C’est demain que sera dévoilé le second budget fédéral du gouvernement Trudeau.
Je propose que nous y réfléchissions quelque peu auparavant.
- Fin des subventions ET de l’exploitation des énergies fossiles :
Il l’avait promis en campagne électorale, il doit maintenant tenir sa promesse. En effet, les subventions et crédits d’impôt pour les entreprises oeuvrant dans le domaine des hydrocarbures s’élevaient à environ $3,3 milliards en 2015. Or, l’Agence Internationale de l’Énergie vient tout juste de publier un rapport1 plaidant pour l’arrêt complet de l’exploitation pétrolière des sables bitumineux et de l’arctique ainsi qu’une diminution de notre consommation de pétrole de 50% d’ici 2050 si nous ne voulons pas courir à la catastrophe en matière de changements climatiques.
Sauf que le premier ministre Trudeau a dit à peu près exactement le contraire il y a quelques jours à peine au Texas où il a reçu un prix pour son « leadership » en environnement… de la part de compagnies pétrolières.2
En effet, devant eux il a dit ce qui suit :
« No country would find 173 billion barrels of oil in the ground and leave them there »
Qu’on peut traduire par :
« Aucun pays ne trouverait 173 milliards de barils de pétrole dans son sous-sol et les laisserait là »
Autrement dit, on oublie les cibles de réduction de GES, on oublie les impacts néfastes pour les Canadiens et la planète. Tout ce qui importe, c’est de creuser toujours plus de trous pour exploiter toujours plus de pétrole.
Imaginez ce que nous pourrions faire si seulement 50% de ces $3,3 milliards allaient en électrification des transports ? On parlerait alors de $1,65 milliards dont près de $400 millions (au prorata de la population) annuellement pour le Québec… pendant que le budget du gouvernement Couillard en électrification des transports en de $420 millions… en 5 ans !
On va donc suivre de près ce budget pour voir s’il tiendra parole en ce qui a trait à ces subventions.
- Appuyer l’achat et la location de véhicules électriques
Contrairement à la très grande majorité des pays industrialisés de la planète qui appuient d’une manière ou d’une autre le passage aux véhicules électriques, le Canada fait bande à part.
En effet, pendant que les gouvernements centraux de France, d’Angleterre, de Suède, des USA, de la Norvège, d’Allemagne, d’Italie, d’Estonie, de Chine, d’Inde, du Japon, de la Corée du Sud, de la Colombie et tutti quanti offrent diverses formes d’appuis financiers aux acheteurs de véhicules partiellement ou entièrement électriques, le gouvernement du Canada n’offre rien, zéro, nada.
Le fardeau financier repose donc à 100% sur les provinces et à date, seuls le Québec, B.C et l’Ontario offrent des rabais.
En fait, le seul moment où le Canada a (brièvement) offert des rabais à l’achat de tels véhicules fut sous le gouvernement Harper en 2007-2008. Ce qui démontre que si un gouvernement Conservateur a pu le faire, un gouvernement prétendument pro-technologies vertes comme celui de Justin Trudeau pourrait en faire au moins autant.
- Réformer le programme FISA (Fonds d’Innovation du Secteur Automobile)
Ce programme fédéral qui a appuyé financièrement des entreprises du secteur automobile à hauteur de $425 millions depuis 2009 a été récemment revu afin que cette aide puisse maintenant être offerte sous forme de subvention. On parle ici d’un montant supplémentaire de $500 millions. Or, 100% de cet argent a été « investi » à ce jour dans des entreprises basées en Ontario.
Donc, 0% de cet argent a été octroyé à des entreprises basées au Québec qui oeuvrent d’une manière ou d’une autre en électrification des transports… alors que les objectifs de ce programme4 sont de :
a) Bâtir la capacité de recherche-développement (R-D) dans le secteur de l’automobile au Canada et protéger les emplois axés sur le savoir grâce à l’essor d’une industrie automobile vigoureuse
b) Élargir les plans d’action du gouvernement pour les sciences et la technologie (S-T) et l’environnement
c) Favoriser le développement et la mise en application de technologies et de procédés innovateurs et axés sur l’efficacité énergétique
d) Favoriser les retombées économiques à long terme pour le Canada, notamment la création et le maintien de nombreux emplois
e) Servir de catalyseur pour encourager le secteur privé à effectuer davantage d’investissements pour stimuler la compétitivité du Canada, y compris des investissements dans l’équipement et les procédés de fabrication et dans les technologies de fabrication de la prochaine génération
Il faut donc changer les critères d’admissibilité afin que ce programme soit accessible aux PME et aux grandes entreprises du Québec. Il n’y a pas de raison qu’un tel programme ne soit accessible qu’à de grandes entreprises voire des multinationales situées en Ontario.
- Développer des infrastructures de recharge PARTOUT au Canada
Alors que des appuis financiers ont été annoncés par le gouvernement fédéral pour le déploiement d’infrastructures de recharge à B.C.5 et en Ontario, aucun montant n’a été annoncé de la part du gouvernement fédéral pour le déploiement de bornes de recharge au Québec. En tant que contribuables payant aussi des taxes et des impôts au gouvernement fédéral, il me semblerait équitable que le Québec ait sa juste part… d’autant plus que c’est au Québec qu’on retrouve environ 50% des VÉ du Canada.
C’est donc à suivre.
1:http://www.irena.org/DocumentDownloads/Publications/Perspectives_for_the_Energy_Transition_2017.pdf
2 : http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1021240/trudeau-recompense-par-les-petrolieres
3 : http://www.cbc.ca/news/world/trudeau-no-country-would-find-173-billion-barrels-of-oil-in-the-ground-and-leave-them-there-1.4019321
4 : https://www.ic.gc.ca/eic/site/auto-auto.nsf/fra/am02258.html
5 : http://pluginbc.ca/new-colwood-electric-vehicle-fast-charger/
6 : http://business.financialpost.com/news/retail-marketing/ottawa-helps-fund-electric-vehicle-charging-stations-for-25-ontario-canadian-tire-locations