Ma Tesla P85 2013 vient de passer 65000 km parcourus. Ce n’est pas autant que celle de Sylvain Juteau, qui dépasse allègrement les 200 000 km, mais c’est quand même significatif!
Ainsi, je remarquais que mes freins arrière, originaux d’usine, commençaient à avoir de la rouille apparente. Pour des freins de véhicule thermique, ils seraient pratiquement finis, mais pour un véhicule électrique, l’usure des plaquettes de freins est très faible, de l’ordre de moins de 10%.
Il était donc temps de faire un entretien de nettoyage! Je vous en donne ici le récit détaillé.
La première étape, c’est de soulever la roue sur laquelle on veut travailler. Il faut faire attention: on ne doit pas s’appuyer sur le bloc batterie du véhicule. Beaucoup de garagistes ne connaissent pas cette particularité des Tesla! Pour utiliser un vérin, il faut l’appuyer sous l’un des 4 blocs prévus à cet effet et placé près des puits de roue. J’ai aussi ajouté un petit bout de bois, pour répartir la force d’appui du vérin sur une plus grande surface du bloc d’appui.
Il est aussi important de bloquer les roues avant avec des bouts de bois ou des briques, car pour travailler sur les roues arrière, il faut désactiver l’étrier des freins de stationnement! L’auto serait alors en roue libre et pourrait se déplacer seule si elle n’est pas immobilisée! Dans le menu de Tesla, on va dans Controles – service – et on active le “Tow mode”.
On soulève la roue arrière et on peut dévisser les 5 écrous de roue. J’aime utiliser une clé à impact électrique pour ce faire. Cela rend la tâche facile et rapide.
On enlève ensuite la roue et on la met de coté. Attention de ne pas la laisser tomber le côté fini sur l’asphalte, cela l’égratignerait! On peut en profiter pour en laver l’intérieur de la poussière de route avec une guenille et de l’eau savonneuse.
Avant d’enlever les étriers, il faut retirer la vis Torx T-45 qui retient le disque vers le moyeu de roue. Pour éviter que le rotor ne tourne pendant qu’on dévisse, il faut placer un tournevis dans les trous d’aération du rotor. Lors de la fabrication, Tesla a mis un composé de grippage sur les filets de la vis. Il faut donc travailler doucement et ne pas trop forcer pour ne pas risquer de casser la vis en place. J’ai dévissé sur 2-3 tours , mis du WD-40 et revissé. Cela a dissous le compossé de grippage et a permis de retirer la vis facilement.
Il faut ensuite enlever les 2 étriers. J’ai commencé avec l’étrier de stationnement. Cet étrier est fixé par 2 boulons de 5/8 avec du composé de grippage sur les filets. Une clé de 5/8 a été utilisée, avec une seconde clé utilisée pour en allonger le bras de levier.
Les plaquettes de l’étrier de stationnement étaient libres de bouger et permettaient de ne pas faire de friction parasite sur le disque. L’extérieur de cet étrier de marque Brembo (fait en Italie) commençait par contre à montrer des signes de salissures sur les parties peu visibles et la coquille du moteur électrique (cet étrier est actionné par un moteur électrique 12V pour appliquer la pression de freinage.) Pour protéger le tout, j’ai retiré les plaquettes, nettoyé avec une guenille humide et savonneuse l’étrier et j’ai appliqué un vernis transparent sur les surfaces internes de l’étrier, et la coquille du moteur.
Il faut ensuite enlever l’étrier de freinage. Il est tenu en place par 2 boulon de 19mm. On dévisse ces boulons et on peut alors facilement retirer l’étrier. En le retirant, il est souhaitable de ne pas le laisser pendre de son poids après le tuyau hydraulique flexible. J’ai mis un bout de bois au sol et déposé l’étrier dessus. Il faut éviter de défaire le tuyau hydraulique, si on ne souhaite pas devoir purger d’air les conduites de freins.
Le disque devrait s’enlever assez facilement. Il est possible qu’il soit un peu coincé dans la rouille. Pour décoincer, NE PAS TAPER AU MARTEAU sur le disque!!! Cela ferait des marques sur le disque et provoqueraient des vibrations lors des freinages. Pour décoincer, j’ai simplement tapé sur le bord du disque avec mon soulier.
