J’avoue que lorsque j’écris mes chroniques électriques, dans mon esprit, je m’adresse toujours aux gens qui ont la possibilité de se recharger à la maison.
Sachant qu’il est difficile de convaincre les gens de passer à l’électrique (même ceux qui vivent en banlieue et qui bénéficient d’une entrée de garage), j’ose même pas essayer de convaincre les gens qui vivent en logement en ville sans possibilité d’avoir une borne de recharge.
Alors qu’elle ne fut pas ma surprise un soir d’été quand la blonde de mon plus jeune fils m’a annoncé lors d’un souper que son père venait de s’acheter une Hyundai Kona 100% électrique. Elle m’a montré cette photo sur son téléphone…
Je savais que son frère possédait une Leaf, son père était donc un peu sensibilisé aux voitures électriques, mais sachant qu’il vivait en logement à Montréal, ça m’a plutôt étonné.
« J’imagine qu’il peut se recharger à son travail ? » ai-je dit à ma belle-fille.
— Même pas ! Il ne peut ni se recharger à la maison, ni au travail. Mais ça ne le dérange pas. Il se débrouille avec les bornes publiques du Circuit Électrique et il est super content.
Aille ! Vous vous doutez bien qu’à partir de ce moment-là, j’ai voulu rencontrer Michel Tardif et écrire une chronique à son sujet !
Rencontre à Val-David
C’était la deuxième fois que je rencontrais son père. Le rendez-vous a eu lieu dans le nouveau chalet de mon garçon au bord du lac Doré. L’histoire de Michel Tardif est assez amusante. Tout a commencé lorsque son fils s’est acheté une deuxième voiture électrique. Michel avait déjà conduit son premier VÉ (une Leaf 2016 d’occasion achetée un an plus tôt). Il avait adoré l’expérience, mais il se disait qu’avec 175 km d’autonomie, c’était impensable pour lui.
Et puis, les yeux à Michel se sont mis à briller : « Mais lorsque j’ai essayé son tout nouveau Kona EV en juillet dernier et qu’il m’a dit combien d’autonomie il avait (415 km), alors là j’ai commencé à me dire que ça pourrait être possible. »
Et en plus, Michel a appris que le concessionnaire de son fils avait encore trois autres Kona électrique prêts à être livrés. Il s’agissait des derniers modèles 2021 disponibles.
« J’ai commencé alors à faire mes calculs, puis je suis allé voir le concessionnaire en question. Il reprenait mon Honda CR-V à traction intégrale. On a regardé ça. Imagine Daniel, avec les subventions incluses, les mensualités me revenaient moins cher qu’avec mon CR-V et je n’avais plus à payer d’essence ! J’ai signé. »
Michel voulait un Kona Prefered comme son fils, mais pas de la même couleur bien entendu. Sauf que sur les trois modèles restants, un était un démo, il n’en voulait pas, l’autre était le modèle Ultimate, trop cher. Finalement il s’est retrouvé quelques jours plus tard propriétaire d’un Kona rouge, exactement de la même couleur que son fils !
Des économies substantielles
Pourquoi avoir abandonné son CR-V à essence ? Michel m’a expliqué que sa raison principale était sa fierté de faire un geste concret pour l’environnement, mais aussi pour les économies qu’il pouvait réaliser.
« Moi j’habite dans le nord de Montréal et je travaille à Saint-Jean-sur-Richelieu. Je pars donc à 5 heures tous les matins et je fais 55 km pour me rendre à mon travail. Ça me fait donc 110 km par jour. Avec mon CR-V, ça me coûtait 70 $ d’essence par semaine. Depuis que j’ai mon Kona, j’ai tout calculé, ça me coûte 15 $ par semaine. Je sauve donc 2 700 $ par année ! Imagine, je vais sauver 27 000 $ en dix ans ! »
Mais comment tu t’organises pour les recharges ?, ai-je dit.
« Avec le kilométrage que je fais, j’ai besoin de deux recharges par semaine. Ainsi, durant le week-end, je m’organise pour faire une première recharge sur une borne publique 240 volts. Il y en a une à 150 mètres de chez moi. »
« Ensuite, durant la semaine, le jeudi habituellement, je m’arrête à une borne rapide située sur mon trajet. J’ai choisi la borne située au Saint-Hubert BBQ de Brossard. C’est à deux pas de l’autoroute. Il y a deux bornes à cet endroit et elles sont toujours libres. Faut dire qu’il est très tôt quand j’arrive, autour de 5h20. Je reste là environ 30 minutes. J’en profite pour regarder l’actualité sur mon cell. »
Est-ce que tu crains un peu l’hiver avec ton Kona ?
« Pas du tout ! Ça m’inquiète pas une miette ! Je sais que mon autonomie va descendre en hiver. La seule chose qui va changer, c’est que je vais sans doute me recharger deux fois par semaine à la BRCC de Brossard plutôt qu’une. Par contre, j’avoue que j’aimais bien la traction intégrale de mon CR-V l’hiver. Mais bon, j’ai passé ma vie avec des voitures deux roues motrices, je ne vais pas en mourir ! »
Michel a raison, d’autant plus que la traction est meilleure avec une voiture électrique à cause du poids de la batterie.
Conclusion
J’ai demandé à Michel ce qu’il aimerait dire pour conclure cette entrevue. Il m’a répondu « eh bien j’aimerais dire à tous les lecteurs de Roulez Électrique que j’adore ma nouvelle voiture électrique et qu’après seulement 12 semaines, je peux affirmer que plus jamais je reviendrai à une voiture à essence ! »
Et moi j’ajouterais que si Michel est satisfait même sans borne de recharge à la maison, imaginez à quel point la transition sera facile pour tous ceux qui ont la possibilité d’installer une borne de recharge à leur domicile. Et sachez que les économies sont encore meilleures dans ce cas-ci, car l’électricité chez soi est beaucoup moins chère qu’avec le Circuit Électrique !
Nous sommes sortis dehors. Bonne nouvelle en terminant : Michel m’a dit que son patron lui a dit qu’il allait probablement faire installer dans un avenir rapproché des bornes de recharge dans le stationnement de l’entreprise. L’achat du Kona électrique de Michel a-t-il influencé le patron ? Peut-être !
Voilà donc un bel exemple de quelqu’un qui fait bouger les choses… à sa façon.
Michel Tardif en compagnie de notre chroniqueur Daniel Jasmin. Photos : Mel.