J’ai un ami qui roule en électrique comme moi et qui possède un chalet à Entrelacs dans Lanaudière. Il m’a écrit l’autre jour : viens me voir au chalet Daniel ! Mon frère a pris possession de sa nouvelle BMW électrique et il est ici pour quelques jours.
Les Larivière possèdent trois chalets au bord du lac des Îles à Entrelacs depuis trois générations. Il y a mon ami Jean, son frère Gilles et leur défunt père Jean-Marie. La maison du père sera bientôt démolie, ce qui agrandira le terrain de mon ami Jean.
Le lendemain, je suis allé les voir et j’ai réalisé que le Circuit Électrique (Hydro-Québec) n’est peut-être pas prêt à accueillir adéquatement cette seconde vague d’acheteurs de VÉ. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.
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Gilles avait l’air content de son achat quand je l’ai rencontré au chalet de mon ami Jean, sauf que rapidement il m’a dit : « C’est quoi cette histoire de carte du Circuit Électrique qu’il faut recevoir par la poste pour se recharger aux bornes rapides ? C’est ce que j’ai appris hier ! Avec une auto à essence, n’importe qui peut faire le plein n’importe où avec une carte de crédit. Pourquoi est-ce différent avec les voitures électriques ? »
Okay, j’aurais pu lui dire qu’il aurait pu commander sa carte à l’avance, mais vous savez ce que c’est ; tant qu’on a pas une électrique dans son entrée de garage, toute cette histoire de recharge demeure un peu floue. Ensuite, on est allé chez Gilles voir sa voiture. Belle bagnole ! Elle était en train de se recharger sur le 120 volts avec la petite borne qui vient avec la voiture.
Jusqu’à la dernière minute, Gilles a beaucoup hésité entre une BMW à essence et une BMW électrique. J’imagine que bien des Québécois vivent la même situation présentement à l’approche du 31 décembre.
Gilles a finalement choisi l’électrique (il y en avait une en stock), mais aussi la location : « Si j’aime pas ça je retourne à l’essence dans quatre ans et si j’aime ça, je l’achète ! »
— Tu vas aimer ça, Gilles, ne t’inquiète pas, ai-je rétorqué.
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Tous les trois avons fait le tour de sa voiture. La ligne de la i4 est vraiment belle. Et j’en revenais pas, elle a 484 km d’autonomie ! On s’est assis les trois à l’intérieur. Pour revenir à la carte du Circuit Électrique, j’ai aussi dit à Gilles qu’il était possible de se recharger en utilisant son téléphone cellulaire.
«Oui, je suis allé sur l’application, mais je ne comprends pas ce que je vais devoir faire. C’est pas clair, je trouve… »
Gilles a fait apparaitre le Circuit Électrique sur son cellulaire pour me montrer que ça ne marchait pas. J’ai réalisé que Gilles me montrait le Circuit Électrique à partir de son navigateur Safari et non à partir de l’application du Circuit Électrique.
Gilles est-il à l’aise avec l’informatique ? Je n’en sais rien, je ne le connais pas assez. Le frère de mon ami est un pompier à la retraite spécialisé dans les aéroports. Il est dans la soixantaine comme moi. C’est en examinant son cellulaire que j’ai réalisé que ce n’est pas si simple au fond. Être capable de faire la distinction entre être sur le Circuit Électrique via son navigateur ou via l’application mobile, ce n’est pas évident pour tout le monde.
« Oui, je suis au courant de tout cela, m’a dit Gilles. J’ai fait ce qu’ils m’ont dit, mais l’application n’est nulle part ! » On a cherché dans son cell. On a refait l’opération. Finalement, c’est quand son téléphone lui demandait d’approuver le téléchargement en cliquant deux fois sur le bouton droit que Gilles ne le faisait pas assez rapidement. Je l’ai fait de la bonne façon et, finalement, ça a marché. L’icône du Circuit Électrique est apparue dans son téléphone.
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J’imagine que les plus jeunes doivent rire en imaginant trois sexagénaires dans une BMW i4 flambant neuve à l’arrêt en train d’essayer de télécharger l’application mobile du Circuit Électrique !
N’empêche, des milliers de sexagénaires vont passer à l’électrique d’ici 2030, il faut donc absolument que ces futurs électromobilistes puissent se recharger sur la route aussi facilement que dans les stations d’essence. Présentement, même avec un cellulaire bien configuré, ce n’est pas toujours facile. J’ai moi-même déjà éprouvé des difficultés.
Avant de retourner au chalet de Jean, Gilles m’a demandé si je voulais conduire sa i4. J’ai dit : « Oui, bien sûr ! Je n’ai jamais essayé ce modèle. Je connais seulement la i3. » Gilles m’a passé le volant.
J’ai roulé sur le chemin d’Entrelacs, puis sur la route des Ombres jusqu’à l’autoroute 125, question de vérifier un peu la puissance. Aille ! Ça marche une BMW i4 ! Surtout en mode sport. Ça te colle au siège quand t’accélères. Les écrans deviennent rouges. Il y a un son sport qui s’ajoute pour davantage de feeling. Oh boy !
J’avais beau être dans une électrique, on était pas loin des séries 3 traditionnelles à essence que j’ai essayées dans ma vie. Les gènes BMW sont restés là, malgré le passage à l’électrique. Les amoureux de la marque ne seront pas déçus.
Une fois de retour chez Jean, en plus de parler des récriminations de Gilles, on s’est dit que le Circuit Électrique devrait faire de la publicité à la télévision pour faire découvrir aux gens ses stations de recharge. Oui, oui, les montrer, les filmer ! Les gens ne connaissent pas leur existence ! Jean ne comprend pas non plus pourquoi il n’y a pas comme en Europe des abris pour la pluie.
Je suis retourné chez moi après un lunch chez Jean en me disant que je devrais peut-être faire une chronique là-dessus. Plus de visibilité, plus d’abris et des paiements simplifiés pour les utilisateurs moins habiles avec l’informatique. Eh bien voilà, c’est fait !