Une fois le disque enlevé, il faut alors enlever la rouille de surface. Le meilleur outil pour ce faire est une brosse métallique montée sur un touret d’établi. Pour les petits coins, une plus petite brosse montée sur une perceuse fait l’affaire. Il faut compter une bonne demi-heure pour tout nettoyer un disque, incluant les rebords externes. L’avantage des brosses métalliques est qu’elles ne peuvent gruger le métal sain, juste la couche de rouille et de saleté. On peut voir l’état au début de l’opération:
Et à la fin:Comme vous le savez, l’acier à l’air libre va rouiller. Pour éviter la rouille, il faut empêcher le contact de l’oxygène avec le métal. La peinture a justement la propriété de mettre une barrière étanche à l’air sur le métal. Le meilleur produit est une peinture supportant les températures élevées. J’ai choisi une couleur “aluminium” qui donne une couleur de métal naturel au disque. Pour la peinture, le plus facile est de mettre la surface du disque la plus éloignée sur une surface propre et de peinturer la portion creuse, ainsi que l’espace pour la ventilation. On laisse sécher puis on retourne le disque de côté pour peinturer la portion surélevée et encore une fois l’espace de ventilation.
Pendant que le disque sèche, on peut passer la brosse métallique sur le moyeu de roue. Voici le “avant”:
et le “après”:
La tôle d’aluminium qui sert à protéger les freins contre les éclaboussures se fait typiquement affecter par les particules de freins. C’est une bonne idée de la nettoyer et de la peinturer avec la même peinture de couleur aluminium que le disque et le moyeu de roue.
Pour enlever les plaquettes de freins, on doit pousser avec un poinçon et un marteau sur les 2 pins en acier inoxydable qui les retiennent. Une fois les plaquettes enlevées, on en nettoie les parties en acier avec la brosse métallique et on repeint. Pour éviter d’envoyer de la peinture sur la surface de friction, on place ces surfaces appuyées sur une surface qui sera ensuite vaporisée. Une peinture noire haute température a été utilisée.
À l’intérieur de l’étrier de stationnement, il faut aussi nettoyer les surface d’appui, pour être certain que les plaquettes ne se coincent pas. Une petite lime passée délicatement va retirer toute corrosion ou saleté en place. J’ai également nettoyé l’intérieur de l’étrier et ensuite vaporisé une couche de vernis transparente. Une fois séché, j’ai mis une petite quantité de composé d’anti grippage comme précaution supplémentaire.
J’ai appliqué les mêmes étapes sur l’étrier de freinage: retrait des pins d’acier inoxydable avec un poinçon, nettoyage des surfaces d’appui des plaquettes, couche de vernis transparent, film du composé antigrippage sur les surfaces d’appui.
Il est toujours intéressant d’avoir un peu d’aide, pendant ce travail! Ici, Camille me donne un coup de main à serrer les boulons de l’étrier de stationnement.
Le meilleur truc pour réassembler, c’est de mettre l’étrier de stationnement en place, avec les deux boulons partiellement serrés. On insère alors une plaquette, et on y fait passer une des 2 pins d’acier inoxydable. Puis on place l’autre plaquette et on continue de pousser la pin. On la pousse en place avec un petit marteau. On peut alors mettre la plaque à ressort, qui empêche les bruits de vibration, puis placer la seconde pin. Serrer à fond les 2 boulons de fixation de l’étrier.
Pour l’étrier de freinage, c’est la même tactique: on place l’étrier en place, puis une plaquette et une pin. On ajoute la seconde plaquette et on finit de pousser la pin jusqu’au fond. Il reste à placer la plaque à ressort, pousser sur le bout de la plaque pendant qu’on insère la seconde pin qu’on pousse jusqu’au fond.
On remonte la roue et on peut prendre la route! Pour les petites éclaboussures de peinture, elles vont disparaître rapidement par l’effet de friction des plaquettes de freins. Toutes les autres surfaces vont elles rester protégées.
Ainsi, après 65000 km parcourus, mes freins ont retrouvé l’apparence de neufs. La protection contre la corrosion des freins est un des éléments importants de l’entretien. C’est une tâche prenant au total quelques heures, mais qui permet de conserver l’esthétique et la valeur de ces voitures exceptionnelles, tout en évitant de remplacer les freins avant une bonne dizaine d’années!