perte de confiance…
On était certain au départ que Northvolt allait réussir à concurrencer les usines asiatiques, mais dès qu’on a vu que ce n’était pas le cas, la confiance des investisseurs s’est mise à fondre comme neige au soleil…
Northvolt va-t-il réussir à régler ses problèmes de production ? Je l’espère et je leur souhaite, car ça nous prend des compagnies de batteries non-asiatiques ! Perdre la bataille des batteries pourrait nous rendre très vulnérables face à l’Asie et à la Chine en particulier.
L’offre et la demande
L’autre aspect qui fait mal à Northvolt est que depuis qu’il y a eu un ralentissement dans les ventes de véhicules électriques l’an dernier, il est très difficile de savoir ce qui va se passer dans 5 ans.
Vous vous doutez bien que, si on estime la production à 2 ou 10 millions de VÉ par année en Amérique du Nord en 2030, ça change tout ! Et actuellement, on ne sait pas trop ce qui va se passer…
Est-ce que la transition vers l’électrique va se faire rapidement, lentement ? À quel point Northvolt va devenir un incontournable dans les années à venir ? La seule réponse adéquate par les temps qui courent est qu’on y verra un peu plus clair dans un an ou deux.
Chose certaine, les perspectives restent encourageantes pour l’industrie des VÉ. Tous les spécialistes le disent. Voilà pourquoi, moi je reste optimiste face à l’avenir de la filière batterie au Québec.
Sources :
1. https://www.ledevoir.com/economie/820420/passe-il-northvolt
2. https://www.ledevoir.com/economie/820474/analyse-difficultes-northvolt-ont-rien-bien-original
3. https://techcrunch-com.translate.goog/2024/07/20/tracking-the-ev-battery-factory-construction-boom-across-north-america/?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=rq#:~:text=General%20Motors,fund%20its%20battery%20factory%20projects
4. https://www.automobile-propre.com/articles/bmw-annule-une-enorme-commande-de-batteries-aupres-de-northvolt-et-se-rabat-sur-samsung/